Le 1er mai 2019
Doigt de Dieu, 4 longueurs, partiellement équipé (L2 et L3 n’ont que les relais équipés), 6b max
6b/5b/5b/6b
Babel Tower, 2 longueurs, équipé, 6c max
6b/6c
Sortie à la journée vers En Vau et Castelvieil, au départ de la route de la Gineste, vu la fermeture de la route de la Gardiole. L’approche en VTT, sur une route désormais interdite et donc (presque) déserte, puis sur de larges pistes, permet de rejoindre rapidement la calanque d’En Vau, de manière ludique et agréable. On grimpera cette fois sur la classique de l’intégrale du Doigt de Dieu, de calcaire qui domine à l’est le fjord d’En Vau et dont le profil de monolithe est caractéristique depuis la plage. Sur ce Doigt de Dieu, à la différence de son homologue du massif du Pelvoux, le réchauffement climatique, la fonte du permafrost et le recul glaciaire ne causent pas de gros éboulements ; par contre des décennies de chaussons de grimpeurs ont défilé sur ces longueurs jusqu’à par endroits lustrer le rocher ! On remontera donc cette centaine de mètres sur les traces de la patine, particulièrement prononcée dans le 6b du départ de L1, dont l’équipement très serré permet malgré tout de passer. Les secondes et troisième longueurs, comprenant des pas de petit 5 en cotation moderne, ne sont pas qu’une liaison entre les raides longueurs inaugurale et finale, et offrent une escalade sur friends parfois malcommode au-dessus des nombreuses nuances de bleu de la calanque, avant une dernière longueur en 6b (longueur de droite) difficile sur 1 pas bien protégé. La longueur de gauche en 6a, qu’on gravira également après un rappel du sommet, s’avérera en fait plus sérieuse avec son équipement plus espacé et sa fissure patinée !
On rejoint alors la brèche de Castelvieil en passant par la plage bondée, et, après l’ambiance parc d’attractions de la calanque d’En Vau et sa foule de jour férié ensoleillé, on retrouve le calme et la solitude sitôt franchi le Trou du Canon. La voie « Babel Tower », proche de « Claudia ou l’héréside dénudée » parcourue 1 an plus tôt, est aussi courte que belle, et remonte sur 2 longueurs l’éperon d’un magnifique pilier décollé (qui rappelle le final du « chemin du Roucas Blanc »), puis, après un pas au-dessus du vide qui sépare ce pilier du reste de la paroi, un mur raide et technique en 6c bien équipé avant une longue goulotte fine et technique (qui rappelle la goulotte de « cathédrales de pierre »). Avec de la belle escalade en dévers, dalle ou dièdre évasé (ou plutôt goulotte), Castelvieil en guise de cadre, la mer qui bas sous les chaussons et les rochers aux formes fantasmagoriques, c’est une toute-petite-grande-voie majeure à mon sens !
Encore donc une belle journée de calanquisme en chaussons, VTT ou randonnée pédestre, aussi plaisante pour la grimpe par elle-même que pour son approche… roulante, la dégustation d’asperges sauvages (rares cette année après un hiver historiquement sec) et l’observation d’un phasme (mal camouflé en brindille brune sur calcaire blanc !) au pied de Babel Tower.