Le 1er novembre 2011

Après la traversée du Cancéou effectuée l'an dernier, première grande voie dans la falaise du Cancéou, à l'ambiance maritime austère accentuée ce jour par le vent de sud modéré et le bruit du ressac sous les chaussons.

Approche longue et complexe, avec dans l'ordre une vire suspendue à descendre, un rappel de 20 mètres, une traversée sur sentier en corniche, une cheminée bien équipée en 3 à remonter, puis à nouveau une portion en balcon, une cheminée à désescalader avant une dernière traversée en 3 au-dessus de la mer.

Après ces 2 heures d'approche nous voilà enfin à pied d'oeuvre dans la grotte marquant le début de la voie du Levant, sous les 200 m des 7 longueurs qui louvoient dans la falaise à la recherche des vires, fissures et dièdres les plus faciles. Superbe ambiance tout du long, maritime et gazeuse, avec une escalade un peu démodée par rapport aux voies récentes dans cette classique souvent patinée et parfois poisseuse du sel plaqué par les embruns : fissures à coincements et dièdres lisses. 3 cordées se sont malgré tout succédées ce jour dans cette voie la moins difficile de la falaise du Cancéou !

Le dièdre-fissure de L4 a été passé en A0 (nombreux pitons, scellements bienvenus...). A noter l'équipement parfois espacé des longueurs les moins difficiles, avec parfois un point tous les 5 ou 6 mètres dans L5 en 5c ou L6 en 4c. Il n'est donc pas superflu d'emporter un jeu de friends pour protéger certains passages, d'autant plus que les nombreuses fissures se prêtent bien à ce genre d'exercices.

7 longueurs, équipement récent mais parfois espacé, 5c/3/4c/6b/5c/4c/6a 

une perdrix durant la marche d'approche sur les crêtes de Morgiou, avec mon appareil photo comme seule arme... J'espère qu'elle sera plus farouche devant les fusils des chasseurs que les objectifs des promeneurs.

au-dessus de la calanque du Cancéou, face au Bec de Sormiou

en bas du rappel de 20 m, transfert de quincaillerie, photo de Lucie

la cheminée à désescalader, dans le rocher caractéristique du bas de la falaise du Cancéou

vue du bas de la falaise, avec 2 cordées déjà dans la face...

dans la traversée descendante de L2, photo de Lucie

idem, photo de Lucie

dans L3, vue vers le bas

vue du relais sommital de L3

le rocher si particulier de la falaise du Cancéou, brillant de patine et de croûte salée...

dans le dièdre-fissure en 6a+/b de L4, sec...!!!, photo de Lucie

l'équipement historique parfois vieillissant, les ravages du temps et du sel

au départ de la cheminée en 5c de L5, photo de Lucie

dans L5, vue vers le bas

idem

ombres et nuages sur l'îlot crénelé du petit Conglué, photo de Lucie

dans L6, toujours au-dessus de la Grande Bleue

idem

idem

dans le court dièdre patiné en 6a de L7, photo de Lucie

couleurs vespérales sur l'île du Riou

idem, photo de Lucie

Le 29 octobre 2011

Première grande voie à Castelvieil pour moi, en cette journée de fin octobre quasi-estivale passée en tee-shirt ou même torse nu...

Magnifique secteur équipé récemment et donc en bon rocher presque neuf, rien à voir avec les voies patinées par des décennies de grimpeurs de la calanque d'En Vau, ou avec la cheminée d'accès au plateau de Castelvieil, cotée 4b mais finalement assez malcommode et en tout cas également lissée par des générations de chaussons. Préférer pour des raisons esthétiques pour l'accès au plateau de Castelviel la grande vire d'En Vau ou avec plus de temps la traversée Ramond.

Descente par les rappels de la voie "vide et eau", attention au second relais caché dans une grotte, bien suivre donc la ligne de spits. Les second et troisième rappels peuvent être couplés en un seul grand rappel de 50 m (exactement)pour ceux qui ne craignent pas ensuite de désescalader quelques mètres en 3 jusqu'à la vire-terrasse au-dessus de l'eau.

Très beau dièdre en seconde longueur, jolie sortie en 6a sur un calcaire neuf toujours très adhérent mais parfois encore insuffisammment purgé...

4 longueurs, bien équipé, 5c/5c/5c/6a

vue sur une des innombrables aiguilles de calcaire du vallon d'En Vau depuis la brèche de Castelvieil

un voilier vu depuis le plateau de Castelvieil

les falaises ouest de Castelvieil, en bas la vire-terrasse au pied de la voie, la ligne du "muet qui rit" suit à peu près l'éperon se détachant contre la mer

au départ des rappels d'accès, photo de Lucie

vue du relais du second rappel (relais que j'ai raté...), photo de Lucie

sur la vire en bas de la voie, au fond le cirque du Devenson et la Grande Candelle

dans L1

dans le magnifique dièdre de L2, photo de Lucie

dans la dernière longueur en 6a

idem, au-dessus du pont !

les strates de grès, poudingue et calcaire des falaises soubeyrannes, à droite le Bec de l'Aigle

idem, les falaises soubeyrannes illuminées par le soleil rasant d'une fin d'après-midi d'octobre

la brèche de Castelviel au soleil couchant

Le 23 octobre 2011

Visite de la grotte classique de la Castelette, beaucoup moins difficile que le grand Draïoun parcouru la veille. Jolie grotte dotée d'une large rivière soutterraine, souvent parcourue et bien équipée de cordes fixes à demeure. Le franchissement de la voûte mouillante la tête collée à la paroi supérieure 15 cm au-dessus de l'eau froide laissera malgré tout quelques souvenirs...

à l'entrée de la grotte dans le puits d'accès creusé par le CAF, photo d'Alexandre

Alexandre sur les mains courantes du passage de la méduse

à mi-hauteur de la remontée sur cordes de la méduse, photo d'Alexandre

au sommet de la remontée sur cordes de la méduse, photo d'Alexandre

sur les mains courantes juste après la méduse, photo d'Alexandre

Alex au début de la voûte mouillante

un peu plus loin, il faut baisser la tête...

juste après, ça passe en se mettant sur le dos tête contre la paroi...

les beaux gours après la voûte mouillante, photo d'Alexandre

idem

Alexandre au début du chaos, de la grimpe en combinaison néoprène...

après le demi-tour dans le chaos, vu l'heure avancée

Alexandre à la descente de la méduse

à la descente de la méduse, photo d'Alexandre

le boyau de sortie de la grotte

couleurs d'automne dans la forêt de la Sainte-Baume à la sortie

Le 16 octobre 2011

Descente du très beau canyon de Siagne de la Pare dans l'arrière-pays grassois au-dessous du village d'Escragnolles.

Canyon peu technique (ou comportant peu de rappels), mais varié et doté de superbes cascades de tuf et d'une belle étroiture à mi-distance. L'eau froide pour cette dernière journée de ma première saison de canyonisme engourdit les mains, rendant les manipulations de corde un peu laborieuses. Belles couleurs d'automne en tout cas, avec le soleil rasant qui pénètre le canyon et illumine les vasques émeraude et les feuillages d'automne de ce canyon très végétal.

Mon appareil photo prétendument étanche ayant décidé de ne plus l'être, toutes les photos ont été prises avec l'appareil d'Aude, par elle ou par moi.

les formes calcifiées du canyon

dans la première étroiture

idem, dans les vasques à l'eau cristalline (mais froide en cette mi-octobre !)

les piscines naturelles calcifiées

sortie au soleil

un Aqualand naturel...

sous une cascade de tuf et de mousses

Aude dans le premier rappel, un peu arrosé

en bas du rappel

l'eau est bien froide, on tente d'éviter l'immersion...

devant les gours de calcaire

détail du tuf d'une cascade calcifiée

les superbes escaliers de tuf de la Siagne de la Pare

le rocher calcifié prend souvent des formes bizarres...

dans une n-ième vasque

LE toboggan de la Siagne de la Pare

descente d'une belle cascade calcifiée

à la fin du canyon et la confluence avec la Siagne

le rideau de cascades final

devant les feuillages d'automne et un monolithe rocheux

L'expédition n'a pas eu seulement un intérêt alpinistique et "ethnologique",  à la découverte des parois calcaires et bergers Kurdes, mais aussi botanique, avec de splendides prairies fleuries vers 2800-3000 m (un vrai calvaire pour un allergique comme moi !), et glaciologique, avec encore des glaciers importants quoique en retrait accéléré.

Ces montagnes calcaires culminant à seulement 4150 m comportent en effet de beaux glaciers malgré les températures estivales caniculaires et la sécheresse absolue que nous avons constatées en juillet/août 2011.

Qu'on en juge : près de 38°C l'après-midi dans la ville de Hakkari pourtant perchée à 1800 m d'altitude dans les contreforts du massif, un isotherme 0°C à plus de 5000 m durant plusieurs mois et aucun regel nocturne même à 3500 m l'été (même si la neige reste dure en permanence, étant recouverte de poussière, sans doute en provenance du désert irakien à seulement quelques centaines de kilomètres au sud). Pourtant le massif est encore doté de beaux appareils glaciaires blottis sur ses versants nord, avec une ligne d'équilibre actuellement localisée sans doute aux environs de 3600 m, restant malgré tout très basse pour la région (pour des expositions également nord elle se situerait sans doute d'après les cartes/photos que j'ai pu voir au-delà des 4000 m sur l'Ararat voisin et des 4200 m dans l'Elbourz iranien que j'avais parcouru en 2005). Les hivers doivent être très enneigés dans le Kurdistan !

Le glacier le plus important reste celui du Suppa Durek, dont le front s'arrête actuellement aux alentours de 3000 m alors que des photos plus anciennes (1900) tendraient à prouver une altitude minimale de 2500 m il y a quelques décennies. Les rochers polis et lacs de moraine troubles témoignent d'un recul rapide et important. Début août 2011 les deux tiers de la surface du glacier étaient déjà complètement à vif, parcourus de dizaines de bédières à gros débit mettant en évidence un bilan de masse déjà très négatif plusieurs semaines avant la fin de la saison d'ablation. De quoi être pessimiste sur l'avenir à court terme de ces glaciers qui constituent actuellement via leurs torrents de fonte l’une des seules sources d’eau de la région l’été  !

Ci-dessous quelques photos qui témoignent du recul du glacier nord du Suppa Durek, avec des cadrages relativement proches (on voit l’amincissement du glacier et son recul en aval) ; il est également intéressant de suivre la diminution puis la quasi-disparition du névé suspendu situé sous la face nord de l'Elsan à gauche des photos :

en 1900 :

en 1969 durant l’expédition de Bernard Amy (photo de couverture de son bel ouvrage la relatant « la montagne des autres ») :

en 2011 durant notre expédition :

vue en 2011 de la partie aval du glacier, à vif, et du lac morainique de fonte, depuis le pilier est de Mirhamza :

 Une photo montrant la survie malgré tout de beaux glaciers dans le massif (le glacier nord-ouest du Resko situé dans un cirque nord, au pied de parois de près de 1000 mètres de hauteur, et dont le front se situe à une altitude d’environ 2700 m) :

même si là encore le recul est flagrant entre 1969 et 2011 : 

Remarquez la disparation de la zone enneigée/englacée en bas du couloir partant de la selle entre les 2 sommets au centre-gauche des photos, la neige et la glace étant en 1969 presque continues entre la rimaye en bas du couloir et le névé suspendu situé sous le sommet de droite.