Le 8 mai 2021
Itinéraire : couloir nord du Berchon de Chauvetane en aller-retour depuis le Gioberney
Sommet : 2850 m
Dénivelée : 1200 m
Difficulté : 5.1 E2, 45° étroits sur 250 m, un peu plus raide sur la fin qui a tendance à goulotter
Première journée d’un week-end de ski de randonnée dans le Valgaudemar, une vallée des Ecrins déjà lieu de très nombreuses sorties en peau, mais où (au moins) autant restent à faire ! On choisit comme camp de base le Gioberney, ses névés en guise de restes d’avalanches, ses pelouses d’herbe verte sous le cirque de cascades, sa fontaine collée au chalet-hôtel, ses vues panoramiques sur le versant nord Chabournéou-Sirac coloré de rose matin et soir ! Bref, un lieu de bivouac commode et esthétique, au pied du vallon ouest de la Condamine encore enneigé rive droite jusqu’à près de 1700 m à la cabane du Gioberney.
Après une nuit bien fraîche, -1°C au départ à 7h, on chaussera donc vite ce samedi dans le vallon sur une neige lisse et bien regelée qui augure du meilleur une fois sa surface adoucie par le soleil.
Heureusement, même sans cuisson solaire, la neige se fait plus meuble à mesure que la pente se redresse sous le Berchon de Chauvetane, et la progression se fera finalement à pieds sur les derniers 200 mètres, une montée qui s’apparentera sur la fin à du terrassement et de la guerre de tranchée dans environ 1 mètre de neige fraîche mais déjà densifiée. On signera d’ailleurs l’armistice une vingtaine de mètres sous la brèche, lessivés et surtout retardés par cette séance impromptue de BTP, sous la menace du soleil qui commence à percer le voile nuageux du matin.
La descente du couloir sera bonne sans être excellente, dominée par le soulagement de ne pas nous enfoncer jusqu’à la poitrine ! La pente sera accentuée sur les premières dizaines de mètres par l’encaissement du couloir et le début de formation d’une goulotte, obligeant à skier les contrepentes plus raides. Plus bas, comme prévu, la neige d’hiver laisse la place à celle de printemps, une excellente moquette lisse et soyeuse en surface. On interrompra la séance de virages à mi-descente devant le mur de glace de la langue terminale du glacier inférieur de la Condamine, une superbe curiosité glaciologique avec ce grand arc de cercle de glace stratifiée et plissée décorée de stalactites de regel. Dur de s’extraire d’un tel spectacle, mais il faut se résoudre à terminer la descente avant l’heure de la soupe (!), mission accomplie et sourires jusqu’au casque au déchaussage, devant la planche faisant office de passerelle sur le torrent au niveau de la cabane du Gioberney.
Une belle course en bonnes conditions pour cette reprise du ski après 5 semaines d’arrêt forcé, mais ce ne sera pas la même le lendemain…