Le 16 novembre 2019
Enfin une journée libre de météo ensoleillée et non venteuse, de quoi retourner sur la Mecque des calanques, la face sud-ouest du plateau de Castelvieil, pour une traversée classique en terrain d’aventure partiel, la grande croisière qui fait suite à la traversée sans retour parcourue 6 ans plus tôt. Malgré son nom plus avenant, cette croisière en chaussons, alternant rappels pendulaires et/ou obliques et passages d’escalade délicats, s’avère plus engagée que la traversée sans retour : sitôt les premiers rappels descendus, l’itinéraire ne comporte plus aucune échappatoire avant la fin de la fissure large en 6a+. Le parcours en revanche reste plus évident que pour la sans retour ; il suffit de viser au plus « facile » dans ces falaises compactes où les zones lisses et/ou déversantes s’évitent souvent par des traversées en rappels ou en escalade.
On est vite dans le bain dès les premiers rappels, et après deux premières longueurs (enfin ascendantes !) éprouvantes en fissure raide puis mur lisse, on atteint le rappel en fil d’araignée de 40 mètres qui fait la réputation de la voie, et où il s’agit justement d’éviter le bain ! Pendu sur sa corde à près de 4 mètres du rocher, juste au-dessus du bleu, et faute comme nous l’espérions d’un becquet rocheux à attraper au lasso, le jeu consiste donc à se faire penduler par le grimpeur resté en haut du rappel pour enfin échouer sur le rivage rocheux ! La terre ferme promise rejointe, on profite alors d’une belle ambiance dans la longue traversée située entre ce rappel et la fissure large en 6a+ : rocher blanc ou zébré dans les dévers, concrétions sous les surplombs, boufigues de calcaire et dalles d’aragonite, on évolue sur un superbe calcaire, le plus souvent en balade contemplative, mais avec 2 pas de 5c un peu engagés, vu l’équipement à demeure succinct difficile voire impossible à compléter, un premier en mur raide à bras et un second… en traversée sur pieds. C’est l’occasion de s’échauffer avant le crux technique de l’itinéraire, la fissure-cheminée verticale qui permet de regagner la vire intermédiaire, avec une trentaine de mètres d’escalade raide et soutenue, à coincements et oppositions, à protéger sur friends et stoppers. Vu l’heure crépusculaire, on choisira alors de sortir par la fissure en 5c des « étudiants », ce qui ne nous prémunira pas d’un long retour nocturne dans le halo d’une frontale pour 2, tour à tour à pieds, en rappel, à nouveau à pieds puis en VTT !
En tout cas au final un itinéraire esthétiquement majeur comme souvent pour les traversées de Castelvieil, mais loin d’être anodin au vu des nombreuses et parfois délicates manœuvres de cordes, et des passages d’escalade parfois techniques et/ou engagés. Un départ dans les rappels avant 13h aux alentours du solstice d’hiver permettra d’ailleurs d’envisager cet itinéraire plus sereinement sans l’épée de Damoclès du crépuscule à 17h !