Les 1er et 2 juin 2013
Trilogie de couloirs sur la Barre des Ecrins depuis le pré de Madame Carle, avec la descente successive à skis de 3 des pentes raides majeures du sommet des Alpes du Sud : la directe à la Barre, le couloir de Barre Noire puis le couloir sud du col de la Grande Sagne. Un parcours superbe, mais aussi une série noire de péripéties qui ne restera finalement pas sans blessures...
La mousson du printemps 2013 a pu exceptionnellement enneiger la pente sommitale nord de la barre des Ecrins, habituellement en glace vive au-dessus d'une rimaye béante. En ce rare dimanche de beau temps c'est donc une quinzaine de prétendants qui se dirige vers la face nord de la barre, espérant poser des virages en suspension au-dessus de l'intégralité des Alpes du Sud... Le vent s'est bien calmé par rapport à la journée précédente, mais le mal est déjà fait dans la face nord, la poudreuse souvent envolée, remplacée par endroits par un conglomérat de glace et de rochers affleurants. Après un chaussage acrobatique sur une plate-forme creusée 15 m sous le sommet, la descente au-dessus de la rimaye s'avérera effectivement bien crispante entre les plaques de glace, et c'est bien soulagé que je prendrai la direction de la brèche des Ecrins, au sommet de l'entonnoir de 300 m du couloir de Barre Noire.
La neige bien que soufflée et durcie par le vent offre un bon grip, et on peut décontracter un peu les carres au-dessus d'une rimaye qui semble bien bouchée. Nous sommes là encore les premiers de la longue liste de skieurs candidats à la trilogie de couloirs, et c'est ce que je paierai lorsque le pont de neige, un morceau de 3 mètres d'épaisseur, autant de largeur et une quinzaine de mètres de longueur, cèdera sous mes skis ! Au final plus de frayeur que de mal : je me retrouve planté sur mes skis 2 mètres sous la lèvre amont maintenant déversante de la rimaye, mais avec une sortie facile possible par l'aval...
La descente du couloir sud du col de la Grande Sagne, en neige déjà trop transformée, semble permettre d'oublier ces péripéties, et on relâche un peu l'attention, mais c'est sans compter une plaque de neige traîtresse qui emportera Sébastien juste au-dessus du glacier Noir et lui fera sauter une petite barre rocheuse, au prix d'une fracture de la rotule... La mauvaise fin d'une longue série noire, qui prouve si besoin était qu'une course ne se termine qu'à la voiture et non pas en bas des difficultés...
Sommet : 4100 m
Dénivelée : 1300 m le premier jour, 1200 m le second
Difficulté : 5.2 globalement
5.2 pour la face nord directe de la Barre des Ecrins, avec 150 m à 50°, en mauvaises conditions par l'itinéraire emprunté à la descente : fine couche de neige dure posée sur glace vive et rochers
5.2 pour le couloir de Barre Noire, avec 300 m à 47° de moyenne, court passage à 50°
4.3 pour le couloir sud de la Grande Sagne, avec 300 m à 45°, goulotte centrale en formation obligeant à skier les contrepentes plus raides
Au final une magnifique descente de près de 2500 m de dénivelée (avec une courte remontée de 150 m) du sommet de la Barre au pré de Madame Carle, dont 800 m de couloirs à 45° et plus.
J1 : la face nord du Pelvoux crache régulièrement ses coulées...
J1 : ... qui nourrissent les cascades... de neige au-dessus du pré de Madame Carle
J1 : ambiance dans la montée au refuge des Ecrins, du vent et du grésil
J1 : crépuscule sur le clocher de Clouzis, le ciel qui commence à se dégager augure du bon pour le lendemain
J2 : départ en procession sur le glacier Blanc, le beau temps est bien revenu
J2 : la face nord de la Barre, l'entrée au menu du jour, aux premiers rayons
J2 : au pied de la face à 3300 m, pas mal de débris de chutes de séracs
J2 : ombres et lumières sur le couloir de Barre Noire à gauche, plat de résistance du menu du jour
J2 : détail des séracs et de leurs anneaux de croissance dans la face nord du Dôme
J2 : dans la montée à 3400 m
J2 : replat glaciaire à 3700 m
J2 : vue depuis la trace de montée à 3700 m, cliquer sur la photo pour agrandir
J2 : sous les tours de Pise du haut du glacier Blanc
J2 : vue à 3900 m vers le glacier Blanc et la mer de nuages au nord
J2 : forêt d'arêtes devant la Meije au dernier plan à droite
J2 : dans la voie Coolidge en face nord de la Barre
J2 : arrivée au sommet sur les rochers plâtrés et sous le croissant de lune
J2 : vue du sommet de la Barre vers le mont Gioberney et le vieux Chaillol
J2 : vue vers le dôme de neige des Ecrins
J2 : derniers mètres sur l'arête sommitale, photo de Sébastien
J2 : la seconde cordée nous rejoint sur l'étroit replat sommital, il est temps de redescendre...
J2 : 2200 m au-dessus du point de départ de la veille : le replat du pré de Madame Carle encore enneigé à droite
J2 : devant l'arête occidentale de la Barre
J2 : descente en crampons du sommet (insuffisamment enneigé pour en partir à skis) sur 15 m, avant de creuser une plate-forme de chaussage, photo de Sébastien
J2 : enfin sur les skis, on décide de traverser puis descendre afin de ne pas skier au-dessus des nombreuses cordées engagées dans la voie Coolidge, grave erreur sur une neige farcie de glace et de rochers, ce que je paierai par un gros zip sur une plaque de glace...
J2 : une cordée franchit la rimaye en bas de la pente nord, après pour moi quelques frayeurs sur une neige cachant rochers et plaques de glace, les suivants descendront à skis avec relais sur broches ou en crampons..
J2 : vue de l'itinéraire descendu, la rimaye se franchit à skis par un petit saut
J2 : la face sud du Mont-Blanc derrière la mer de nuages
J2 : vue de la brèche des Ecrins vers le glacier noir, cliquer sur la photo pour agrandir
J2 : à l'approche du départ du couloir de Barre Noire, photo de Sébastien
J2 : au sommet du couloir de Barre Noire, en neige froide soufflée, un peu dure avec des reliefs, mais bien correcte par rapport à la patinoire de la Barre...
J2 : à mi-hauteur du couloir
J2 : photo de Sébastien
J2 : devant les barres de séracs
J2 : photo de Sébastien
J2 : juste au-dessus de la rimaye qui semble bien fermée, mais..., photo de Sébastien
J2 : après la rimaye qui vient de céder sous mes skis, les inconvénients d'une descente à vue sur un itinéraire non parcouru depuis 1 semaine...
J2 : on retrouve le soleil et des pentes plus calmes sous le couloir à gauche
J2 : les poursuivants sortent à leur tour du couloir
J2 : arrivée au col de la Grande Sagne à 3400 m, départ du dessert avec son couloir sud, photo de Stéphane Prevost
J2 : au sommet du couloir en neige de printemps bien (trop) douce par rapport à ses 2 prédécesseurs
J2 : à mi-couloir, photo de Stéphane Prevost
J2 : en bas du couloir, photo de Sébastien
J2 : sous le couloir, à 2600 m, peu avant la petite plaque de neige lourde que je déclencherai en m'arrêtant juste au-dessus de Sébastien, qui l'emportera et lui coûtera un genou, un bien mauvais final pour cette journée