Le 18 février 2018
Sommet : 2800 m
Dénivelée : 1100 m (1800-2600-2500-2800)
Difficulté : 4.2, de courts passages étroits à 45° dans les 2 couloirs parcourus, une longue section à 40° dans le second couloir
Retour dans les couloirs de la Casse Déserte, un haut lieu de tourisme estival avec ses pitons de cargneule disséminés au milieu des grands éboulis au pied du pic ouest de Côte Belle. Une curiosité géologique qui s’admire l’été depuis de la route en adret du col d’Izoard, le rocher pourr… euh fracturé des lieux n’incitant pas le touriste à s’aventurer près de ces chicots rongés par le gel et la pluie, et d’ailleurs entourés d’éboulis qui en disent long sur leur solidité.
Je m’étais dit qu’un parcours par un jour d’hiver froid devait limiter les risques de chutes de pierres, et que ces groupes de monolithes de cargneule cachaient peut-être des couloirs adaptés au ski. Après un premier repérage en soirée en 2017, on retourne explorer le coin avec un départ de Brunissard un peu moins tardif. L’enneigement n’a évidemment rien à voir avec celui de l’année précédente, et le fond bien enneigé du ravin de l’Izoard permet d’éviter la longue session de ski de fond sur les lacets de la route infligée par la sécheresse de l’hiver 2017.
On parvient donc vite aux pitons de rocher jaunâtre disséminés au milieu des pins, puis près du point coté 2473 à un groupe d’aiguilles particulièrement esthétique, encore plus lorsqu’on remonte un couloir caché exposé sud qui débouche sur une brèche. C’est un paysage fabuleux que l’on découvre, insoupçonnable du bas, une forêt d’aiguilles effilées en conglomérat gris et jaune poudré en ubac par la chute de neige du samedi. On pense à du land art revisité par Gaudi, une Sagrada Familia de l’ouest-Queyras, une armée de pénitents gelés pour les hauts-alpins ou à des hoodoos made in France pour les amateurs de l’Ouest américain. Trêve de digressions esthético-oiseuses, on trouve dans ce paysage ruiniforme de la Casse Déserte des couloirs certes un peu courts mais absolument majeurs par leur esthétique, dont je ne connais pas d’équivalent dans les Alpes du Sud ! On confirmera notre enthousiasme dans le second couloir parcouru, moins riche en aiguilles mais encore bordé et dominé par des rochers jaunes qu’on imaginerait plus volontiers sur un volcan d’Indonésie que dans le Queyras. Cette fois-ci le couloir bute sur des pentes mixtes exposées qui semblent donner accès à un second couloir débouchant sur la crête sommitale de Côte Belle, on choisira de redescendre vu l'heure tardive, à explorer avec plus de temps...