Le 30 septembre 2017
« pour la mémoire de nos enfants », 12 longueurs, équipé, 6b+ max, échappatoire par « la voie du baou Rouge » à la fin de L8, retour dans la voie à L12
5c/6b+/6b+/5c/5b/6b+/6a+/6a+/5b/5c/4c/6a+ pour l’itinéraire parcouru
Parcours d’une des voies les plus connues des calanques dans l’un de leurs secteurs les plus sauvages, à l’extrémité orientale du Devenson, là où des piliers de calcaire blanc partent directement de la mer sur près de 250 m de hauteur, avec donc une ampleur et verticalité rare dans le parc.
C’est une voie effectivement majeure, parmi les plus belles sinon la plus belle des calanques pour son cadre et la variété et l'esthétisme de sa géologie. On y trouve des longueurs splendides, comme L4 en cheminée spéléo façon promesse des profondeurs au-dessus de la mer, L6 en fissures spéléo dans un rocher typé Oule ou évidemment L12 en dalle suspendue d'aragonite. La grimpe est moins soutenue et difficile que ce à quoi je m'attendais ; les sections les plus difficiles (i.e. dans le 6b et au-dessus) de la fin de L2, début de L3, fin de L6… sont toutes courtes et bien protégées. La grimpe reste variée tout au long de la voie, des traversées inaugurales aux dalles sommitales en passant par des fissures, cheminées larges ou à ramonage, dévers...
L’accès, long, complexe, et parfois impressionnant constitue déjà une course en soi. Qu’on en juge, près de une heure et demi de marche d’approche, avant une première série de rappels vertigineux, dont certains en fil d’araignée demandent que le leader pendule pour retrouver le rocher et trouver le relais, avant une section de marche près de cordes fixes afin de retrouver la dernière série de 3 rappels, dont le dernier, également pendulaire et situé à fleur d’eau, est muni d’un tige métallique à attraper au lasso (l’autre méthode possible consiste plus simplement à ce que le second fasse penduler la corde avec ses pieds...) !
Une approche que l’on peut donc difficilement compléter en moins de 4 heures, encore plus à 4 avec un huit qui vrille les cordes jusqu’à nous la coincer dans le dernier rappel et nous faire perdre une heure. A 8h30 au col de la Gardiole, on ne commencera à grimper qu’à 14h, soit trop tard pour espérer sortir la voie de jour ! Partis la fleur au fusil, on rentrera donc la frontale au casque, à une heure difficilement avouable sans rougir, en rencontrant donc la pluie… et le crépuscule à 19h à la sortie de L8. On décidera alors de réchapper par la voie du Baou Rouge et sa difficulté n’excédant pas le 5c, mais on n’échappera pas à quelques frayeurs dues à de la foudre diffuse à 19h30, aux spits de la dernière longueur du Baou Rouge non trouvés à la frontale et aux nombreuses et parfois grosses chutes naturelles de pierres, ou plutôt de frigos, avec la pluie... On sera donc condamnés à grimper la dernière longueur de pour la mémoire à la frontale (certains sans !), sous la pluie, sur une dalle d’aragonite en 6a+ trempée, qu’on sortira finalement tôt (le matin du dimanche !).
Quoi qu'il en soit un très beau voyage vertical et horizontal dans un des coins les plus sauvages du parc, des longueurs littéralement extra-ordinaires dans des grottes , boyaux et cheminées suspendues au-dessus d’eaux aux 50 nuances de bleu, bref une des voies incontournables des calanques à refaire par meilleure météo… et départ plus matinal !