25 septembre 2024 3 25 /09 /septembre /2024 13:38

Parution dans le numéro 57 (octobre – novembre 2024) de Ski Rando Magazine de mon article sur le ski autour du col de l’Izoard, mythique pour les cyclistes, mais à ne pas négliger non plus par les skieurs de randonnée !

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Izoard, dans les traces des casses du Queyras, l'article
26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 20:41

Ci-dessous le texte - sans les topos - de l'article paru en septembre 2023 sur le ski de rando autour de Pralognan-la-Vanoise :

https://www.skirandomag.com/numero53

Tu es un.e junkie du ski mécanisé ? Un.e boulimique des télé-bidules qui te propulsent en quelques minutes en haut de la piste rouge des chamois de Super-Truc-les-Alpes pour la descendre à la chaîne ? Avec la fermeture des stations de ski, hauts lieux de transmission du covid dans leurs espaces plus fermés et bondés que les grandes surfaces, le funeste mois de mars 2020 t’a brutalement sevré. Tu cherches un moyen de ne pas reproduire ta crise de manque, si jamais les agents pathogènes venaient encore infester les barres de télésiège et perches de téléskis ?
Il est du ski envisageable sans pylône, le ski dit de randonnée, le meilleur traitement de substitution pour traiter ton addiction ! Par contre je ne vais pas te jeter directement en pâture aux ours blancs, panthères des neiges et autres gendarmes qui verbalisent à plus d’un kilomètre du domicile, mais te proposer plutôt un sevrage en douceur à… Pralognan-en-Vanoise, une station qui t’offrira encore une poignée de remontées mécaniques et des restes de civilisation : restaurants, bars… mais sans l’option dance floor à ciel ouvert sur plancher chauffant. Car au-delà des domaines skiables tentaculaires, Espace Killy et autres Paradiski qui ont fait fleurir les télésièges sur bon nombre d’alpages de Haute-Tarentaise, on trouve encore ici, dans cette frange ouest du parc national de la Vanoise, plus d’épicéas que de pylônes. Tu pourras commencer ta cure de désintoxication par le petit bip rassérénant du forfait en bas de la remontée, avant de coller tes scalps de pinnipède sous les skis pour partir dans la terra incognita hivernale, son silence pesant et sa solitude. 

Trêve d’œcuménisme, Pralognan est situé au cœur de la Vanoise, au bout de la vallée des Doron, contre le versant ouest des Dômes de la Vanoise - dotés de ce qui reste toujours le plus gros appareil glaciaire du massif éponyme – et de la Grande Casse, point culminant du massif. Lorsqu’on pense Vanoise, on imagine des marmottes qui s’ébrouent sur une prairie du Parc National ou des skieurs qui s’ébattent sur une piste d’une station de Tarentaise, et Pralognan – Pralo pour les initié.e.s – réalise la synthèse de ces deux images mentales dissemblables, façon « en même temps » macronien.
Qu’on en juge : près géographiquement mais loin paysagèrement des usines à ski voisines et de leur urbanisme façon Sarcelles-sur-Neige, on y trouve encore un village à taille humaine sans barres de studios all inclusive, volontairement plus tourné vers les sports doux – randonnée à pieds ou à skis – que vers le ski mécanisé. C’est donc un petit Chamonix made in Vanoise (sans la foule cosmopolite ou les pizzas à 30 euros) où l’on cultive plus un entre-soi montagnard que le m’as-tu vu censitaire de Courchevel ou le tourisme hivernal de masse. 
Deux versants dissemblables se font face : un versant est vierge de remontée et plus généralement d’aménagement, un versant ouest équipé de télésièges sur sa partie basse, en forêt principalement, sans que cela nuise à la wilderness du haut de ce versant. Ils offrent tout l’éventail de paysages et de terrains de ski de la montagne à ses différents étages : forêt, alpages et glaciers sur le roof top, ce dernier étage comprenant d’ailleurs des glaciers suspendus, de calottes, de cirque, de cône d’avalanche (rares)… une anthologie des glaciers alpins qui n’attend que vos skis avant de fondre complètement.
Un terrain varié donc, doté d’une grande variété d’exposition et de difficulté, de la balade du dimanche avec votre belle-mère à la course entre allumettes-collants-pipettes (du bas en haut), les remontées mécaniques qui vous propulsent à 2000 m sans la moindre crampe ou goutte de sueur permettant d’ailleurs d’accéder aux plus hauts sommets dans la journée avec une dénivelée plébéienne.

On a pu découvrir ce beau terrain de jeux en ce début de printemps 2023, lorsqu’après des semaines de sécheresse la montagne a enfin repris un aspect plus hivernal. Après une montée progressive en latitude depuis le Sud, et des escales en Ubaye, Piémont et Maurienne, nous arrivons plein de mélanine et d’acide lactique un mardi soir un peu glauque sur Pralognan, sous un plafond de brouillard qui ne laisse pas repérer la suite du programme de cette semaine de ski de rando.

Le mercredi matin, le soleil a retrouvé le chemin du ciel, et la montagne scintille avec son revêtement refait à neuf, de quoi nous faire frétiller les spatules sur le télésiège qui nous emmène comme beaucoup d’autres à l’altitude 2000 m. En cette première journée on a prévu de monter sur la calotte glaciaire des Dômes de la Vanoise puis de revenir par les cirques ouest, un programme de grande ampleur qui justifie une entorse à l’éthique du montagnard avec l’usage des remontées mécaniques. La station de Pralognan a d’ailleurs cette particularité qu’on y croise à certains horaires plus de randonneurs à skis que de skieurs de piste, le sac à dos permettant de ségréger les deux catégories ; nombreux sont celles et ceux qui font preuve comme nous de pragmatisme dans leur usage des télésièges en regard de celui de leurs peaux autocollantes…
Quoi qu’il en soit, les températures froides du jour (avec un isotherme 0 coincé tout en bas dans la vallée) rendent inconfortables la moindre pause, et c’est donc encore frais mais bien refroidis par les -15°C ambiants que nous rejoignons le plateau glaciaire de la Réchasse. Tu parles d’un réchauffement climatique, encore un complot des chinois et des fabricants de voitures électriques !
Les Dômes de la Vanoise s’apparentent plutôt ici à un immense plateau suspendu où le glacier a gommé la moindre aspérité et le moindre escarpement, un inlandsis made in Vanoise - d’ailleurs le seul des Alpes françaises. Les températures polaires des lieux s’accordent bien avec ces paysages, mais nos thermorécepteurs n’ont que faire de ce que nos mollets, cœurs et yeux réclament, et nous poursuivons, sans nous arrêter mais en frissonnant, vers le Dôme des Sonnailles, malgré les premiers cumulus qui commencent à se multiplier vers l’ouest. Une petite heure plus tard, les gentils nuages décoratifs se sont transformés en un tsunami de volutes grises qui nous engloutit au sommet, juste avant d’aborder la descente complexe de son versant ouest coupé de barres rocheuses... Plus de détour par les cirques ouest au programme mais plutôt une descente directe vers la vallée dans le jour blanc, heureusement des traces récentes feront office de fil d’Ariane, et Iphigénie de viatique. On parviendra sans encombre à rejoindre le Doron de Pralognan, bien entamés par une descente gâchée par le brouillard en haut et la croûte non portante en bas, des aléas de ne pas adapter les plans de course à l’évolution des conditions météorologiques. Quoi qu’il en soit, un grand bol d’air froid mais pur, avant de retrouver dans le chalet de location l’odeur de reblochon oublié au soleil des chaussons de ski…

Après la descente de la veille dans les nuages, on tire les leçons du but météo et vise ce jeudi une course moins longue au-dessus du lac de la Patinoire, vu l’instabilité convective encore prévue dans l’après-midi. Le cirque du glacier éponyme offre tout un éventail d’orientations, du sud-ouest à l’est, de quoi optimiser sur place le choix de la course en fonction du niveau de cuisson de la neige, de « sortant du congélateur» à « bien trop cuite » ! 
Arrivés au lac de la Patinoire et son beau mur de glace stratifiée au niveau du front aval (un glacier de cône d’avalanches rare dans les Alpes !), on constate que la neige a été oubliée dans le four (solaire) en adrets - ou que les « grasses matinées » se paient en neige « grasse » au printemps - et prend donc le cap du versant est de la Pointe du Creux Noir. Cette pente est tourne progressivement nord-est, si bien que la neige lourde du bas se transforme en une belle poudreuse légère. On s’en réjouit et rêve déjà de gerbes de neige qui passeront dans la postérité photographique, sans remarquer que le vent a travaillé le manteau, doté de plus de cohésion et parfois croûté en surface.  Alors que je m’applique à zébrer de conversions la base du couloir nord conduisant au sommet, c’est la montagne qui me rappellera mon manque de vigilance lorsque je verrai la pente devant moi se fissurer et me sentirai glisser avec la plaque qui vient de céder sous mes skis… L’adrénaline sera comme souvent ma meilleure conseillère, et sans que j’aie le temps de réagir, mes jambes décident de filer en traversée vers le bas, tout schuss sur mes peaux et les talons libres… Un style disgracieux en télémark sur skis qui collent, et qui se conclut d’ailleurs par une chute tête la première dans la neige dès qu’un petit regard en arrière me prouve que j’ai pu échapper à la coulée. En cohérence avec le risque 2 du bulletin d’estimation des risques d’avalanches, la plaque de dimension modeste (entre 10 et 20 cm à la rupture, une vingtaine de mètres de largeur et cinquantaine de longueur) n’a conduit qu’à un petit dépôt épais de moins d’un mètre, sans doute pas suffisant pour ensevelir un skieur, mais une petite piqure de rappel sur le bras qui vaut mieux qu'un impact de pointe de sonde sur la face !
Skieur échaudé craint la neige froide, et on se redirige donc vers le col du Vallonnet, dont la rive gauche raide et cornichée offre par contre l’immense avantage d’avoir déjà transformé en neige « chaude ». On murmurera tout de même quelques « pas bouger » à la vague figée de neige qui nous domine ; nos incantations nous permettront de rejoindre sans histoire et surtout sans avalanche le col.
La descente s’avèrera meilleure que la veille, meilleure par la visibilité mais aussi les conditions de neige, de la poudreuse parfois un peu croûtée, qui perdra d’abord en qualité sur l’adret du Glacier de la Patinoire, puis en quantité sous le Chalet des Gardes, dans une pente sud raide déjà déplumée par le vent et le soleil. On rejoint ensuite le (télésiège du) génépi et les bières de son bar de piste, à se demander si le nez couleur fraise des bois des randonneurs à skis vient de leurs coups de soleil ou de leurs coups à boire ([sic])…

Après une pause (télétravail !) imposée par une journée de neige et de brouillard, on retourne ce samedi dans notre dure routine quotidienne à base de télésièges, pas alternatif puis sinusoïdes à la périodicité qui constitue une signature en soi !  On vise cette fois une autre classique au départ de Pralognan, le col de la Glière par son glacier éponyme (ah le manque d’imagination des topographes !), avec des orientations sud mais une nouvelle couche de fraîche pas encore gâchée par un soleil d’avril. Comme deux jours plus tôt, la neige devient vite profonde et légère sur le glacier dès qu’on passe d’un versant sud à un versant ouest, au point que les relais de traçage se font de plus en plus fréquents… Le col de la Glière s’atteint skis sur les épaules par une vingtaine de mètres raides, les skis une fois remis dans leur position naturelle sous les pieds nous assurent une bonne portance dans cette poudreuse sans fond. Comme promis à la montée, le ski sera d’anthologie à la descente dans une neige vierge mis à part les zébrures de la trace de montée, épaisse et légère comme rarement. Les photos témoigneront a posteriori d’un enfoncement jusqu’à la taille, les bâtons et jambes complètement enfouis dans une matière blanche pulvérulente, sans qu’on ait ressenti cet enfoncement comme un frein à la descente. Parvenus au replat sous le glacier, au diable la paresse et la fatigue, on choisit de remonter au collu à l’ouest pour remplacer la descente d’un versant sud en neige déjà alourdie par le soleil d’avril par une autre pente ouest en neige d’hiver. Pari réussi, puisqu’on y profitera encore d’une neige de cinéma, par contre alourdie dès que la pente se tourne vers le sud – sans la moindre cohésion, tant mieux pour les risques d’avalanche et le plaisir du ski. Une journée d’avril qui fera oublier pas mal de journées de janvier…

Le beau temps persistant et annoncé plus stable, joint à la fréquentation d’un dimanche de Pâques, nous laisse espérer du renfort pour tracer la petite face nord de la Grande Casse et ses 600 mètres de pente entre 40 et 50°. Pas de messe de Pâques pour nous ce jour, mais pour clôturer ce séjour un pèlerinage vers la pente raide iconique de la Vanoise, la face nord de de son point culminant, le long de séracs pas encore trop rabougris par le réchauffement climatique.
L’ambiance haute montagne de cette course ne se limite d’ailleurs pas à la pente finale, mais prévaut dès que l’on atteint le glacier de la Grande Casse et son cirque presque fermé de grandes faces dont le col éponyme constitue la seule échappatoire. L’austérité de l’environnement s’accentue encore dès que l’on prend pieds... euh crampons ou skis sur la face nord et son immense et raide pan suspendu de neige et de glace, à l’ombre jusqu’à la mi-mars puis au soleil rasant plus tard en saison.
Le traçeur doit alors façonner le millier de marches de l’escalier qui sera emprunté par les poursuivants, une tâche qui peut s’avérer ingrate au point d’invoquer une crampe pour passer son tour de traçage. Quoi qu’il en soit, on découvrira ce jour à notre grande surprise une partie haute exposée au-dessus de barres rocheuses, ce qui n'apparaissait pas dans les topos de cette course pourtant classique.

C'est que le recul glaciaire a fait récemment apparaître des bandes de rochers en haut de la partie occidentale de la face nord de la Grande Casse – celle dite de la « petite face nord », une évolution récente sans doute amplifiée par l’été 2022 et son bilan de masse glaciaire négatif record à l’échelle de toutes les Alpes. Le glacier a tout simplement intégralement fondu en haut de la petite face nord, laissant la place aux rochers… Une évolution encore plus inquiétante sachant que ce recul n’est pas celui de la zone d’ablation à cause d’une accumulation moindre dans la zone éponyme, mais le recul de la partie la plus haute de la zone d’accumulation par elle-même, en versant froid et raide à plus de 3500 mètres, là où la fonte estivale excède donc de facto l’accumulation du reste de l’année depuis de longues années (alors que cette zone devrait servir de « réservoir » de neige et de glace pour la partie basse du glacier…)
Les photos prises depuis une cinquantaine d'années montrent le changement complet de physionomie de la face nord dans cet intervalle, le glacier s’étant aminci considérablement là où il n'a pas fondu, et ayant perdu tous ses séracs à l’exception du sommital (pour mémoire la face est haute de 700 à 800 m de dénivelée). La fonte semble d’ailleurs s’être singulièrement accélérée depuis 2017, les cinq dernières années ayant suffi à assécher complètement le haut de la petite face nord.
Insérer image 
Après les photos de face, les photos à la verticale disponibles sur le site www.geoportail.fr, qui confirment la fonte du glacier côté ouest (petite face nord) et la disparition du sérac du bas entre 1960 environ et 2022.
Reste à espérer que Ie gros sérac restant ne s'effondre pas tout d'un bloc, à l'instar de celui de la Marmolada dans les Dolomites italiennes durant l'été 2022.
Si par endroits le recul glaciaire rend possibles des descentes à skis qui ne l’étaient pas avant (glacier des Bœufs Rouges, glacier du Casset), il peut ailleurs, comme ici par exemple, les rendre plus difficiles voire impossibles… Dans le cas de la petite face nord de la Grande Casse, la barre exposée de début avril 2023 semblait être recouverte plus tard dans ce printemps humide. C’est donc une descente à prévoir plutôt par des conditions de fort enneigement si l’on ne veut pas s’exposer plus qu’agréé a priori avec sa conscience et son trouillomètre ; il semble sinon opportun de viser la face nord centrale quelques centaines de mètres plus à l’est, à peine plus raide sur le haut mais moins exposée, en tout cas tant que la configuration du sérac sommital le permet…
Quoi qu’il en soit, la descente en poudreuse, déjà parfois légèrement croûtée par le vent, de cette petite face nord conclura en beauté (glaciaire) et en pente (raide) cette virée en Vanoise à la rencontre des meilleures conditions de l’hiver… en avril !


Voilà donc également une suggestion de programme pour ton stage intensif de désintoxication aux télébidules évoqué en introduction, suggestion seulement parce que c’est justement cette liberté à la fois encadrée et absolue qui caractérise le ski de randonnée. Absolue, car on peut porter ses skis partout où porte son regard, sans avoir à suivre le fil d’un sentier de randonnée pédestre, le tracé des spits d’une voie d’escalade équipée, les lignes de faiblesse des fissures ou des becquets en escalade « trad »… Encadrée, car cette neige qui peut nous porter a ses propres règles qui apportent des limites à la liberté du skieur, stabilité, qualité… autant d’inconnues qu’on aura à cœur et surtout à cerveau de déchiffrer et d’évaluer. 
Dans une nature d’attestations, de quotas, de forfaits, de pass, de permis et de QR codes, c’est cette liberté même bridée qui devrait finir de te convertir à la conversion et au ski de montagne !

 

EN PRATIQUE

Quand y aller
La meilleure période s’étend généralement de décembre à avril, sachant que les remontées mécaniques fonctionnent en général du début des vacances de Noël à la mi-avril. Avant ou après, les courses situées versant ouest se feront moyennant une dénivelée supplémentaire de 350 à 600 mètres, suivant l’ouverture ou non de la route menant aux Fontanettes, exigeant un départ très matinal au printemps si l’on veut profiter d’une neige cuite à point à la descente. En 2023, le prix du forfait randonneur était de 12 euros pour la montée séquentielle sur les deux télésièges de l’Edelweiss et du Génépi, départ de toutes les courses mentionnées dans cet article à l’exception de la brèche Portetta.
A savoir tout de même que des courses telles que la Grande Casse ou les Dômes de la Vanoise peuvent parfois s’envisager jusqu’à début juin avec des ratios portage/ski acceptables…

Conditions nivo-météorologiques
La Vanoise, bien exposée aux flux de nord et d’ouest, (partiellement) protégée des redoux pluvieux par les Préalpes, bénéficie généralement d’un bon enneigement dès la moyenne montagne. On peut s’en assurer sur la page ad hoc de Meteo France https://meteofrance.com/meteo-montagne/alpes-du-nord/enneigement et appuyer son analyse sur des vues satellite récentes. Le site https://apps.sentinel-hub.com/sentinel-playground permet justement d’estimer la limite d’enneigement grâce aux vues satellites prises périodiquement (généralement tous les 2 ou 3 jours) de l’ensemble de la surface terrestre, en comparant une vue satellite récente (par ciel dégagé) de la montagne visée avec les courbes de niveau d’une carte (par exemple Open TopoMap qui couvre le monde entier, ou plus simplement et précisément IGN pour la Vanoise). Un moyen universel (affranchi de l’existence de stations de ski et/ou bulletins nivologiques) et permanent pour déterminer en temps réel ou presque la présence de neige ou non sur toutes les montagnes du globe !
Sinon les webcams disposées dans la station permet de se faire une idée… ou plutôt une vue de l’enneigement du moment : https://www.pralognan.com/webcams/, l’une à Tignes donnant sur la face nord de la Grande Casse https://tignes.roundshot.com/grande-motte/#/ et ses conditions à vérifier (présence de glace vive ou non…).

 Les bulletins d’estimation du risque d’avalanches sont ceux publiés par Meteo France tous les jours en saison https://meteofrance.com/meteo-montagne/alpes-du-nord/risques-avalanche
Concernant les prévisions météorologiques, on peut comme partout surfer sur www.meteoblue.com, qui compare les sorties de nombreux modèles différents et permet d’évaluer la fiabilité des prévisions au travers de leur dispersion.

Comment y aller
En voiture au bout de la D915 (attention aux tristement célèbres bouchons de la Tarentaise lors des départs et retours du ski des vacances scolaires de Noël et d’hiver, d’autant plus que Pralognan se trouve en amont des trois vallées).
Les départs de randonnée se trouvant tous ou presque dans la station et donc tout près des hébergements, l’utilisation des transports en commun est recommandée : on peut rejoindre en train la gare de Moûtiers Salins située à 27 km, puis gagner Pralognan en bus grâce à une ligne régulière :
https://www.pralognan.com/reservez-votre-sejour/transports/

Où dormir en vallée
Pralognan est une petite station de ski bien différente des grosses stations voisines aux domaines tentaculaires, beaucoup moins fréquentée et coûteuse. Hôtels, résidences de tourisme
https://www.pralognan.com/reservez-votre-sejour/hebergements/ et hébergements locatifs du type airbnb pourront vous accueillir en saison de ski entre décembre et avril, avec certainement des tarifs plus bas après la fermeture des remontées mécaniques mi-avril. 
 

26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 20:35

Ci-dessous le texte - sans les topos - de l'article paru en septembre 2023 sur le ski de rando autour du Cintu :

https://www.skirandomag.com/numero53

Il est un paradis pour les cochons, une terre de liberté sans cages ou barrières dont le nom est chuchoté dans les soues et crié dans les batteries, un pays où les glands se multiplient à portée de groin, où les arbouses tendres et sucrées tombent des branches pour Noël, et où les truies se laissent facilement conter fleurette au bord des départementales. Il est un pays de cocagne pour les skieurs de randonnée, un mirage qui miroite au-delà de la mer depuis les sommets continentaux, une île de granite fauve coiffé de blanc fichée dans la Méditerranée et appelée « Corse ». C’est là que vos yeux cochons pourront reluquer des strings de neige tendus entre les parois de taffoni, là où vous pourrez vous dorer la couenne sur la plage après avoir fait le sanglier dans le maquis et couiné dans la poudreuse ou sur la moquette, là dont vous reviendrez plein les pattes rôtis par le soleil (mais pas transformé.e.s en figatelli ou lonzu).

Et oui, la Corse n’est pas qu’un entrelac de plages où viennent bronzer les bipèdes et de routes où viennent poser les quadrupèdes (vaches, veaux, cochons…) devant les objectifs des pinzuti (touristes continentaux pour les insulaires), mais aussi une île plus riche en montagnes qu’en plaines. C’est une montagne dans la mer rarement esthétique pour les skieurs de randonnée, chaque étage disposant de son petit trésor : la forêt avec ses pins noirs laricios endémiques aux formes torturées, la zone alpine avec ses rocher au granite sculpté en taffoni, et les sommets avec leurs vues panoramiques où l’île d’Elbe, la Sardaigne et/ou le Mercantour peuvent se distinguer derrière la Méditerranée omniprésente. Dans ces contrées insulaires aux toponymes Bocca et Capu chantants, avec des bêtes (semi)sauvages en liberté qui divaguent le long des routes, on profite d’exotisme à moindre bilan carbone, l’occasion de skier vue mer (… et ce parfois de tous les côtés) sous le soleil méditerranéen et non la pluie norvégienne, en dégustant des figatelli plutôt que des cubes de fromage sucré marron et des tubes d’œufs de poissons !

Les montagnes corses profitent d’un enneigement régulièrement satisfaisant à excellent, parfois même supérieur à celui des Alpes ou des Pyrénées - comme notamment durant l’hiver 2023. Les situations météorologiques dites de retour d’est peuvent y déposer des mètres de neige, au point que la seconde avalanche la plus meurtrière recensée en France durant les 200 dernières années a touché le village d’Ortiporio en Castagniccia en 1934 (37 victimes décédées dans un hameau situé à moins de 700 mètres d’altitude - contre 39 morts pour l’avalanche de l’UCPA à Val d’Isère en 1970), ou qu’un derby de ski (sur neige et pas nautique !) est parfois organisé versant nord du Cintu en… juin ou juillet.

Si vous êtes prêt à « prendre le maquis » (ou de préférence la pinède de laricios, qui offre une skiabilité autrement meilleure que les murs impénétrables d’épineux du maquis…), à vous le « hold up » à la Corse ! Inutile d’enfiler votre cagoule et de prendre la pose en brandissant un piolet l’air méchant devant le miroir de la salle de bains, votre rictus effrayant ne sera pas visible sous votre torchon noir mal percé au niveau des yeux, et la lame de votre piolet est moins affûtée que l’épée en plastique de votre fils. Il est plus sage pour votre braquage de simplement prévoir une virée à skis dans la poudreuse des montagnes corses, ce qui pourrait tout de même vous valoir des millions de like enamourés de vos milliers de followers ! 

Trêve de poncifs à réseaux sociaux, cet article vous présente donc des courses réalisables à la journée au départ des routes dégagées en hiver, excluant de fait les parcours au départ de la vallée de la Restonica, dont la route reste officiellement fermée jusqu’à mai. C’est une sélection toute personnelle d’itinéraires choisis pour leur esthétisme mais aussi variété, du maquis de basse altitude aux taffoni des couloirs dans le granite en passant par les forêts de pins laricios, des itinéraires envisageables pour certains dès les premières neiges de la fin de l’automne et pour d’autres jusqu’aux derniers névés des premiers jours de l’été.

Si les caractéristiques de ces courses peuvent diverger suivant les sources, tant pour les pentes (40° d’après IGN, 50° d’après facebook), difficultés (4.2 selon les topos, 4.9.3 selon Emmanuel Macron, 95D selon Dominique Strauss-Kahn, 5.2 à Marseille, 4.256 à Strasbourg, entre le 3.1 et le 5.2 en Normandie), dénivelées (1200 d’après les syndicats, 120 d’après la police) que conditions (5 cm de poudreuse d’après le bulletin d’estimation du risque d’avalanches, 50 cm d’après les réseaux sociaux), vous y trouverez toujours le bonheur évanescent et irréductible aux chiffres d’un claquage de conversion ou d’un rebond dans la poudreuse qui vole autour des skis.

Cima a i Mori
Un itinéraire déjà peu classique en randonnée pédestre mais sans doute rarement skié vu l'altitude basse du départ (700 mètres !) et le caractère peu skiant des 600 premiers mètres de dénivelée, à réserver donc pour le plein hiver avec un enneigement débutant à (très) basse altitude. 
On peut y goûter à skis la substantifique moelle  de la montagne Corse : départ littéralement à travers un beau village Corse perché autour de son église, remontée d’un sentier muletier dans le maquis sous la forêt d’aiguilles de granite de Popolasca et Rundinaia, avant un vallon glaciaire enserré entre les aiguilles creusées de taffoni et d'arches (un petit air de Bavella en Haute-Corse), puis une large combe est plus ouverte et panoramique sur la mer et l’île d’Elbe loin à l’est. De la longueur en montée, descente ou traversée, du dénivelée, du bartassage sur du sentier qui se perd vite dans le maquis, une combe suspendue cachée des regards des « pinzuti », voilà de quoi décrocher votre brevet de randonneur Corse !
 


Forêt de Carrozica
Encore un itinéraire de cœur d’hiver (la partie basse de la montée au Cintu par Bocca Borba) adapté aux situations nivo-météorologiques difficiles, sur des pentes modérées en forêt permettant de progresser sans trop pâtir des visibilités réduites et/ou des risques d’avalanches.
Bien abrité.e.s dans la forêt de bouleaux et de pins noirs, vous profiterez malgré tout d’une superbe ambiance entre laricios enfouis sous la neige et canyons dominés de cascades de glace… et d’une belle descente directe sur la route d’Asco, skiante si tant est que vos traces passent par les clairières, car c’est un boulot délicat que de se frayer un passage à travers les bouleaux !
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Pointe de Cricche, antécime sud-est 
C’est une course classique au départ du col de Vergio, où vous croiserez probablement plus de bipèdes en une journée que durant toute une saison sur les deux autres itinéraires évoqués ci-dessus ! Un itinéraire court par ailleurs, et donc adapté aux créneaux d’une demi-journée par exemple. La pointe de Cricche – ou plutôt son antécime sud-est, le sommet principal étant rocheux - s’atteint par un itinéraire court et direct depuis le col de Vergio, seulement 500 mètres de dénivelée, mais on peut rallonger la balade par une descente versant sud-ouest vers les bergeries de Casterica. On trouvera de très beaux taffoni sur la croupe est dominant le col de Vergio vers la cote 1650, une géojolie qu’il conviendra de décorer à la descente de vos plus belles traces de calligraskie !
 


Punta Minuta 
Place maintenant aux grands sommets corses, avec la Punta Minuta pour commencer, dont la voie normale à skis se déroule sur son versant sud, au départ de Calasima. C’est un beau et long vallon que celui des bergeries de Ballone, sous le versant est de la bien-nommée Grande Barrière, avec comme souvent en Corse de magnifiques exemplaires de pins laricio en haut de la forêt. La montée se fait ensuite plus directe sur une écharpe sud à la pente soutenue, un peu exposée sur le haut sur des pentes convexes au-dessus de barres rocheuses. Une fois parvenus à Bocca Rossa,  la course… se corse encore, et on finit en crampons jusqu’au sommet de la Punta Minuta sur des pentes suspendues. De la croix sommitale on peut distinguer à la fois les sommets sardes au sud… et alpins au nord, la citadelle de Calvi étant quant à elle bien visible au nord-ouest sous les spatules, de quoi donner tout son sens au mot panorama !
 


Paglia Orba 
Un autre grand sommet que la Paglia Orba, montagne emblématique pour sa position – le sommet Corse de plus de 2500 mètres le plus proche de la mer, et sa géologie insolite - un plateau suspendu entouré de falaises de conglomérat sur toutes ses faces, devant le grand rocher de granite troué du Capu Tafunatu. 
La cheminée d’hiver qui mène à ce plateau suspendu s’atteint au départ du col de Vergio par le long vallon du Golo, et passe en crampons par enneigement suffisant, moins couramment à skis à cause de l’étroitesse de ladite cheminée. Plus haut c’est l’enchantement du plateau suspendu avec ses vues plongeantes sur la Méditerranée dorée au sud-ouest, plus sombre à l’ouest vers le Capu Rossu, et la frange blanche des sommets du Mercantour au nord-est. Mais lâchez vos appareils photos, la cheminée d’hiver exposée plein sud n’attendra pas la fin de vos mitraillages pour (mal) tourner en neige trop réchauffée !
 

Couloir ouest de l’antécime nord de la Punta Minuta
Une course magnifique au départ de la station de ski d’Asco, mais qui ne débouche sur aucun sommet majeur, individualisé ou même nommé sur IGN. A quoi bon alors perdre des tonnes de sueur et des hectares de peau des pieds, pour ne même pas pouvoir ajouter une croix significative dans votre carnet de courses ? C’est que ces couloirs offrent aux skieurs une ambiance exceptionnelle, dans leurs lignes encaissées et tournantes, face à la mer et au Mercantour, au-dessus des abîmes du Cirque de la Solitude (désormais évité par le GR20). Comme souvent en Corse, au-delà de leur cargaison de poudreuse, les tempêtes hivernales plâtrent de neige et glace les parois sommitales, de quoi transformer cette montagne en un petit Cerro Minuta aux allures patagoniennes, avec vue panoramique sur les mers australes euh… la mer Méditerranée ! 
Les sorties post méridiennes dans ce couloir exposé à l’ouest se verront agrémentées de nombreuses chutes de glace accrétée détachée par le soleil, casque (encore plus) de rigueur pour les intrépides skieurs. Avec les parois au-dessus qui tiendront donc lieu de machine à glaçons, il suffira d’emmener une bouteille de grappa pour célébrer dignement la beauté du ski corse, la mer sous les spatules assurant l’ambiance d’un bar de plage ! Le trait de côte s’avère heureusement ici assez lointain pour que les bulldozers préfectoraux ne viennent pas détruire votre paillote de plage installée sur un domaine public maritime…
 

Bocca Pampanosa
Depuis la station de ski d’Asco le cirque nord de Trimbolacciu attire le regard des skieurs et alpinistes avec ses grands couloirs nord enserrés entre les tours rocheuses, celui de Bocca Pampanosa étant le plus évident entre les Capu Larghia et Rossu. Au-delà d’une grande ambiance alpine sur ses 600 mètres de dénivelée, il offre un enneigement exceptionnellement abondant et tardif de par son altitude et encaissement au nord sous d’immenses parois de granite, et conserve souvent de grands névés jusqu’au cœur de l’été, de quoi être en mesure d’enchaîner virages à skis le matin et ploufs dans une mer à la température estivale l’après-midi ! 
 

EN PRATIQUE

Période
La meilleure période du ski corse ne diffère pas beaucoup de celle des Alpes du Sud ou des Pyrénées, et s’étend généralement de décembre à avril, à mon sens pas plus tard que la mi-avril pour garantir un ratio ski/portage raisonnable sur ces montagnes d’altitude moyenne (pas plus de 2700 mètres), méridionales et aux départs jamais très hauts (pas plus de 1400 m).
A savoir tout de même que des courses telles que la Bocca Pampanosa par son couloir nord peuvent généralement se pratiquer au début de l’été avec seulement une petite heure de portage !


Estimation et prévision des conditions nivo-météorologiques
Comme expliqué en introduction, l’enneigement des montagnes corses est souvent généreux, mais il présente une grande variabilité temporelle et spatiale. Il importe donc de vérifier si la neige est assez présente avant de traverser la Méditerranée : on peut s’assurer de l’enneigement sur la page ad hoc de Meteo France https://meteofrance.com/meteo-montagne/corse/enneigement
On peut également appuyer son analyse sur des vues satellite récentes. Le site https://apps.sentinel-hub.com/sentinel-playground permet justement d’estimer la limite d’enneigement grâce aux vues satellites prises périodiquement (généralement tous les 2 ou 3 jours) de l’ensemble de la surface terrestre, en comparant une vue satellite récente (par ciel dégagé) de la montagne visée avec les courbes de niveau d’une carte (par exemple Open TopoMap qui couvre le monde entier, ou plus simplement et précisément IGN pour la Corse). Un moyen universel (affranchi de l’existence de stations de ski et/ou bulletins nivologiques) et permanent pour déterminer  en temps réel ou presque la présence de neige ou non sur toutes les montagnes du globe !
Sinon les webcams disposées dans les stations de ski (par exemple celles d’Asco, Ghisoni ou Val d’Ese) ou les cols de montagne (Vizzavona) permettent de se faire une idée… ou plutôt une vue de l’enneigement du moment : http://actu-meteo-corse.fr/webcams-de-corse 

Les bulletins d’estimation du risque d’avalanches sont ceux publiés par Meteo France tous les jours en saison https://meteofrance.com/meteo-montagne/corse/risques-avalanche

Concernant les prévisions météorologiques, on peut comme partout surfer sur www.meteoblue.com, qui compare les sorties de nombreux modèles différents et permet d’évaluer la fiabilité des prévisions au travers de leur dispersion.


Comment y aller
L’insularité impose soit l’avion - Ajaccio, Calvi ou Bastia sont les aéroports Corses les plus commodes vis-à-vis des courses présentées dans cet article, soit le ferry – sur le continent au départ de Marseille, Toulon ou Nice et à destination d’Ajaccio, l’Ile-Rousse ou Bastia. La comparaison des tarifs attachés à ces moyens de transport doit évidemment prendre en compte la location de voiture si l’on choisit l’avion.

Se déplacer
Il semble difficile de se passer de (location de) voiture, les points de départ des randonnées présentées dans cet article n’étant en général pas ou mal desservis par les transports en commun.

Budget/hébergement
La Corse est une destination peu courue et plutôt bon marché entre décembre et avril en saison de ski, qui a le bon goût de ne pas recouper la haute saison balnéaire de mai à septembre, en hiver heureusement moins de Celsius et de gus !

6 octobre 2023 5 06 /10 /octobre /2023 15:30

Dans le numéro 53 de Ski Rando Magazine qui vient de paraître en ce début octobre 2023, deux articles sur les voyages ski de la saison dernière et une vingtaine de pages de ma "prose" (et mon appareil photo !) : la Corse au coeur de l'hiver et la Vanoise au début du printemps, les 2 en poudreuse mais dans des ambiances évidemment bien différentes :

https://www.facebook.com/skirandomag?locale=fr_FR

https://www.skirandomag.com/2023/06/13/corse-ski-de-rando-autour-du-cintu/

https://www.skirandomag.com/2023/06/16/pralognan-la-vanoise-version-ski-rando/

Disponible en version papier en kiosque ou en commande, en version digitale en téléchargement :

https://www.skirandomag.com/ou-trouver-le-numero-53

le ski de rando en Corse et Vanoise en magazine
le ski de rando en Corse et Vanoise en magazine
5 juillet 2023 3 05 /07 /juillet /2023 17:09

Bientôt dans Speleo Magazine (numéro 122 de juin 2023) un article de Philippe A. sur la grotte aux méduses « découverte » en 2018, et dont l’exploration s’est (vite !) achevée en mai 2023, une des plus belles grottes marines concrétionnées de la côte méditerranéenne française.

https://www.facebook.com/speleomagazine/

L'article de Guillaume, très sympathique BE canyon et kayak dont je partage l'éclectisme et un penchant pour l'exploration, sur son blog : https://canyonisme.net/2023/06/07/grottes-des-meduses/

 la grotte aux méduses, l’article
5 juillet 2023 3 05 /07 /juillet /2023 17:07

Bientôt dans Ski Rando Magazine et dans vos kiosques un article sur le ski de randonnée en Vanoise autour de Pralognan, inspiré de différentes virées sur place dont, une (petite) semaine de ski de (grosse) poudreuse en avril 2023 :

« Tu es un.e junkie du ski mécanisé ? Un.e boulimique des télé-bidules qui te propulsent en quelques minutes en haut de la piste rouge des chamois de Super-Truc-les-Alpes pour la descendre à la chaîne ? Avec la fermeture des stations de ski, hauts lieux de transmission du covid dans leurs espaces plus fermés et bondés que les grandes surfaces, le funeste mois de mars 2020 t’a brutalement sevré. Tu cherches un moyen de ne pas reproduire ta crise de manque, si jamais les agents pathogènes venaient encore infester les barres de télésiège et perches de téléskis ?

Il est du ski envisageable sans pylône, le ski dit de randonnée, le meilleur traitement de substitution pour traiter ton addiction ! Par contre je ne vais pas te jeter directement en pâture aux ours blancs, panthères des neiges et autres gendarmes qui verbalisent à plus d’un kilomètre du domicile, mais te proposer plutôt un sevrage en douceur à… Pralognan-en-Vanoise, une station qui t’offrira encore une poignée de remontées mécaniques et des restes de civilisation : restaurants, bars… mais sans l’option dance floor à ciel ouvert sur plancher chauffant. Car au-delà des domaines skiables tentaculaires, Espace Killy et autres Paradiski qui ont fait fleurir les télésièges sur bon nombre d’alpages de Haute-Tarentaise, on trouve encore ici, dans cette frange ouest du parc national de la Vanoise, plus d’épicéas que de pylônes. Tu pourras commencer ta cure de désintoxication par le petit bip rassérénant du forfait en bas de la remontée, avant de coller tes scalps de pinnipède sous les skis pour partir dans la terra incognita hivernale, son silence pesant et sa solitude.

[…] »

 

 

ski de rando autour de Pralo, l’article
25 mai 2023 4 25 /05 /mai /2023 17:02

Bientôt dans les kiosques un article de Ski Rando Magazine, avec une sélection de courses autour du Cintu tirée entre autres du voyage de l'hiver 2023

Il est un paradis pour les cochons, une terre de liberté sans cages ou barrières dont le nom est chuchoté dans les soues et crié dans les batteries, un pays où les glands se multiplient à portée de groin, où les arbouses tendres et sucrées tombent des branches pour Noël, et où les truies se laissent facilement conter fleurette au bord des départementales. Il est un pays de cocagne pour les skieurs de randonnée, un mirage qui miroite au-delà de la mer depuis les sommets continentaux, une île de granite fauve coiffé de blanc fichée dans la Méditerranée et appelée « Corse ». C’est là que vos yeux cochons pourront reluquer des strings de neige tendus entre les parois de tafoni, là où vous pourrez vous dorer la couenne sur la plage après avoir fait le sanglier dans le maquis et couiné dans la poudreuse ou sur la moquette, là dont vous reviendrez plein les pattes, rôtis par le soleil (mais pas transformé.e.s en figatelli ou lonzu).

Et oui, la Corse n’est pas qu’un entrelac de plages où viennent bronzer les bipèdes et de routes où viennent poser les quadrupèdes (vaches, veaux, cochons…) devant les objectifs des pinzuti (touristes continentaux pour les insulaires), mais aussi une île plus riche en montagnes qu’en plaines.

[...]

Si les caractéristiques de ces courses peuvent diverger suivant les sources, tant pour les pentes (40° d’après IGN, 50° d’après facebook), difficultés (4.2 selon les topos, 4.9.3 selon Emmanuel Macron, 95D selon Dominique Strauss-Kahn, 5.2 à Marseille, 4.256 à Strasbourg, entre le 3.1 et le 5.2 en Normandie), dénivelées (1200 d’après les syndicats, 120 d’après la police) que conditions (5 cm de poudreuse d’après le bulletin d’estimation du risque d’avalanches, 50 cm d’après les réseaux sociaux), vous y trouverez toujours le bonheur évanescent et irréductible aux chiffres d’un claquage de conversion ou d’un rebond dans la poudreuse qui vole autour des skis.

[...]

22 mai 2023 1 22 /05 /mai /2023 19:58

Un nouveau livre qui vient de paraître pour les "100 plus belles grandes voies en France" (avec un petit peu de favoritisme pour le sud-est !), topos et photos pour cette centaine d'itinéraires tous très beaux mais dissemblables par leur difficulté, équipement, engagement...

https://www.chemindescretes.fr/escalade/62-les-100-plus-belles-grandes-voies-en-france.html

avec une modeste contribution photographique de ma part pour quelques-unes des voies des calanques (avec une correction des crédits pour la prochaine édition).

les 100 plus belles grandes voies en France
20 mars 2023 1 20 /03 /mars /2023 18:53

Ci-dessous l’article presqu’intégral (sans les topos) quant à la session de ski de randonnée en Grèce centrale et Péloponnèse de l’hiver 2022, paru dans le numéro 51 de Ski Rando Magazine.

« Comment ça, tu vas skier en Grèce ? » Si vous ne déclenchez pas l’incrédulité chez vos ami(e)s, c’est que des railleries dans la veine : « mais pourquoi pas de la plongée sous-marine au Tibet ou de la cascade de glace en Egypte ? » - vont bientôt crépiter !

« Mais oui en Grèce, juste au-dessus de la Mer Egée ! » Là on pourrait vous accuser d’abuser de vos réserves de génépi… et pourtant nul besoin d’aide psychiatrique et de camisole de force malgré vos annonces fracassantes et ce coup de grâce : les montagnes grecques réservent du ski à l’ambiance maritime.

L’hiver grec n’est pas ce qu’on imagine, et si vous pensiez siroter un ouzo sous un olivier les doigts de pied en éventail, vous vous fourrez le bâton dans l’œil jusqu’à l’ARVA. La Russie n’est pas loin au nord-est de la Grèce, le froid sibérien non plus, à peine mis à distance par les Mers Noire et Egée, assez grandes pour protéger la péninsule hellénique des chars de Poutine, mais pas pour la couper des flux de nord-est synonymes ici de froid et de neige, parfois jusqu’à… l’Acropole au cœur d’Athènes !

Le mont Dirfi du haut de ses petits 1700 m peut en témoigner : moins élevé qu’un Môle pour les habitants de la vallée de l’Arve, qu’un Pravouta pour un Grenoblois, ce sommet situé à la latitude de la Sicile a vu ses derniers névés fondre au début des mois de … juillet 2017, 2019 et 2020, pour ne citer que les cinq dernières années. La résistance étonnante de la neige grecque aussi tard en été prouve une fois de plus que l’enneigement n’est pas exclusivement dicté par la latitude, ce que l’exemple japonais vient abonder : les Alpes locales, encore plus méridionales que les montagnes grecques,  se voient recouvrir chaque hiver de plusieurs mètres de neige dès quelques centaines de mètres d’altitude…

Plus au sud, au cœur de la Grèce centrale, les sommets du Parnasse, de Giona et de Vardousia titillent les 2500 mètres et offrent des itinéraires de plus grande ampleur, qui plus est au bout d’approches souvent longues. Les conditions nivo-météorologiques rencontrées lors de ce voyage n’auront pas permis d’explorer ces montagnes comme elles le mériteraient, mais l’aperçu glané lors de nos sorties nous incitera à y retourner sous le soleil et… sans le vent.

Encore plus au sud, de l’autre côté du Golfe de Corinthe, les sommets de la péninsule du Péloponnèse vous immergeront dans la mythologie Grecque, du Chelmos au Taygète, des sources du Styx aux amantes de Zeus. Libre à vous de caresser l’une des têtes de Cerbère ou le fils d’un Titan, mais vous profiterez dans tous les cas de panoramas divins sur le royaume de Poséidon que le soleil dore sous vos spatules !

Les Grecs nous ont donc laissé la démocratie, la moussaka, le style ionique ou corinthien… et le ski vue mer au-dessus des oliviers ; on peut même parler de vue « fjords » au-dessus des bras de mer presque fermés de l’Attique et du Péloponnèse. Vous rêvez de skier au-dessus d’un fjord ? Inutile de casser votre petit cochon et d’hypothéquer votre maison pour payer votre semaine de ski-voile en Norvège - finalement passée à manger de la pâte de poisson en tube en regardant la pluie tomber sur le ponton, allez plutôt sous le soleil Grec tracer des pentes vierges au-dessus de la Mer Egée, en dînant de moussaka pour le prix d’une bière en Scandinavie  !

Vous rêvez de figurer parmi les « premiers de cordée » et pas parmi « ceux qui ne sont rien », sans « dépenser un pognon de dingue » ? Inutile de traverser la rue pour trouver un emploi plus lucratif, allez plutôt skier en Grèce pour une promotion en « happiness chief offiskieur» dans la « climb up (et down) nation » ! (toute ressemblance avec des éléments de langage d’un dirigeant politique est purement fortuite).

 

Le 5 février 2022

Après une longue route depuis Athènes marquée par un arrêt au stand pour… changement de chaînes, nous voilà à pied d’œuvre au cœur de l’île d’Eubée, qui a le bon goût d’être reliée au continent par un pont routier.

De notre hébergement dans le village de Stropones, accroché sur le versant nord du Dirfi quelques kilomètres au-dessus de la mer Egée, et jusqu’au col situé à l'ouest du Dirfi, la route est autant un parcours panoramique qu'une simple approche : on suit une corniche sinueuse qui mène de village en oliveraie, de forêts en restanques, avec des points de vue sur la Mer Egée qu'un agent immobilier qualifierait de féériques. Mais, une fois parvenus au col, il faut se résoudre à s'extraire du belvédère roulant pour chausser son propre véhicule à traction non thermique. Parvenus sur l'épaule ouest du Dirfi, la vue mer dépasse les superlatifs les plus vendeurs, mais ne se savoure qu’à dose homéopathique vu le vent glacial qui nous saisit. La dernière montée se fraie d'ailleurs une route délicate sur une neige glacée entre de gros blocs givrés sur une cinquantaine de centimètres d'épaisseur, une ambiance patagonienne qui ne se dément pas au sommet du Cerro Dirfi plâtré par la récente tempête. De là, la Mer Egée et l’archipel des Sporades vers lesquel.le.s sont tournées les combes nord jouent les sirènes, et on plongera donc vers elles sur un beau tapis blanc – sans le moindre requin dans le blanc. La descente s’arrêtera tout de même… à 850 mètres, soit à altitude beaucoup plus basse que ce qu’on aurait pu espérer dans les Alpes françaises à la même période, à distance encore suffisante du Grand Bleu pour nous prémunir des sortilèges mortels des créatures marines mi-femmes mi-poissons.

Un beau sommet à l'ambiance maritime exceptionnelle, du bon ski au-dessus de la Grande Bleue, on comprend que Zeus ait élu domicile sur un autre sommet côtier, le Mont Olympe, mais il doit sûrement se fendre de quelques virées extra-conjugales avec ses nombreuses amantes sur ce Dirfi voisin, à l'abri des regards jaloux d'’Héra !

 

Le 6 février 2022

Les contraintes logistiques du jour nous orientent naturellement vers le Xerobouni, choisi... non pas pour son toponyme à consonance grecque, mais pour son dénivelée modeste et son approche rapide. Ce sera bien plus qu'un plan de repli, une course atypique sur un sommet qui dépasse de peu 1400 m mais a tout des plus grands avec son impressionnante barre de falaises ouest et ses curieuses dolines sommitales, des dépressions karstiques qui donnent au plateau des allures de Verdun... ou Marioupol Grec, l'érosion pluviale ayant ici remplacé les obus. C'est donc du ski « à lecture » comme le dirait un grimpeur, où il s'agit d'imaginer un itinéraire optimisant les remontées au travers de ce labyrinthe de dépressions, avant qu'on ne renoue plus bas avec du ski ludique et facile sur la moquette que le soleil grec a fait pousser entre genévriers et pins épars.

Les yeux et les spatules rassasié.e.s d’Eubée, on peut retourner mission accomplie sur le continent, vers les montagnes du Giona et du Parnasse une centaine de kilomètres à l’ouest.

 

Le 7 février 2022

L’objectif du jour est le Mont Giona, le plus haut sommet Grec au sud du Mont Olympe, entouré de longues vallées et d’une couronne de sommets secondaires, et qui se conquiert donc au prix d’une longue approche. Le départ près du village de Kaloskopi se fait sous les nuages et dans le vent, et ces derniers ne feront que se renforcer au cours de la longue remontée de la route forestière. Parvenus sous le sommet du Platouvina, la météo se dégrade encore, avec un ciel aussi sombre qu’une soutane et vent à déchapeauter un pope ! Atteindre le sommet du Giona ou même poursuivre la montée ne fait pas sens, et la simple évocation des sources chaudes entraperçues la veille sonnera le glas de nos velléités d’ascension du jour.

Après une descente guère plus rapide que la montée sur l’interminable faux-plat de la route forestière, on ira donc se réchauffer dans les sources chaudes de Thermopyles avec leurs vasques d’eau sulfurée à 37°C, bien loin des windchill factors à -10°C du matin !

Dur de résister au jacuzzi naturel en libre accès, et la semaine de ski se transformera encore le lendemain en journée de thermalisme en plein air… près d’un camp de réfugiés à l’environnement plus sympathique que la « jungle » de Calais.

 

 

Le 9 février 2022

Un premier coup d’œil au saut du lit vers les montagnes environnantes suffira à donner la ou les couleur.s de la journée : bleu dans le ciel avec une perturbation désormais évacuée vers l’est, et blanc près des crêtes fouettées par un fort vent de nord qui balaie la poudreuse déposée la veille.

Au départ de Phtérólakka, l’un des stations de ski du Mont Parnasse, nous entamons donc un long combat frontal contre le vent de nord, en formation en colonne de marche. Rapidement l’ordre serré de l’infanterie se disperse, mais, une fois arrivés au col, Eole a levé une armée de flèches d’air qui transpercent nos vestes, nous imposant un repli tactique non coordonnée dans les tranchées entre les rochers. L’ennemi a même miné les pentes raides sous le vent (au sud) de plaques anti-personnel, si bien qu’on effectuera une diversion stratégique coordonnée vers les pentes au vent et non pas sous le vent. Ce sera finalement du bon ski sur des neiges évidemment parfois soufflées, dans un magnifique cadre géologique vers la double arche sommitale de l’antécime nord du Liakoura, avec vue sur le Golfe Maliaque vers le nord au travers de la fenêtre naturelle plâtrée de fraîche.

Encore une belle journée de ski, où l’on en aura pris plein les yeux… et la face avec ce vent de nord qui n’offrait aucune trêve.

 

Le 10 février 2022

Après une route de liaison aussi longue que panoramique, le long du golfe de Corinthe puis à travers des gorges de conglomérat, on atteint la station de ski de Kalavrita située sur le versant nord du Chelmos, la troisième plus haute montagne du Péloponnèse. Si la mythologie grecque situe les sources du Styx dans ce massif, le vent infernal des journées précédentes s’est pourtant bien calmé. On en profitera pour skier à peu près toutes les orientations sur les combes sommitales de l’Aroania – l’autre nom du Chelmos, alternant la neige poudreuse plus ou moins soufflée versant nord et celle en cours de transformation versants sud-est à sud-ouest, globalement du bon ski durant ce tour de la boussole. C’est la combe nord-est plongeant vers la vallée, dominée à l’ouest par les imposantes falaises de la cascade du Styx, qui marquera les mémoires, bonne neige et superbe ambiance sur ce thalweg encaissé entre barres rocheuses et cascades de glace. Mais la dernière remontée sur les pentes sud-ouest, devant les lignes de crêtes sur fond de Mer Ionienne qui commence à briller au soleil déclinant, vaudra également son pesant de feta.

Direction Sparte pour la dernière journée de ce voyage en Grèce, qui se fera d’ailleurs juste au-dessus de la Mer Ionienne, au bout du Péloponnèse, là où seules les montagnes crétoises émergent du bleu vers le sud !

 

Le 11 février 2022

Le Taygetos, sommet du Péloponnèse à plus de 2400 mètres, aimante les regards dès que l’horizon s’ouvre, à la sortie de la ville de Sparte qu’il domine au sud-ouest. La piste du refuge du Taygetos, carrossable en véhicule de tourisme mais encore glacée à l’ombre, permettra de raccourcir l’approche, même si la montée pédestre directe au fond du vallon sis sous le refuge se révèlera un peu trop « sanglier », surtout avec des skis accrochés sur les sacs à dos. Dès la sortie de la pinède et le chaussage des skis à 1400 m, le panorama s’ouvre, notamment vers le sud, la mer qui brille et les montagnes blanches de Crête qui portent bien leur nom ce jour. C’est superbe, derrière les formes biscornues des pins noirs et sapins de Céphalonie, et encore plus sur l’arête nord du Profitis Ilias. On y progresse sur un fil de neige, la mer de chaque côté au-delà des lignes de crêtes noyées dans la brume, jusqu’au replat sommital qui abrite la chapelle orthodoxe.

Les descentes, versant ouest face à la Mer Ionienne, versant est face à la Mer Egée, avec la Crête de profil derrière le Cap Ténare, concluent en beauté cette semaine de ski Grecque, à l’ambiance toute Cycladienne avec du blanc au-dessus du bleu, la neige remplaçant ici la peinture à la chaux des cubes des maisons blanches.

 

EN PRATIQUE

Période

La meilleure période s’étend généralement de janvier à fin mars, pas plus tard que la fin de l’hiver pour garantir un enneigement suffisant sur ces montagnes d’altitude moyenne (pas plus de 2400 mètres) et déjà bien méridionales.

 

Sites de prévisions nivo-météorologiques

Comme expliqué en introduction, l’enneigement de cette région est beaucoup plus copieux que la latitude le laisserait penser, grâce à un climat hivernal humide et rafraîchi par la proximité du bloc froid russe. Pour autant, même si l’enneigement s’avère souvent généreux, il présente une grande variabilité temporelle et spatiale. Il importe donc de vérifier avant le départ si la neige est assez présente pour justifier un voyage de plusieurs milliers de kilomètres : on peut s’assurer de l’enneigement des stations de ski voisines sur www.snow-forecast.com, suivre les prévisions de chutes de neige locales sur www.meteoblue.com ou, encore mieux, baser son analyse sur des vues satellite récentes. Le site https://apps.sentinel-hub.com/sentinel-playground permet justement d’estimer la limite d’enneigement grâce aux vues satellites prises périodiquement (généralement tous les 2 ou 3 jours) de l’ensemble de la surface terrestre, en comparant une vue satellite récente (par ciel dégagé) de la montagne visée avec les courbes de niveau d’une carte. Un moyen universel (affranchi de l’existence de stations de ski et/ou bulletins nivologiques) et permanent pour déterminer en temps réel ou presque la présence de neige ou non sur toutes les montagnes du globe !

A ma connaissance, les seuls bulletins d’estimation du risque d’avalanches sont ceux publiés par certaines stations de ski, comme celle de Kalavrita au nord du Péloponnèse : https://www.kalavrita-ski.gr/local-avalanche-forecast/ (en langue grecque uniquement…) ; ils couvrent donc une zone limitée mais fournissent tout de même une évaluation utile aux skieurs de randonnée qui arpentent les montagnes voisines.

Concernant les prévisions météorologiques, on peut comme partout surfer sur www.meteoblue.com, qui compare les sorties de nombreux modèles différents et permet d’évaluer la fiabilité des prévisions au travers de leur dispersion.

 

Formalités administratives

Une carte d’identité suffit pour rentrer sur le territoire Grec. Il est malgré tout recommandé de vérifier les conditions de voyage sur le site « conseils aux voyageurs » https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/grece/, qui vous informera entre autres d’éventuelles restrictions sanitaires encore/à nouveau en vigueur.

 

Comment y aller

La capitale grecque, en position centrale par rapport aux itinéraires présentés dans cet article, constitue l’aéroport le plus commode, qui plus est bien desservi par de nombreuses compagnies et vols au départ des grandes villes d’Europe de l’Ouest. A noter que chez Lufthansa le transport du matériel de ski (planches + chaussures) est… totalement gratuit !

 

Se déplacer

Il semble difficile de se passer de location de voiture, les points de départ des randonnées présentées dans cet article n’étant en général pas desservis par des transports en commun.

 

Budget/hébergement

La Grèce est un pays plutôt bon marché, en tout cas durant la basse saison hivernale et dans ces destinations à l’écart des circuits touristiques classiques.

On peut y trouver des chambres d’hôtel ou des locations type airbnb de standing correct à bon pour 30 à 50 euros par nuit ; pour les restaurants compter environ 15 à 25 euros pour un repas copieux… et arrosé.

 

En dehors du ski

Entre toutes ces montagnes se trouvent de nombreux sites archéologiques qu’il serait impossible de tous mentionner dans cet article. Leur visite permettra de compléter votre voyage sportif par un petit vernis culturel et historique, et de remplir agréablement une journée de repos dictée ou non par les paramètres nivo-météorologiques.

Pour celles et ceux qui restent imperméables aux charmes de la Grèce antique il est également possible de vous baigner dans les belles sources chaudes (en accès libre) de Thermopyles, placées par la grâce de Zeus sur la route entre… Eubée et le Parnasse, où se trouvent trois des cinq courses présentées dans cet article !

5 février 2023 7 05 /02 /février /2023 11:15

Ci-dessous le texte intégral - hors topos - de l'article paru dans le numéro 50 de Ski Rando Magazine sur ma virée à skis autour d'Andalsnes en mars 2022 : 

Envie d’une parenthèse dans le quotidien parfois un peu étriqué du métro/boulot/dodo ? Pas envie de retrouver votre voisin de palier en voisin de serviette dans un club de vacances exotique aux allures de camp fortifié, ou de vous enfermer à Sarcelles-sur-Neige pour y prendre le métro alpin ?
Pour assouvir vos fantasmes de sea, snow and sun, allez donc plutôt mettre le cap sur la côte norvégienne, là où trace de montée aux allures de piste de ski de fond et combe de descente plus bosselée que la piste rouge des chamois à SuperTruc-les-Alpes ne seront plus qu’un lointain souvenir (mais vous serez peut-être plus gâté en snow qu’en sun…) !

La Norvège offre aux skieurs adeptes de vues mer les milliers de kilomètres de sa côte ouest découpée en fjords, d’anciennes vallées glaciaires envahies par l’Atlantique qui prennent la forme de bras de mer encaissés. C’est un plaisir un peu terni de frustration que de naviguer devant un écran sur les cartes locales, tant de belles pentes skiables et sauvages et si peu de temps… et encore moins de créneaux météo dans cette région très humide. 

Alors pourquoi viser pour votre virée septentrionale de l’année les fjords de Molde, Romsdal plutôt que les centaines d’autres envisageables, et notamment ceux plus connus en France des Lofoten ou des Alpes de Lyngen beaucoup plus au Nord ? Peut-être pour réduire le déplacement de plus de 1000 km, sa durée, son coût et son bilan carbone, un argument qui ne saurait laisser indifférent dans ce pays chantre de l’écologie politique (mais gros exportateur de pétrole et de gaz !). Vous pourrez également terminer le trajet en train ou en voiture depuis l’aéroport d’Oslo, beaucoup mieux desservi que ceux de Harstad ou Tromso. Les aurores se feront moins fréquentes et spectaculaires sous ces latitudes moins boréales que dans le grand Nord Végien, mais vos journées seront plus belles que vos nuits, avec ici comme ailleurs des sessions de ski au-dessus des vallées noyées en U, et ici comme pas ailleurs un vivier de couloirs exceptionnel en regard de leur ampleur et facilité d’accès. 

La vallée de Romsdal, célèbre en Norvège pour le Mur des Trolls qui ferme sa rive gauche, est en effet bordée de grandes parois de granite coupées de couloirs sur les vingt km de son extrémité aval, et sa rive droite notamment offre des lignes superbement encaissées, aisément repérables, observables et atteignables depuis la route du fond de vallée. On y profite donc de longues entailles de neige entre granite et cascades de glace, le tout à seulement quelques centaines de mètres d’altitude - pile au-dessus de la route du fond de vallée, et de conversions ou virages juste à côté d’épées et de stalactites de glace bleutée rares en ski, de quoi goûter à l’ambiance cascade de glace sans acide lactique dans les avant-bras, et sans adrénaline lorsqu’il faut lâcher un piolet pour tenter de visser sa broche dans la glace cassante !

Plus à l’ouest, au-dessus d’Isfjorden notamment, c’est le domaine des courses plus classiques, avec des routes (à péage) dégagées tout l’hiver qui s’élèvent de quelques centaines de mètres au-dessus des fermes à saumons. Au départ de ces parkings d’altitude on peut donc échapper au dur boulot de la trace dans les bouleaux sous 400 mètres, et atteindre des sommets aux formes douces de plus de 1000 mètres, sans jouer des coudes et des bâtons dans la forêt de basse altitude. 
Vous y croiserez d’ailleurs beaucoup de locales et de locaux le week-end. Si votre parade nuptiale à base de dessins de belles courbes dans la poudreuse n’aura pas été récompensée avec le ou la grand.e blond.e de vos rêves, et à défaut d’ « histoire d’O » avec celle ou celui-ci, vous trouverez ici… des « histoires d’eaux ». De l’eau sous toutes ses formes, couleurs et phases : des lacis des fleuves d'eau salée des fjords aux pastilles blanches des lacs gelés, des cascades de glace blanche et bleue sous les falaises aux torrents impétueux ou figés par l’hiver, des neiges dans leur infinie variété aux nuages de vapeur d’eau - qu’il est parfois difficile d’éviter dans ce climat humide !

Encore plus vers le couchant, cette fois littéralement… entre les fjords, on peut facilement improviser des itinéraires depuis les routes côtières - avec départ dans les forêts de bouleaux ou la tourbière, puis profiter des combes et couloirs d’altitude avec vues panoramiques sur les fjords et le grand large. 

C’est le ski à ambiance maritime qui fait le sel du ski en Norvège, mais sur des montagnes à peu près inconnues, où vous croiserez plus de lagopèdes que d’humains, de quoi conjurer le temps qui file en vous fabriquant de la matière mémorielle. Après le temps répétitif du quotidien, parfois presque transparent, c’est en montagne qu’on trouve ce temps suspendu au sens propre et figuré, ce temps court dans le calendrier mais long et profond par les traces qu’il laisse dans les sens et la mémoire. C’est quand le bruit de la ville devient le silence de la montagne que le son sort du bruit de fond et que le silence devient bruit ; l’oreille enfin libérée du brouhaha urbain se concentre sur le coassement d’un chocard ou le cristal d’une stalactite de glace qui s’effondre. L’hiver exacerbe encore plus l’acuité des sens, avec la neige qui lisse les sons et étouffe les reliefs, lorsque sur le grand manteau blanc les seuls motifs sont ceux laissés par les pattes d’un lagopède et le seul son est le chuintement du vent. C’est peut-être dans cette austérité et ce dépouillement, cette isolation sensorielle qui n’en est pas une, cette vie limitée à une ligne tendue entre un point de départ et un sommet, qu’on trouve une liberté qu’on a perdue dans le quotidien matérialiste et encombré ; pourquoi va-t-on en montagne : « pour s’échapper de prison », dirait Ludwig Hohl (cf. son très beau roman « Ascension »)…

Trêve de philosophie à trente centimes d’euros, la Norvège ne se limite pas à ses lagopèdes et à ses vents ; c’est aussi un pays avancé où modernité et vie traditionnelle se côtoient pour le plus grand plaisir des yeux. Aux impressionnants ouvrages d’art des routes côtières – ponts suspendus et tunnels de plusieurs kilomètres - succèdent imperturbablement les petits villages d’éleveurs et de pêcheurs avec leurs maisons colorées en bois et leurs antiques stavkirke ; aux enclos des moutons qui s’ébrouent dans les champs répondent les disques des fermes à saumons quelques centaines de mètres au large, bref autant de quoi rendre les approches routières plus intéressantes !

Les suggestions d’itinéraires ci-dessous vous donneront un fil d'Ariane dans le labyrinthe de fjords, et si sur les cartes locales vous vous sentez lost in translation entre les store, tinden et autres vatnet, il vous restera toujours le viatique des topos ci-dessous à la recherche de la plus belle ligne ou du plus beau point de vue !

EN PRATIQUE

Période
La meilleure période s’étend de mi-février à mi-avril au plus tard, mi-février pour disposer d’une durée de jour suffisante et mi-avril pour une neige encore présente et pas trop dégradée à basse altitude.

Sites de prévisions nivo-météorologiques
L’enneigement de cette région située à plus de 60° de latitude nord peut être plus capricieux que sa position septentrionale le laisserait penser, la faute au Gulf Stream qui apporte un climat océanique doux. Même au cœur de l’hiver, ces montagnes d’altitude modérée partout inférieure à 2000 mètres -la plupart des départs de rando se faisant au niveau de la mer – ne sont pas à l’abri de redoux pluvieux altérant l’enneigement tant quantitativement que qualitativement.
Il est judicieux de vérifier sur le Web les conditions d’enneigement avant le départ, d’autant plus que la Norvège offre un site de suivi de l’enneigement exceptionnel, unique au monde à ma connaissance par la densité de son maillage spatial : www.senorge.no/map. Ce service donne et prédit l’épaisseur et la qualité du manteau neigeux sur l’ensemble du territoire norvégien, avec un pas de seulement quelques centaines de mètres de largeur !
Le site http://www.varsom.no/en/ fournit quant à lui une estimation des risques naturels, dont un bulletin actualisé quotidiennement pour les avalanches, avec là également un maillage géographique par massif très fin, et une richesse d’informations qui n’a rien à envier à celle de ses homologues français ou suisses.
Pour la prévision météorologique, on peut comme toujours surfer sur www.meteoblue.com (qui donne accès aux sorties de nombreux modèles météo différents) ou sur le site local https://www.yr.no/en

Formalités administratives
La Norvège fait partie de l’espace Schengen mais pas de l’Union Européenne ; une carte d’identité suffit pour rentrer sur son territoire. Il est malgré tout recommandé de vérifier les conditions de voyage sur le site « conseils aux voyageurs » https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/norvege/, qui vous informera entre autres d’éventuelles restrictions sanitaires encore/à nouveau en vigueur.


Comment y aller
Pour rejoindre Oslo le plus rapide est bien sûr l’avion, de nombreuses compagnies desservant la capitale norvégienne depuis Paris ou les métropoles de province. A noter que chez Lufthansa le transport du matériel de ski (planches + chaussures) est… totalement gratuit ! 
Pour les intégristes du bilan carbone, il est possible de gagner Oslo en train, compter plus de 24 heures de voyage et quelques correspondances, mais le charme d’une montée progressive en latitude…

Se déplacer
Il est possible et facile de rejoindre Andalsnes depuis Oslo ou son aéroport en train (1 ou 2 changements, correspondance courte), de là il doit par contre être difficile de se passer de voiture particulière.
On trouve évidemment des locations de voiture à l’aéroport d’Oslo, aisément mais chèrement (les pneus neige étant évidemment de série en Norvège).
Ici encore plus qu’ailleurs, attention à bien respecter les limitations de vitesse, question de sécurité routière mais aussi… financière avec de nombreux radars et des amendes pour excès de vitesse qui chiffrent bien au-delà des 500 euros !

Budget
C’est là que le bât blesse, ou plutôt que le… bas de laine souffre ! La Norvège est un pays cher, aux niveaux de vie et salaires élevés, et qui importe une grande partie de ses biens de consommation. Même le carburant dans ce pays parmi les plus grands producteurs au monde de pétrole et de gaz affiche un prix bien plus élevé qu’en France.
Et inutile de noyer votre chagrin de « nouveau pauvre » dans l’alcool, les bières se vendent ici près de 5 euros en supermarché !

Vous faudra-t-il pour autant souscrire un crédit à la consommation et mettre votre maison en gage ? Non, car des solutions existent pour ne pas être trop au sud à l’ouest financièrement à votre retour, comme expliqué ci-dessous !

Hébergement
L’hôtellerie classique est chère, mais on trouve souvent des campings qui proposent des bungalows à tarif raisonnable (compter environ 100€/nuit pour 2 à 4 personnes). Autre option envisageable pour celles et ceux qui ne paient pas l’ISF : les hébergements du type location chez des particuliers (comme airbnb pour ne pas le citer), où l’on peut trouver des chalets pour 2 à 4 personnes pour 150 à 250 €/nuit, ambiance cosy et vue sur les montagnes et/ou le fjord inclus.
Pour ces deux familles d’hébergements les cuisines intégrées permettant de se faire à manger réduiront un budget restauration qui pourrait sinon vite s’élever (compter 15 à 20 euros pour une pizza, et 10 euros pour un sandwich) !

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