Quelques temps forts de l’année nature 2015, avec plus que jamais le plaisir des yeux et de la découverte qui ont ont primé sur la course à l'échalote de la performance, des chiffres et des lettres. Priorité donc à l'exploration, l'esthétisme et l'éclectisme ! Ci-dessous mes meilleurs souvenirs 2015 de randonnée à skis, à pieds, en chaussons, en tuba, en kayak, sur neige, glace ou caillou, sur terre ou sous terre, sur l'eau ou sous l'eau...
La saison de ski de rando commence dès novembre et en beauté par 2 sorties autour du brec de Rubren dans l’Ubaye puis du refuge de Nice dans le Mercantour, avec notamment un tour du Clapier fameux par son décor, sa neige ou sa descente de la baisse du Basto rosie aux derniers rayons :
Faute de bonnes conditions de ski début 2015 l’année commencera sur les chaussons avec la nouvelle voie de « la promesse des profondeurs » à Castelvieil et sa fantastique quatrième longueur aux confins de l’escalade et de la spéléologie dans une cheminée presque fermée puis son relais suspendu sur pont de calcaire. On retrouvera la même ambiance atypique dans le secteur Pas de Chèvre du cap Canaille, sur la voie « Intermouette», aux cotations bien intimidantes pour un grimpeur de petit 6, mais à l’ambiance magnifique sur un deux-feuilles de calcaire et grès aux formes et couleurs baroques, avec plusieurs passages totalement déversants sur (ou plutôt sous ?) plafonds de grottes ! Une des plus belles ambiances des soubeyrannes à mon avis, même si la voie, peu parcourue, crisse beaucoup sous les chaussons et les doigts :
On se reposera ensuite les avant-bras mais conservera la vue mer lors d’un premier voyage à skis sur les Alpes Apuanes en Toscane littorale, avec une mémorable session de ski sur le mont Sagro au-dessus des carrières de marbre de Carrare et du golfe de Gênes qui brille sous les spatules :
Seconde partie de voyage plus classique en rayonnant autour de Saint-Dalmas le Selvage, dominée par du bon ski de couloir dans la raie des fesses, enfin parcourue ([sic]) intégralement au second essai…
Au niveau des conditions, la saison de ski ne finira pas mieux qu’elle a commencé en France, même si on la sauvera par quelques très belles sorties, un couloir nord du Cheval Blanc taillé pour le ski à la journée, un mini-raid dans la wilderness des Préalpes Dignoises autour de la cabane troglodyte de Boules, avec là encore plus de chamois rencontrés que de skieurs, ou une virée en solo vers le splendide amphithéâtre naturel de la brèche vanoise de Portetta, aux allures patagoniennes en avril :
A noter surtout une découverte à skis de la crête des Veyres vers la Font Sancte, randonnée parmi les plus belles des Alpes où l’on évolue au gré de couloirs suspendus et de nombreux peautages/dépeautages dans un paysage splendide fait de parois de calcaire et d’arêtes crénelées, pour au final un parcours complexe, long et engagé :
Comme en 2014, on ira goûter les neiges du Proche-Orient, cette fois-ci dans le massif du Munzur situé au nord-est du plateau anatolien. Un massif presqu’inconnu en Europe, d’allure générale atypique, avec un immense haut-plateau sommital à 3000 mètres dominant un réseau complexe de gorges calcaires encaissées, mais qui se prête très bien au ski de randonnée d’aventure malgré quelques portages en ce milieu de printemps. On y fera quelques descentes magnifiques au milieu des traces d’ours sortis d’hibernation, des carcasses de bouquetins dévorés par les premiers… et de l’armée Turque qui, comme lors de l’expédition d’alpinisme de 2011, nous demandera d’aller poser nos spatules ailleurs :
On remisera les skis au garage avec un record de précocité mi-avril, avant un voyage au centre de la glace dans le chourum Clot du Dévoluy, atypique mais très esthétique :
et quelques jolies balades en chaussons en fin de printemps, comme la nouvelle voie au fjord de Castelvieil, histoire de s’échauffer en vue des projets d’alpinisme estivaux. Après une tentative sur une voie équipée du versant sud-est des Bans avortée pour compagnon de cordée malade et à l’attaque rendue dangereuse par le recul glaciaire (premier point à 8 mètres sur rocher compact après autant de 5c+), on se rattrapera sur l’arête ouest des Fétoules parcourue à bon pas (après l’échec de 2012), mais dans une montagne rendue déjà très sèche par la canicule en ce début juillet :
Dur de voir les glaciers gris agoniser, la suite de l’été se passera dans les canyons et sur les falaises alpines, avec en points d’orgue la belle classique facile de la traversée des dents de Lanfon et les canyons du Groin et de Challandre, presque souterrain par endroits pour le premier et au contraire ouvert et coloré pour le second, au final 2 petits bijoux d’esthétisme aux antipodes :
On se rafraîchira sinon souvent en deep water solo et plongée, dans le spot de proximité du Moulon et sa paroi de conglomérat pile au-dessus des murs de gorgones et de coralligène :
ou dans la décidément fantastique grotte des Tablettes et sa salle de pan aquatique :
L’automne, ou plutôt un été indien sans fin cette année, permettra de prolonger la saison de plongée et de canyons au-delà du concevable tout en profitant du flamboiement en montagne : sympa d’admirer un vallon des Aiguilles fauve, blanc et gris des feuillages aux sommets :
puis de découvrir le canyon du Feston quelques semaines plus tard au-dessus des gorges de Trévans :
On aura entre temps passé une semaine sur l’île de Milos dans les Cyclades, un confetti de terre peu touristique à l’ouest de Santorin, mais exceptionnel de par sa beauté géologique : falaises bariolées, plages paradisiaques, arches de craie souvent déserts en ce début d’automne :
La montagne Sainte-Baume permettra quelques incursions au-dessus des nuages marins une fois revenus en France, avec une découverte de la paroi du pic de Bertagne en escalade et surtout une après-midi mémorable de randonnée au-dessus de la mer de nuages au départ du col de l’Espigoulier :
avant que les entrées maritimes ne prennent définitivement le dessus et ne transforment notre riant soleil provençal en un pâle ersatz du crachin breton. On ira se consoler début décembre dans les eaux du désert Omanais, en baskets dans les canyons d’eau douce (et même chaude !) découverts comme à Ta’ab ou descendus pour la troisième fois comme à Bani Khalid (toujours le même émerveillement dans le jardin d’Eden des vasques médianes) :
en kayak :
et tuba dans les eaux salées de la mer d’Oman près de Muscat, à la découverte des criques paradisiaques de Qantab, des tortues célibataires ou des seiches en parade nuptiale, voire plus si affinités :