5 juillet 2023 3 05 /07 /juillet /2023 17:09

Bientôt dans Speleo Magazine (numéro 122 de juin 2023) un article de Philippe A. sur la grotte aux méduses « découverte » en 2018, et dont l’exploration s’est (vite !) achevée en mai 2023, une des plus belles grottes marines concrétionnées de la côte méditerranéenne française.

https://www.facebook.com/speleomagazine/

 

 

 la grotte aux méduses, l’article
5 juillet 2023 3 05 /07 /juillet /2023 17:07

Bientôt dans Ski Rando Magazine et dans vos kiosques un article sur le ski de randonnée en Vanoise autour de Pralognan, inspiré de différentes virées sur place dont, une (petite) semaine de ski de (grosse) poudreuse en avril 2023 :

« Tu es un.e junkie du ski mécanisé ? Un.e boulimique des télé-bidules qui te propulsent en quelques minutes en haut de la piste rouge des chamois de Super-Truc-les-Alpes pour la descendre à la chaîne ? Avec la fermeture des stations de ski, hauts lieux de transmission du covid dans leurs espaces plus fermés et bondés que les grandes surfaces, le funeste mois de mars 2020 t’a brutalement sevré. Tu cherches un moyen de ne pas reproduire ta crise de manque, si jamais les agents pathogènes venaient encore infester les barres de télésiège et perches de téléskis ?

Il est du ski envisageable sans pylône, le ski dit de randonnée, le meilleur traitement de substitution pour traiter ton addiction ! Par contre je ne vais pas te jeter directement en pâture aux ours blancs, panthères des neiges et autres gendarmes qui verbalisent à plus d’un kilomètre du domicile, mais te proposer plutôt un sevrage en douceur à… Pralognan-en-Vanoise, une station qui t’offrira encore une poignée de remontées mécaniques et des restes de civilisation : restaurants, bars… mais sans l’option dance floor à ciel ouvert sur plancher chauffant. Car au-delà des domaines skiables tentaculaires, Espace Killy et autres Paradiski qui ont fait fleurir les télésièges sur bon nombre d’alpages de Haute-Tarentaise, on trouve encore ici, dans cette frange ouest du parc national de la Vanoise, plus d’épicéas que de pylônes. Tu pourras commencer ta cure de désintoxication par le petit bip rassérénant du forfait en bas de la remontée, avant de coller tes scalps de pinnipède sous les skis pour partir dans la terra incognita hivernale, son silence pesant et sa solitude.

[…] »

 

 

ski de rando autour de Pralo, l’article
25 mai 2023 4 25 /05 /mai /2023 17:02

Bientôt dans les kiosques un article de Ski Rando Magazine, avec une sélection de courses autour du Cintu tirée entre autres du voyage de l'hiver 2023

Il est un paradis pour les cochons, une terre de liberté sans cages ou barrières dont le nom est chuchoté dans les soues et crié dans les batteries, un pays où les glands se multiplient à portée de groin, où les arbouses tendres et sucrées tombent des branches pour Noël, et où les truies se laissent facilement conter fleurette au bord des départementales. Il est un pays de cocagne pour les skieurs de randonnée, un mirage qui miroite au-delà de la mer depuis les sommets continentaux, une île de granite fauve coiffé de blanc fichée dans la Méditerranée et appelée « Corse ». C’est là que vos yeux cochons pourront reluquer des strings de neige tendus entre les parois de tafoni, là où vous pourrez vous dorer la couenne sur la plage après avoir fait le sanglier dans le maquis et couiné dans la poudreuse ou sur la moquette, là dont vous reviendrez plein les pattes, rôtis par le soleil (mais pas transformé.e.s en figatelli ou lonzu).

Et oui, la Corse n’est pas qu’un entrelac de plages où viennent bronzer les bipèdes et de routes où viennent poser les quadrupèdes (vaches, veaux, cochons…) devant les objectifs des pinzuti (touristes continentaux pour les insulaires), mais aussi une île plus riche en montagnes qu’en plaines.

[...]

Si les caractéristiques de ces courses peuvent diverger suivant les sources, tant pour les pentes (40° d’après IGN, 50° d’après facebook), difficultés (4.2 selon les topos, 4.9.3 selon Emmanuel Macron, 95D selon Dominique Strauss-Kahn, 5.2 à Marseille, 4.256 à Strasbourg, entre le 3.1 et le 5.2 en Normandie), dénivelées (1200 d’après les syndicats, 120 d’après la police) que conditions (5 cm de poudreuse d’après le bulletin d’estimation du risque d’avalanches, 50 cm d’après les réseaux sociaux), vous y trouverez toujours le bonheur évanescent et irréductible aux chiffres d’un claquage de conversion ou d’un rebond dans la poudreuse qui vole autour des skis.

[...]

22 mai 2023 1 22 /05 /mai /2023 19:58

Un nouveau livre qui vient de paraître pour les "100 plus belles grandes voies en France" (avec un petit peu de favoritisme pour le sud-est !), topos et photos pour cette centaine d'itinéraires tous très beaux mais dissemblables par leur difficulté, équipement, engagement...

https://www.chemindescretes.fr/escalade/62-les-100-plus-belles-grandes-voies-en-france.html

avec une modeste contribution photographique de ma part pour quelques-unes des voies des calanques (avec une correction des crédits pour la prochaine édition).

les 100 plus belles grandes voies en France
20 mars 2023 1 20 /03 /mars /2023 18:53

Ci-dessous l’article presqu’intégral (sans les topos) quant à la session de ski de randonnée en Grèce centrale et Péloponnèse de l’hiver 2022, paru dans le numéro 51 de Ski Rando Magazine.

« Comment ça, tu vas skier en Grèce ? » Si vous ne déclenchez pas l’incrédulité chez vos ami(e)s, c’est que des railleries dans la veine : « mais pourquoi pas de la plongée sous-marine au Tibet ou de la cascade de glace en Egypte ? » - vont bientôt crépiter !

« Mais oui en Grèce, juste au-dessus de la Mer Egée ! » Là on pourrait vous accuser d’abuser de vos réserves de génépi… et pourtant nul besoin d’aide psychiatrique et de camisole de force malgré vos annonces fracassantes et ce coup de grâce : les montagnes grecques réservent du ski à l’ambiance maritime.

L’hiver grec n’est pas ce qu’on imagine, et si vous pensiez siroter un ouzo sous un olivier les doigts de pied en éventail, vous vous fourrez le bâton dans l’œil jusqu’à l’ARVA. La Russie n’est pas loin au nord-est de la Grèce, le froid sibérien non plus, à peine mis à distance par les Mers Noire et Egée, assez grandes pour protéger la péninsule hellénique des chars de Poutine, mais pas pour la couper des flux de nord-est synonymes ici de froid et de neige, parfois jusqu’à… l’Acropole au cœur d’Athènes !

Le mont Dirfi du haut de ses petits 1700 m peut en témoigner : moins élevé qu’un Môle pour les habitants de la vallée de l’Arve, qu’un Pravouta pour un Grenoblois, ce sommet situé à la latitude de la Sicile a vu ses derniers névés fondre au début des mois de … juillet 2017, 2019 et 2020, pour ne citer que les cinq dernières années. La résistance étonnante de la neige grecque aussi tard en été prouve une fois de plus que l’enneigement n’est pas exclusivement dicté par la latitude, ce que l’exemple japonais vient abonder : les Alpes locales, encore plus méridionales que les montagnes grecques,  se voient recouvrir chaque hiver de plusieurs mètres de neige dès quelques centaines de mètres d’altitude…

Plus au sud, au cœur de la Grèce centrale, les sommets du Parnasse, de Giona et de Vardousia titillent les 2500 mètres et offrent des itinéraires de plus grande ampleur, qui plus est au bout d’approches souvent longues. Les conditions nivo-météorologiques rencontrées lors de ce voyage n’auront pas permis d’explorer ces montagnes comme elles le mériteraient, mais l’aperçu glané lors de nos sorties nous incitera à y retourner sous le soleil et… sans le vent.

Encore plus au sud, de l’autre côté du Golfe de Corinthe, les sommets de la péninsule du Péloponnèse vous immergeront dans la mythologie Grecque, du Chelmos au Taygète, des sources du Styx aux amantes de Zeus. Libre à vous de caresser l’une des têtes de Cerbère ou le fils d’un Titan, mais vous profiterez dans tous les cas de panoramas divins sur le royaume de Poséidon que le soleil dore sous vos spatules !

Les Grecs nous ont donc laissé la démocratie, la moussaka, le style ionique ou corinthien… et le ski vue mer au-dessus des oliviers ; on peut même parler de vue « fjords » au-dessus des bras de mer presque fermés de l’Attique et du Péloponnèse. Vous rêvez de skier au-dessus d’un fjord ? Inutile de casser votre petit cochon et d’hypothéquer votre maison pour payer votre semaine de ski-voile en Norvège - finalement passée à manger de la pâte de poisson en tube en regardant la pluie tomber sur le ponton, allez plutôt sous le soleil Grec tracer des pentes vierges au-dessus de la Mer Egée, en dînant de moussaka pour le prix d’une bière en Scandinavie  !

Vous rêvez de figurer parmi les « premiers de cordée » et pas parmi « ceux qui ne sont rien », sans « dépenser un pognon de dingue » ? Inutile de traverser la rue pour trouver un emploi plus lucratif, allez plutôt skier en Grèce pour une promotion en « happiness chief offiskieur» dans la « climb up (et down) nation » ! (toute ressemblance avec des éléments de langage d’un dirigeant politique est purement fortuite).

 

Le 5 février 2022

Après une longue route depuis Athènes marquée par un arrêt au stand pour… changement de chaînes, nous voilà à pied d’œuvre au cœur de l’île d’Eubée, qui a le bon goût d’être reliée au continent par un pont routier.

De notre hébergement dans le village de Stropones, accroché sur le versant nord du Dirfi quelques kilomètres au-dessus de la mer Egée, et jusqu’au col situé à l'ouest du Dirfi, la route est autant un parcours panoramique qu'une simple approche : on suit une corniche sinueuse qui mène de village en oliveraie, de forêts en restanques, avec des points de vue sur la Mer Egée qu'un agent immobilier qualifierait de féériques. Mais, une fois parvenus au col, il faut se résoudre à s'extraire du belvédère roulant pour chausser son propre véhicule à traction non thermique. Parvenus sur l'épaule ouest du Dirfi, la vue mer dépasse les superlatifs les plus vendeurs, mais ne se savoure qu’à dose homéopathique vu le vent glacial qui nous saisit. La dernière montée se fraie d'ailleurs une route délicate sur une neige glacée entre de gros blocs givrés sur une cinquantaine de centimètres d'épaisseur, une ambiance patagonienne qui ne se dément pas au sommet du Cerro Dirfi plâtré par la récente tempête. De là, la Mer Egée et l’archipel des Sporades vers lesquel.le.s sont tournées les combes nord jouent les sirènes, et on plongera donc vers elles sur un beau tapis blanc – sans le moindre requin dans le blanc. La descente s’arrêtera tout de même… à 850 mètres, soit à altitude beaucoup plus basse que ce qu’on aurait pu espérer dans les Alpes françaises à la même période, à distance encore suffisante du Grand Bleu pour nous prémunir des sortilèges mortels des créatures marines mi-femmes mi-poissons.

Un beau sommet à l'ambiance maritime exceptionnelle, du bon ski au-dessus de la Grande Bleue, on comprend que Zeus ait élu domicile sur un autre sommet côtier, le Mont Olympe, mais il doit sûrement se fendre de quelques virées extra-conjugales avec ses nombreuses amantes sur ce Dirfi voisin, à l'abri des regards jaloux d'’Héra !

 

Le 6 février 2022

Les contraintes logistiques du jour nous orientent naturellement vers le Xerobouni, choisi... non pas pour son toponyme à consonance grecque, mais pour son dénivelée modeste et son approche rapide. Ce sera bien plus qu'un plan de repli, une course atypique sur un sommet qui dépasse de peu 1400 m mais a tout des plus grands avec son impressionnante barre de falaises ouest et ses curieuses dolines sommitales, des dépressions karstiques qui donnent au plateau des allures de Verdun... ou Marioupol Grec, l'érosion pluviale ayant ici remplacé les obus. C'est donc du ski « à lecture » comme le dirait un grimpeur, où il s'agit d'imaginer un itinéraire optimisant les remontées au travers de ce labyrinthe de dépressions, avant qu'on ne renoue plus bas avec du ski ludique et facile sur la moquette que le soleil grec a fait pousser entre genévriers et pins épars.

Les yeux et les spatules rassasié.e.s d’Eubée, on peut retourner mission accomplie sur le continent, vers les montagnes du Giona et du Parnasse une centaine de kilomètres à l’ouest.

 

Le 7 février 2022

L’objectif du jour est le Mont Giona, le plus haut sommet Grec au sud du Mont Olympe, entouré de longues vallées et d’une couronne de sommets secondaires, et qui se conquiert donc au prix d’une longue approche. Le départ près du village de Kaloskopi se fait sous les nuages et dans le vent, et ces derniers ne feront que se renforcer au cours de la longue remontée de la route forestière. Parvenus sous le sommet du Platouvina, la météo se dégrade encore, avec un ciel aussi sombre qu’une soutane et vent à déchapeauter un pope ! Atteindre le sommet du Giona ou même poursuivre la montée ne fait pas sens, et la simple évocation des sources chaudes entraperçues la veille sonnera le glas de nos velléités d’ascension du jour.

Après une descente guère plus rapide que la montée sur l’interminable faux-plat de la route forestière, on ira donc se réchauffer dans les sources chaudes de Thermopyles avec leurs vasques d’eau sulfurée à 37°C, bien loin des windchill factors à -10°C du matin !

Dur de résister au jacuzzi naturel en libre accès, et la semaine de ski se transformera encore le lendemain en journée de thermalisme en plein air… près d’un camp de réfugiés à l’environnement plus sympathique que la « jungle » de Calais.

 

 

Le 9 février 2022

Un premier coup d’œil au saut du lit vers les montagnes environnantes suffira à donner la ou les couleur.s de la journée : bleu dans le ciel avec une perturbation désormais évacuée vers l’est, et blanc près des crêtes fouettées par un fort vent de nord qui balaie la poudreuse déposée la veille.

Au départ de Phtérólakka, l’un des stations de ski du Mont Parnasse, nous entamons donc un long combat frontal contre le vent de nord, en formation en colonne de marche. Rapidement l’ordre serré de l’infanterie se disperse, mais, une fois arrivés au col, Eole a levé une armée de flèches d’air qui transpercent nos vestes, nous imposant un repli tactique non coordonnée dans les tranchées entre les rochers. L’ennemi a même miné les pentes raides sous le vent (au sud) de plaques anti-personnel, si bien qu’on effectuera une diversion stratégique coordonnée vers les pentes au vent et non pas sous le vent. Ce sera finalement du bon ski sur des neiges évidemment parfois soufflées, dans un magnifique cadre géologique vers la double arche sommitale de l’antécime nord du Liakoura, avec vue sur le Golfe Maliaque vers le nord au travers de la fenêtre naturelle plâtrée de fraîche.

Encore une belle journée de ski, où l’on en aura pris plein les yeux… et la face avec ce vent de nord qui n’offrait aucune trêve.

 

Le 10 février 2022

Après une route de liaison aussi longue que panoramique, le long du golfe de Corinthe puis à travers des gorges de conglomérat, on atteint la station de ski de Kalavrita située sur le versant nord du Chelmos, la troisième plus haute montagne du Péloponnèse. Si la mythologie grecque situe les sources du Styx dans ce massif, le vent infernal des journées précédentes s’est pourtant bien calmé. On en profitera pour skier à peu près toutes les orientations sur les combes sommitales de l’Aroania – l’autre nom du Chelmos, alternant la neige poudreuse plus ou moins soufflée versant nord et celle en cours de transformation versants sud-est à sud-ouest, globalement du bon ski durant ce tour de la boussole. C’est la combe nord-est plongeant vers la vallée, dominée à l’ouest par les imposantes falaises de la cascade du Styx, qui marquera les mémoires, bonne neige et superbe ambiance sur ce thalweg encaissé entre barres rocheuses et cascades de glace. Mais la dernière remontée sur les pentes sud-ouest, devant les lignes de crêtes sur fond de Mer Ionienne qui commence à briller au soleil déclinant, vaudra également son pesant de feta.

Direction Sparte pour la dernière journée de ce voyage en Grèce, qui se fera d’ailleurs juste au-dessus de la Mer Ionienne, au bout du Péloponnèse, là où seules les montagnes crétoises émergent du bleu vers le sud !

 

Le 11 février 2022

Le Taygetos, sommet du Péloponnèse à plus de 2400 mètres, aimante les regards dès que l’horizon s’ouvre, à la sortie de la ville de Sparte qu’il domine au sud-ouest. La piste du refuge du Taygetos, carrossable en véhicule de tourisme mais encore glacée à l’ombre, permettra de raccourcir l’approche, même si la montée pédestre directe au fond du vallon sis sous le refuge se révèlera un peu trop « sanglier », surtout avec des skis accrochés sur les sacs à dos. Dès la sortie de la pinède et le chaussage des skis à 1400 m, le panorama s’ouvre, notamment vers le sud, la mer qui brille et les montagnes blanches de Crête qui portent bien leur nom ce jour. C’est superbe, derrière les formes biscornues des pins noirs et sapins de Céphalonie, et encore plus sur l’arête nord du Profitis Ilias. On y progresse sur un fil de neige, la mer de chaque côté au-delà des lignes de crêtes noyées dans la brume, jusqu’au replat sommital qui abrite la chapelle orthodoxe.

Les descentes, versant ouest face à la Mer Ionienne, versant est face à la Mer Egée, avec la Crête de profil derrière le Cap Ténare, concluent en beauté cette semaine de ski Grecque, à l’ambiance toute Cycladienne avec du blanc au-dessus du bleu, la neige remplaçant ici la peinture à la chaux des cubes des maisons blanches.

 

EN PRATIQUE

Période

La meilleure période s’étend généralement de janvier à fin mars, pas plus tard que la fin de l’hiver pour garantir un enneigement suffisant sur ces montagnes d’altitude moyenne (pas plus de 2400 mètres) et déjà bien méridionales.

 

Sites de prévisions nivo-météorologiques

Comme expliqué en introduction, l’enneigement de cette région est beaucoup plus copieux que la latitude le laisserait penser, grâce à un climat hivernal humide et rafraîchi par la proximité du bloc froid russe. Pour autant, même si l’enneigement s’avère souvent généreux, il présente une grande variabilité temporelle et spatiale. Il importe donc de vérifier avant le départ si la neige est assez présente pour justifier un voyage de plusieurs milliers de kilomètres : on peut s’assurer de l’enneigement des stations de ski voisines sur www.snow-forecast.com, suivre les prévisions de chutes de neige locales sur www.meteoblue.com ou, encore mieux, baser son analyse sur des vues satellite récentes. Le site https://apps.sentinel-hub.com/sentinel-playground permet justement d’estimer la limite d’enneigement grâce aux vues satellites prises périodiquement (généralement tous les 2 ou 3 jours) de l’ensemble de la surface terrestre, en comparant une vue satellite récente (par ciel dégagé) de la montagne visée avec les courbes de niveau d’une carte. Un moyen universel (affranchi de l’existence de stations de ski et/ou bulletins nivologiques) et permanent pour déterminer en temps réel ou presque la présence de neige ou non sur toutes les montagnes du globe !

A ma connaissance, les seuls bulletins d’estimation du risque d’avalanches sont ceux publiés par certaines stations de ski, comme celle de Kalavrita au nord du Péloponnèse : https://www.kalavrita-ski.gr/local-avalanche-forecast/ (en langue grecque uniquement…) ; ils couvrent donc une zone limitée mais fournissent tout de même une évaluation utile aux skieurs de randonnée qui arpentent les montagnes voisines.

Concernant les prévisions météorologiques, on peut comme partout surfer sur www.meteoblue.com, qui compare les sorties de nombreux modèles différents et permet d’évaluer la fiabilité des prévisions au travers de leur dispersion.

 

Formalités administratives

Une carte d’identité suffit pour rentrer sur le territoire Grec. Il est malgré tout recommandé de vérifier les conditions de voyage sur le site « conseils aux voyageurs » https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/grece/, qui vous informera entre autres d’éventuelles restrictions sanitaires encore/à nouveau en vigueur.

 

Comment y aller

La capitale grecque, en position centrale par rapport aux itinéraires présentés dans cet article, constitue l’aéroport le plus commode, qui plus est bien desservi par de nombreuses compagnies et vols au départ des grandes villes d’Europe de l’Ouest. A noter que chez Lufthansa le transport du matériel de ski (planches + chaussures) est… totalement gratuit !

 

Se déplacer

Il semble difficile de se passer de location de voiture, les points de départ des randonnées présentées dans cet article n’étant en général pas desservis par des transports en commun.

 

Budget/hébergement

La Grèce est un pays plutôt bon marché, en tout cas durant la basse saison hivernale et dans ces destinations à l’écart des circuits touristiques classiques.

On peut y trouver des chambres d’hôtel ou des locations type airbnb de standing correct à bon pour 30 à 50 euros par nuit ; pour les restaurants compter environ 15 à 25 euros pour un repas copieux… et arrosé.

 

En dehors du ski

Entre toutes ces montagnes se trouvent de nombreux sites archéologiques qu’il serait impossible de tous mentionner dans cet article. Leur visite permettra de compléter votre voyage sportif par un petit vernis culturel et historique, et de remplir agréablement une journée de repos dictée ou non par les paramètres nivo-météorologiques.

Pour celles et ceux qui restent imperméables aux charmes de la Grèce antique il est également possible de vous baigner dans les belles sources chaudes (en accès libre) de Thermopyles, placées par la grâce de Zeus sur la route entre… Eubée et le Parnasse, où se trouvent trois des cinq courses présentées dans cet article !

5 février 2023 7 05 /02 /février /2023 11:15

Ci-dessous le texte intégral - hors topos - de l'article paru dans le numéro 50 de Ski Rando Magazine sur ma virée à skis autour d'Andalsnes en mars 2022 : 

Envie d’une parenthèse dans le quotidien parfois un peu étriqué du métro/boulot/dodo ? Pas envie de retrouver votre voisin de palier en voisin de serviette dans un club de vacances exotique aux allures de camp fortifié, ou de vous enfermer à Sarcelles-sur-Neige pour y prendre le métro alpin ?
Pour assouvir vos fantasmes de sea, snow and sun, allez donc plutôt mettre le cap sur la côte norvégienne, là où trace de montée aux allures de piste de ski de fond et combe de descente plus bosselée que la piste rouge des chamois à SuperTruc-les-Alpes ne seront plus qu’un lointain souvenir (mais vous serez peut-être plus gâté en snow qu’en sun…) !

La Norvège offre aux skieurs adeptes de vues mer les milliers de kilomètres de sa côte ouest découpée en fjords, d’anciennes vallées glaciaires envahies par l’Atlantique qui prennent la forme de bras de mer encaissés. C’est un plaisir un peu terni de frustration que de naviguer devant un écran sur les cartes locales, tant de belles pentes skiables et sauvages et si peu de temps… et encore moins de créneaux météo dans cette région très humide. 

Alors pourquoi viser pour votre virée septentrionale de l’année les fjords de Molde, Romsdal plutôt que les centaines d’autres envisageables, et notamment ceux plus connus en France des Lofoten ou des Alpes de Lyngen beaucoup plus au Nord ? Peut-être pour réduire le déplacement de plus de 1000 km, sa durée, son coût et son bilan carbone, un argument qui ne saurait laisser indifférent dans ce pays chantre de l’écologie politique (mais gros exportateur de pétrole et de gaz !). Vous pourrez également terminer le trajet en train ou en voiture depuis l’aéroport d’Oslo, beaucoup mieux desservi que ceux de Harstad ou Tromso. Les aurores se feront moins fréquentes et spectaculaires sous ces latitudes moins boréales que dans le grand Nord Végien, mais vos journées seront plus belles que vos nuits, avec ici comme ailleurs des sessions de ski au-dessus des vallées noyées en U, et ici comme pas ailleurs un vivier de couloirs exceptionnel en regard de leur ampleur et facilité d’accès. 

La vallée de Romsdal, célèbre en Norvège pour le Mur des Trolls qui ferme sa rive gauche, est en effet bordée de grandes parois de granite coupées de couloirs sur les vingt km de son extrémité aval, et sa rive droite notamment offre des lignes superbement encaissées, aisément repérables, observables et atteignables depuis la route du fond de vallée. On y profite donc de longues entailles de neige entre granite et cascades de glace, le tout à seulement quelques centaines de mètres d’altitude - pile au-dessus de la route du fond de vallée, et de conversions ou virages juste à côté d’épées et de stalactites de glace bleutée rares en ski, de quoi goûter à l’ambiance cascade de glace sans acide lactique dans les avant-bras, et sans adrénaline lorsqu’il faut lâcher un piolet pour tenter de visser sa broche dans la glace cassante !

Plus à l’ouest, au-dessus d’Isfjorden notamment, c’est le domaine des courses plus classiques, avec des routes (à péage) dégagées tout l’hiver qui s’élèvent de quelques centaines de mètres au-dessus des fermes à saumons. Au départ de ces parkings d’altitude on peut donc échapper au dur boulot de la trace dans les bouleaux sous 400 mètres, et atteindre des sommets aux formes douces de plus de 1000 mètres, sans jouer des coudes et des bâtons dans la forêt de basse altitude. 
Vous y croiserez d’ailleurs beaucoup de locales et de locaux le week-end. Si votre parade nuptiale à base de dessins de belles courbes dans la poudreuse n’aura pas été récompensée avec le ou la grand.e blond.e de vos rêves, et à défaut d’ « histoire d’O » avec celle ou celui-ci, vous trouverez ici… des « histoires d’eaux ». De l’eau sous toutes ses formes, couleurs et phases : des lacis des fleuves d'eau salée des fjords aux pastilles blanches des lacs gelés, des cascades de glace blanche et bleue sous les falaises aux torrents impétueux ou figés par l’hiver, des neiges dans leur infinie variété aux nuages de vapeur d’eau - qu’il est parfois difficile d’éviter dans ce climat humide !

Encore plus vers le couchant, cette fois littéralement… entre les fjords, on peut facilement improviser des itinéraires depuis les routes côtières - avec départ dans les forêts de bouleaux ou la tourbière, puis profiter des combes et couloirs d’altitude avec vues panoramiques sur les fjords et le grand large. 

C’est le ski à ambiance maritime qui fait le sel du ski en Norvège, mais sur des montagnes à peu près inconnues, où vous croiserez plus de lagopèdes que d’humains, de quoi conjurer le temps qui file en vous fabriquant de la matière mémorielle. Après le temps répétitif du quotidien, parfois presque transparent, c’est en montagne qu’on trouve ce temps suspendu au sens propre et figuré, ce temps court dans le calendrier mais long et profond par les traces qu’il laisse dans les sens et la mémoire. C’est quand le bruit de la ville devient le silence de la montagne que le son sort du bruit de fond et que le silence devient bruit ; l’oreille enfin libérée du brouhaha urbain se concentre sur le coassement d’un chocard ou le cristal d’une stalactite de glace qui s’effondre. L’hiver exacerbe encore plus l’acuité des sens, avec la neige qui lisse les sons et étouffe les reliefs, lorsque sur le grand manteau blanc les seuls motifs sont ceux laissés par les pattes d’un lagopède et le seul son est le chuintement du vent. C’est peut-être dans cette austérité et ce dépouillement, cette isolation sensorielle qui n’en est pas une, cette vie limitée à une ligne tendue entre un point de départ et un sommet, qu’on trouve une liberté qu’on a perdue dans le quotidien matérialiste et encombré ; pourquoi va-t-on en montagne : « pour s’échapper de prison », dirait Ludwig Hohl (cf. son très beau roman « Ascension »)…

Trêve de philosophie à trente centimes d’euros, la Norvège ne se limite pas à ses lagopèdes et à ses vents ; c’est aussi un pays avancé où modernité et vie traditionnelle se côtoient pour le plus grand plaisir des yeux. Aux impressionnants ouvrages d’art des routes côtières – ponts suspendus et tunnels de plusieurs kilomètres - succèdent imperturbablement les petits villages d’éleveurs et de pêcheurs avec leurs maisons colorées en bois et leurs antiques stavkirke ; aux enclos des moutons qui s’ébrouent dans les champs répondent les disques des fermes à saumons quelques centaines de mètres au large, bref autant de quoi rendre les approches routières plus intéressantes !

Les suggestions d’itinéraires ci-dessous vous donneront un fil d'Ariane dans le labyrinthe de fjords, et si sur les cartes locales vous vous sentez lost in translation entre les store, tinden et autres vatnet, il vous restera toujours le viatique des topos ci-dessous à la recherche de la plus belle ligne ou du plus beau point de vue !

EN PRATIQUE

Période
La meilleure période s’étend de mi-février à mi-avril au plus tard, mi-février pour disposer d’une durée de jour suffisante et mi-avril pour une neige encore présente et pas trop dégradée à basse altitude.

Sites de prévisions nivo-météorologiques
L’enneigement de cette région située à plus de 60° de latitude nord peut être plus capricieux que sa position septentrionale le laisserait penser, la faute au Gulf Stream qui apporte un climat océanique doux. Même au cœur de l’hiver, ces montagnes d’altitude modérée partout inférieure à 2000 mètres -la plupart des départs de rando se faisant au niveau de la mer – ne sont pas à l’abri de redoux pluvieux altérant l’enneigement tant quantitativement que qualitativement.
Il est judicieux de vérifier sur le Web les conditions d’enneigement avant le départ, d’autant plus que la Norvège offre un site de suivi de l’enneigement exceptionnel, unique au monde à ma connaissance par la densité de son maillage spatial : www.senorge.no/map. Ce service donne et prédit l’épaisseur et la qualité du manteau neigeux sur l’ensemble du territoire norvégien, avec un pas de seulement quelques centaines de mètres de largeur !
Le site http://www.varsom.no/en/ fournit quant à lui une estimation des risques naturels, dont un bulletin actualisé quotidiennement pour les avalanches, avec là également un maillage géographique par massif très fin, et une richesse d’informations qui n’a rien à envier à celle de ses homologues français ou suisses.
Pour la prévision météorologique, on peut comme toujours surfer sur www.meteoblue.com (qui donne accès aux sorties de nombreux modèles météo différents) ou sur le site local https://www.yr.no/en

Formalités administratives
La Norvège fait partie de l’espace Schengen mais pas de l’Union Européenne ; une carte d’identité suffit pour rentrer sur son territoire. Il est malgré tout recommandé de vérifier les conditions de voyage sur le site « conseils aux voyageurs » https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/norvege/, qui vous informera entre autres d’éventuelles restrictions sanitaires encore/à nouveau en vigueur.


Comment y aller
Pour rejoindre Oslo le plus rapide est bien sûr l’avion, de nombreuses compagnies desservant la capitale norvégienne depuis Paris ou les métropoles de province. A noter que chez Lufthansa le transport du matériel de ski (planches + chaussures) est… totalement gratuit ! 
Pour les intégristes du bilan carbone, il est possible de gagner Oslo en train, compter plus de 24 heures de voyage et quelques correspondances, mais le charme d’une montée progressive en latitude…

Se déplacer
Il est possible et facile de rejoindre Andalsnes depuis Oslo ou son aéroport en train (1 ou 2 changements, correspondance courte), de là il doit par contre être difficile de se passer de voiture particulière.
On trouve évidemment des locations de voiture à l’aéroport d’Oslo, aisément mais chèrement (les pneus neige étant évidemment de série en Norvège).
Ici encore plus qu’ailleurs, attention à bien respecter les limitations de vitesse, question de sécurité routière mais aussi… financière avec de nombreux radars et des amendes pour excès de vitesse qui chiffrent bien au-delà des 500 euros !

Budget
C’est là que le bât blesse, ou plutôt que le… bas de laine souffre ! La Norvège est un pays cher, aux niveaux de vie et salaires élevés, et qui importe une grande partie de ses biens de consommation. Même le carburant dans ce pays parmi les plus grands producteurs au monde de pétrole et de gaz affiche un prix bien plus élevé qu’en France.
Et inutile de noyer votre chagrin de « nouveau pauvre » dans l’alcool, les bières se vendent ici près de 5 euros en supermarché !

Vous faudra-t-il pour autant souscrire un crédit à la consommation et mettre votre maison en gage ? Non, car des solutions existent pour ne pas être trop au sud à l’ouest financièrement à votre retour, comme expliqué ci-dessous !

Hébergement
L’hôtellerie classique est chère, mais on trouve souvent des campings qui proposent des bungalows à tarif raisonnable (compter environ 100€/nuit pour 2 à 4 personnes). Autre option envisageable pour celles et ceux qui ne paient pas l’ISF : les hébergements du type location chez des particuliers (comme airbnb pour ne pas le citer), où l’on peut trouver des chalets pour 2 à 4 personnes pour 150 à 250 €/nuit, ambiance cosy et vue sur les montagnes et/ou le fjord inclus.
Pour ces deux familles d’hébergements les cuisines intégrées permettant de se faire à manger réduiront un budget restauration qui pourrait sinon vite s’élever (compter 15 à 20 euros pour une pizza, et 10 euros pour un sandwich) !

5 février 2023 7 05 /02 /février /2023 11:11

Dans le numéro 51 de Ski Rando Magazine qui vient de paraître (février - mars 2023), un article sur ma virée à skis en Grèce centrale et dans le Péloponnèse, une belle occasion en cet hiver 2022 pauvre en neige dans les Alpes de chausser à 800 mètres d'altitude au-dessus de la Mer Egée !

https://www.skirandomag.com/2022/11/24/grece-les-fjords-de-la-mer-egee-a-ski/

 

 

les fjords de la Mer Egée à skis
29 septembre 2022 4 29 /09 /septembre /2022 18:08

Ci-dessous le texte intégral - sans les topos détaillés - de l’article paru dans le numéro 48 de Ski Rando Magazine :


Vous passez pour un.e original.e le lundi matin autour de la machine à café ? Vos collègues vous accusent de faire de rimer ski avec taxidermie, et de dépecer des phoques pour coller leurs peaux sous vos planches ? Ils ne comprennent pas vos pulsions masochistes à ignorer les remontées mécanisées pour mieux maltraiter vos jambes et poumons, tout ça pour divaguer à plus d’une heure de marche et d’un km de la civilisation, à la merci donc des loups, des ours… et des amendes ? Ils se gaussent de votre préférence pour le silence du vent et des chocards par rapport à l’aboiement du heavy metal dans la cabine de téléphérique ? Histoire de parfaire votre image de misanthrope inconscient et de plomber votre bilan carbone au kérosène, emmenez maintenant vos skis et vos peaux de phoques dans les couloirs du centre de la Turquie, droit dans la gueule des loups gris. Après un tel voyage, votre santé mentale ne sera même plus à débattre dans votre entourage, et votre psy pourrait décider de confisquer votre collection de scalps de pinnipèdes et de vous envoyer en camp de rééducation à Courchevel pendant les vacances scolaires de février ! 
Trêve de clichés, si vous aimez l’aventure autant que le confort, vous devriez au plus tôt inscrire à votre agenda un séjour de « kayak » (ski en Turc) dans l’Aladaglar, un petit paradis du ski de couloir, assez sauvage pour y faire les premières traces, mais pas assez pour ne pas vous offrir un hébergement douillet et connecté après ! Soyez rassuré.e.s, vous pourrez donc continuer le soir d’envoyer des selfies sur le parking, de « liker » des inconnus et de regarder des vidéos de chatons sur votre ordiphone. C’est de l’aventure… aux heures de bureau, toutes les courses pouvant se faire à la journée pour un skieur pas forcément fort comme un Turc mais suffisamment entraîné. 
La chaîne des Taurus sépare l’immense haut-plateau Anatolien de la Méditerranée au sud et s’élève jusqu’à près de 3800 m dans l’Aladaglar (« montagnes du milieu ») entre les villes de Kayseri et d'Adana. Ce massif de l’Aladaglar prend une allure très alpine avec ses grandes parois de calcaire fauve striées de couloirs, un morceau de Cerces ou de Haute-Ubaye made in Turkey, mais en version XXL (la face sud-ouest -rocheuse- du Demirkazik affiche plus de 1500 mètres de haut au compteur), le tout avec en piment sur le kebab l'exotisme des chants des muezzins qui remontent des minarets des villages environnants vers les sommets. 
Ce massif est sans doute devenu la destination de ski de randonnée Turque la plus populaire depuis l’Europe, à juste titre puisqu’on y trouve l'un des meilleurs compromis possibles entre exotisme et facilité d'accès, beauté des montagnes et facilité logistique : de nombreux vols bon marché depuis la France avec une seule correspondance, des montagnes calcaires tout bonnement majeures et des hébergements et restaurants à prix plus que doux. Même si depuis Erdogan le pays se clive de plus en plus entre laïques et islamistes, kurdes et nationalistes, l'accueil et la gentillesse turcs n'ont pas changé : on ne trouve partout que sourires et prévenance, qui se transforment vite en curiosité et invitations au tchaï (thé en turc).   
Au-delà des sommets et itinéraires « classiques » (ce mot revêtant ici un sens évidemment différent que dans les Alpes…) sporadiquement parcourus par des occidentaux en goguette, on y trouve des couloirs exceptionnels par leur ampleur et leur beauté, des coups de sabre dans le calcaire qui font frétiller les spatules dès que le regard se pose sur leur string blanc tendu entre les falaises fauves.
Je décrirai ici une sélection toute personnelle, du sud vers le nord du massif, de couloirs que j’ai parcourus une voire même deux fois entre 2012 et 2017, au cours de… trois voyages à skis différents ! Nulle addiction aux loukoums ou aux kebabs de mon côté, mais un plaisir toujours renouvelé d'explorer à skis l'une des plus belles montagnes calcaires que je connaisse, notamment pour son potentiel en couloirs.

Couloirs du Karanfil Dagi
Cette montagne massive isolée du reste du massif au sud offre un immense versant ouest, facilement accessible au-dessus de la route Pozanti Camardi. On y trouve une face raide de plusieurs kilomètres de long et 1500 mètres de haut, striée de couloirs orientés à l’ouest, le bonheur des skieurs lève-tard mais héliophiles. Qui plus est, l’approche est raide et directe depuis le haut des pistes carrossables dominant la route, loin des longues séances de ski nordique imposées par la topographie des fonds de vallée typés Ecrins du cœur de l’Aladaglar. Vous pourrez donc profiter les mollets et tympans encore frais de la douce mélopée des muezzins qui monte depuis les mosquées du fond de vallée quelques centaines de mètres sous vos spatules, un cauchemar pour les adeptes du « grand remplacement » mais un bonheur pour les adeptes de l’exotisme à skis !
Les itinéraires les plus évidents partent de la grande combe ouest, une large et longue rampe de décollage vers le lacis de couloirs sommitaux, dont je décrirai deux représentants, des lignes évidentes conduisant au sommet ou sur la crête sommitale.

Couloir ouest du Kizilin Baci
Comme pour les deux courses précédentes, c’est un couloir de « feignant » rapidement accessible, mais où petite approche rime (ou plutôt ne rime pas) avec grosse ambiance. On distingue bien depuis la route Camardi Pozanti cette entaille de neige dans la grande paroi de calcaire qui court versant ouest du Kizilinbaci au Cobankiri, au-dessus du village d’Elekgölü.
A l’inverse des itinéraires labyrinthiques du Karanfil Dagi, on parcourt ici un couloir encaissé de sa base à sa sortie, sans aucune tergiversation possible sur le choix de telle ou telle branche du couloir. Inutile donc d’envoyer le sang dans le cerveau, mieux vaudra plutôt le diriger vers les jambes dans ce long couloir dont la moitié supérieure se remontera qui plus est skis sur le sac. Les jambes tireront, le souffle se fera court, l’acide lactique saturera vos mollets… et la dopamine votre cerveau dans ce couloir superbement encaissé soutenu sur 500 mètres ! Le couloir ménage ses effets du bas en haut, alterne encaissements parfois très marqués, virages, sections relevées ou plus tranquilles, et offre donc à vos yeux ébaubis un décor varié mais toujours grandiose, dans la dualité montagnarde de l’homme infiniment petit dans la nature infiniment grande.
L’arrivée sur l’immense plateau sommital sera vécue autant comme un soulagement qu’une frustration, soulagement de pouvoir poser le sac et reposer les mollets, frustration que le spectacle s’arrête déjà, mais les pentes convexes du début de la descente puis la section étroite à près de 50° auront vite fait de vous faire oublier vos émois d’éternel insatisfait !


Couloir nord-ouest du Kayacik
A force de remonter vers le nord, on parvient maintenant au cœur du massif de l’Aladaglar, dans le vallon de Narpuz qui mène aux sommets centraux du massif. Pour autant, afin d’éviter de mes lecteurs (sus à l’écriture inclusive) un procès pour mise en danger de la peau de leurs pieds ou même une fatwa, j’ai encore sélectionné un couloir d’approche plutôt courte, le terme plutôt faisant référence tant à la variabilité de la longueur de l’approche suivant les conditions de déneigement de la piste d’accès qu’à la comparaison avec les courses évoquées ci-dessus… Nonobstant ces bémols, vous pourrez accéder rapidement à une ligne majeure de couloir, long, raide et encaissé comme il se doit ! Je n’ai pas sorti ce couloir lors de mon parcours en 2017, manque de temps et de neige, mais il semblerait d’après mes repérages qu’il débouche bien sur la crête faîtière. La première intégrale reste donc sans doute à décrocher, de quoi prétendre à vos 15 minutes de célébrité, sans même à avoir à croquer des araignées devant des caméras de télé-réalité.

Tour du Demirkazik
Vous vous rappellerez longtemps ce splendide tour du Demirkazik, exceptionnel par la variété et la beauté de son cadre, entre les parois crénelées de calcaire orange du couloir de montée (rappelant le tour des Veyres au-dessus de Ceillac pour les amateurs de Queyras sauvage...) et l'incroyable canyon de Cimbar, avec ses kilomètres de ski au fond d'une gorge parfois large de 3 mètres et haute de plusieurs centaines de mètres, l'occasion à ma connaissance unique de mélanger skis... et canyonisme. Cet itinéraire qui ne comprend qu’un très court couloir pourrait ne pas figurer dans cette sélection de couloirs, mais ses quelques pentes raides et surtout son esthétisme devraient vous convaincre du contraire.
C’est sans exagération l’un des plus beaux itinéraires que j’aie pu parcourir à skis dans mes 3 décennies de randonneur ; rien n’est à jeter dans cette succession longue et variée de passages d’anthologie. Un tel itinéraire en France verrait sans doute une fréquentation bien supérieure à celles des chourums du Dévoluy un dimanche de vacances scolaires et de beau temps, alors qu’ici au fin fond - au sens propre pour le canyon ! – de l’Anatolie, en temps d’Erdogan et de crise sanitaire, il serait surprenant que vous ne deviez pas traçer.


Couloir Hodgkin Peck au Demirkazik
Autant finir par ce couloir qui hante mes nuits depuis ce funeste jour de mars 2017 et son demi-tour sans même avoir atteint son pied ! Il figurait pourtant en tête de liste des objectifs du voyage, mais les conditions sèches de cette saison, le déneigement complet de l’approche sur éboulis plein sud jusqu’à plus de 2500 m ont eu facilement raison de nos velléités, alors que des couloirs orientés au nord nous tendaient leurs bras strings de neige sans le moindre portage ! C’est une ligne qui nous faisait de l’œil pour de bonnes raisons, un couloir raide et rectiligne sur près de 1000 mètres de dénivelée, sortant sur l’épaule du point culminant du massif, visible depuis la route à l’ouest. Pour autant cela reste un objectif sérieux, pas souvent skié (mais déjà notamment par le couple de Français qui a récemment skié le Nanga Parbat – sommet certes plus connu que le Demirkazik) ! L’approche est effectivement longue et parfois ingrate, mais n’oubliez pas qu’en montagne la saveur des choses se mesure aussi à leur difficulté, la beauté d’un même panorama s’appréciant par exemple différemment suivant qu’il s’accède en téléphérique ou deux jours d’ascensions techniques - reste de culture judéo-chrétienne ou d’élitisme montagnard ?


EN PRATIQUE

Période
L’enneigement de ces montagnes hautes et proches de la Méditerranée est généralement bon - mais peut s’avérer capricieux suivant les années. Il est judicieux de vérifier les conditions d’enneigement avant le départ sur le Web : recherche avec mots-clés sur Facebook ou moteur de recherche, webcam/rapports d’enneigement de stations de ski voisines (Ercyies Kayak), voire vues du satellite Sentinel (cf. ski rando magazine numéro 25 dossier « chassez la poudre » qui détaille des méthodes efficaces pour estimer les conditions de neige à distance).
La meilleure période s’étend sans doute de mi-février à mi-avril au plus tard, une fois les couloirs remplis et avant que le soleil ne brille trop fort dans ces montagnes situées à la latitude de la Sicile.
La hauteur du soleil a le tort d’accélérer la fonte, mais aussi le mérite de vite transformer la neige fraîche, votre cœur et vos skis balanceront le plus souvent entre poudreuse et moquette dans ces montagnes orientales et surtout méridionales. Ici on ne casse la croûte qu’en sortant son sandwich ! 


Formalités administratives
Comme pour tout voyage dans un étranger un tant soit peu exotique, encore plus en temps de restrictions de voyage inédites, il est recommandé de vérifier les conditions de voyage en Turquie sur le site « conseils aux voyageurs » https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/turquie/#, qui vous informera du caractère obligatoire ou non de la moustache pour passer le poste de l’immigration Turque à l’arrivée.


Comment y aller
En avion pour Kayseri ou Adana, les deux grandes villes les plus proches du massif de l’Aladaglar, à environ 2 heures de route. En compagnie régulière Turkish Airlines et en « low cost » Fly Pegasus offrent par exemple de nombreux vols (avec correspondance à Istanbul) et de bonnes prestations. A noter que chez Fly Pegasus le transport d’une paire de skis coûte moins de 5 € par vol…


Se déplacer
Il est difficile voire impossible de rejoindre les points de départ en transports en commun. De nombreux loueurs de voiture sont basés sur les aéroports de Kayseri ou Adana, compter environ 200 € par semaine pour les « grands loueurs » internationaux, moins avec un loueur « local ». Si les grands axes routiers sont généralement en bon état, il convient de ne pas rouler trop vite sur les axes secondaires, tant vis-à-vis de l’état de la chaussée que du type de trafic (carrioles tractées par des ânes, piétons sans éclairage en pleine nuit…).

Budget
Suite aux tensions entre le régime Erdogan et les Etats-Unis de Trump et au coup d’état raté de juillet 2016, la livre Turque s’est effondrée (avec sa parité par rapport à l’euro divisée par 2 depuis 2016), et d’un pays déjà bon marché la Turquie est devenue une destination ultra-compétitive sur le marché des voyages (en tout cas pour les détenteurs de devises « fortes » comme l’euro). 
Compter 40€ par nuit pour une chambre double dans un hôtel de bon standing, 20 à 30€ par jour pour une location de voiture de gamme intermédiaire.


Hébergement
Au pied de l’Aladaglar, on trouve des hébergements à Cukurbag, chez le spécialiste du massif Recep Ince et sa femme https://www.aladaglarcamping.com/ ou à l’hôtel Sezer http://www.sezermotel.com/ un peu plus au sud sous le Karanfil.
Plus loin, des hôtels de bon standing à Nigde une heure de route à l’ouest, ou des complexes thermaux à Pozanti une heure de route au sud, de quoi bien délasser vos muscles endoloris, le tout à un prix défiant tout entendement vu la parité entre l’euro et la livre turque.
Attention, tous ces hébergements ne figurent pas sur Internet et ne peuvent pour certains pas se réserver en ligne.


En dehors du ski
Il serait dommage lors d'une journée de repos ou de mauvaises conditions de ne pas profiter du voyage pour aller en Cappadoce, à une heure et demi de route au nord, pour y découvrir les superbes formations géologiques de tuf multicolore creusé d'antiques églises troglodytes.


Matériel
Le ski de couloir tend plus vers le ski-alpinisme que vers le ski de randonnée au sens littéral, il faudra donc bien se munir de son passe…couloir à base de casque, crampons et piolet pour toutes les courses décrites ci-dessous.


Cartes
On est en Turquie, pays à la cartographie incomplète sinon confidentielle, et ici comme ailleurs, une solution réside dans open topo map et ses cartes – certes peu précises - disponibles sur le Web et/ou les vues satellites (par exemple sur Google Earth).


Bibliographie
En magazine papier Ski Rando Magazine numéro 22 pour la description de la haute route de l’Aladaglar. 
Sur Internet des topos de ski de randonnée du massif sur les sites www.skitour.fr et www.camptocamp.org 
En topo papier celui de Recep Ince : « comprehensive guide to Aladaglar »

29 septembre 2022 4 29 /09 /septembre /2022 18:02

L’article sur la semaine de ski de mars 2022 aux confins du Romsdalen vient d’être publié dans le numéro 49 de Ski Rando Magazine :

https://www.facebook.com/skirandomag

https://www.skirandomag.com/2022/07/06/norvege-du-romsdal-au-sunmore/

ski de rando en Norvège, des couloirs au grand large, l'article
13 juin 2022 1 13 /06 /juin /2022 17:56

« Bientôt dans vos kiosques » un article sur le ski de randonnée autour d’Athènes - une belle destination de ski découverte en février 2022 - sur l’île d’Eubée, en Béotie ou dans le Péloponnèse, avec en guise de fil d’Ariane… la Mer Egée, ses bras de mer et ses golfes presque fermés sous les spatules ! 

« Comment ça, tu vas skier en Grèce ? » Si vous ne déclenchez pas l’incrédulité chez vos ami(e)s, c’est que des railleries dans la veine : « mais pourquoi pas de la plongée sous-marine au Tibet ou de la cascade de glace en Egypte ? » - vont bientôt crépiter !
« Mais oui en Grèce, juste au-dessus de la Mer Egée ! » Là vos ami(e)s pourraient vous accuser d’abuser de vos réserves de génépi… et pourtant nul besoin d’aide psychiatrique et de camisole de force malgré vos annonces fracassantes et ce coup de grâce : les montagnes grecques réservent effectivement du ski à l’ambiance maritime !

L’hiver grec n’est pas ce qu’on imagine, et si vous pensiez siroter un ouzo sous un olivier les doigts de pied en éventail, vous vous fourrez le bâton dans l’œil jusqu’à l’ARVA. La Russie n’est pas loin au nord-est de la Grèce, le froid sibérien non plus, à peine mis à distance par les Mers Noire et Egée, assez grandes pour protéger la péninsule hellénique des chars de Poutine, mais pas pour la couper des flux de nord-est synonymes ici de froid et de neige, parfois jusqu’à… l’Acropole au cœur d’Athènes ! 

Le mont Dirfi du haut de ses petits 1700 m peut en témoigner : moins élevé qu’un Môle pour les habitants de la vallée de l’Arve, qu’un Pravouta pour un Grenoblois, ce sommet situé à la latitude de la Sicile a vu ses derniers névés fondre au début des mois de … juillet 2017, 2019 et 2020, pour ne citer que les cinq dernières années.

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