Le 28 novembre 2015
Les montagnes du Hajar au sud-est d’Oman tombent abruptement dans la mer d’Oman, les pluies torrentielles y ayant taillé une succession de canyons presque parallèles, avec notamment du nord au sud ceux de Ta’ab, Shab et Tiwi, qui comportent des encaissements très marqués, profonds, longs de plusieurs kilomètres et toujours en eau, un rêve de canyoneur au milieu des déserts arabiques ! Après une mise en bouche la veille dans le Wadi Shab et une nuit en bivouac au sommet de la piste d’approche on s’attaquera ce jour au canyon de Ta’ab, réputé technique et long, munis d’un bon topo trouvé sur Internet (dont on croisera d’ailleurs l’auteur par hasard quelques jours plus tard dans le canyon de Tiwi !) d’un non moins beau blog : www.https://climbing7.wordpress.com
On sera guidés par un habitant d’un des hameaux de bergers du coin vers le point de départ du canyon : le magnifique village abandonné de Ta'ab et ses habitations troglodytes dominant une splendide palmeraie encore exploitée. Quelques minutes de marche à travers le labyrinthe des falaj (canaux d’irrigation à Oman, peu à peu remplacés par les tuyaux en caoutchouc…) mènent à des vasques boueuses entrecoupées de désescalades malcommodes ou rappels sur maigres lunules. Un rappel enfin équipé de 50 mètres envoie dans une vasque vide uniformément couverte d’une couche de 10 cm de boue, dont on s’extrait par 5 mètres d’une escalade très délicate sur bloc poli et boueux. De vieilles cordes fixes facilitent ce passage, mais il convient de s’en méfier vu leur état très dégradé ; on en fera d’ailleurs les frais avec une mauvaise chute au sol et sur la tête qui rappellera si besoin était l’importance du casque !
Un autre rappel de 35 mètres mène enfin dans la première vasque aux eaux vertes, un grand bief de toute beauté perdu au milieu des parois de calcaire zébrées de grès. La suite reste magnifique tout du long de son kilomètre de développée en alternant biefs et petits rappels, dans un cadre atypique et varié fait de cascades de tuf parfois concrétionnées, placages de grès ou de conglomérat et rubans ou taches de verdure, un festival de formes et de couleurs modelées par les eaux en plein désert. Après ce parcours soutenu et donc relativement long on atteint un dernier bief taillé dans les falaises blanc chantilly avant de quitter le canyon rive gauche puis remonter en escalade facile par un itinéraire bien balisé de spits.
Au final un beau canyon technique, sans doute parmi les plus beaux d'Oman de par son encaissement extrême et la variété de ses formations géologiques, encore un cran au-dessus par exemple du Snake canyon plus au nord.