Le 28 mars 2021
Itinéraire : couloir ouest du col situé entre les points cotés 2351 et 2362 au sud du Pic Pierroux, en aller-retour depuis le bout de la piste de la cabane de l’Aup
Sommet : 2300 m
Dénivelée : 850 m (1500-2050-2000-2300-1500)
Difficulté : 4.3/5.1 avec environ 300 mètres de couloir. Pente moyenne un peu inférieure à 45°, mais 3 ressauts plus raides et étroits, dont un sec en bas du couloir, obligeant à le passer à pieds
Il est 10h ce samedi, on remonte à pieds un éboulis instable sec sous quelques centimètres de poudreuse tombés durant la nuit, la visibilité se limite aux vagues silhouettes menaçantes des falaises délitées qui nous dominent de plusieurs centaines de mètres, les chamois entraperçus dans les éclaircies sur les crêtes se demandent autant que nous ce que font ces bipèdes ici, et on songe à descendre à pieds vers la piste boueuse remontée en voiture une heure plus tôt pour abréger cette virée à skis glauque au possible.
2 heures plus tard nous voilà en bas d’un magnifique couloir du Nord-Dévoluy, le sourire jusqu’au casque ! Après une ascension évidemment intégralement en crampons, dans puis au-dessus de la mer de nuages dont la marée évolue entre 2000 et 2100 mètres, on remonte un couloir parfois bien raide et étroit qui louvoie via deux ressauts bien marqués jusqu’aux rochers givrés de la crête sommitale, face au Valgaudemar qui émerge. La descente sera très précautionneuse sur une neige changeante, de la vieille neige parfois très dure recouverte de quelques centimètres de poudreuse de la nuit, et j’en ferai d’ailleurs une partie en crampons, même si contre toute attente le soleil aura réussi à adoucir un peu la surface des ressauts. L’ambiance restera splendide au-dessus de la mer cotonneuse, face à l’Obiou, avec les lignes de fuite de la pente qui se perdent dans les nuages, et le ski pas si mal grâce au dégel de la couche dure et aux quelques centimètres de fraîche. Il faudra malgré tout remettre les crampons pour le court passage de mixte déneigé à la base du couloir, avant de plonger à nouveau dans la mer de nuages. Les névés des fonds de thalwegs permettent de rejoindre la voiture à 50 mètres de dénivelée près en jouant à saute-névés, bien loin du gros portage craint à la descente, comme quoi la journée aura été décidément riche en bonnes surprises !
Un beau couloir au final, délicat dans les conditions du jour, à la superbe ambiance magnifiée par la mer de nuages, et un peu d’aventures dans cette ligne référencée dans nul topo papier ou Internet, le plaisir donc de l’exploration et de la découverte, le tout évidemment dans une solitude absolue si ce n’est la poignée de chamois et les deux biches croisé.e.s durant la journée, parfois de très près !