Du 4 au 8 décembre 2018
Raid de 4 jours en kayak de mer dans le fjord de Shamm au départ de la ville de Khasab, au sud-ouest de l’enclave Omanaise du Musandam, située face à l’Iran dans le détroit d’Ormuz. Après avoir exploré à pieds la région de Bandar Abbas au nord du détroit 2 ans plus tôt, on retourne en kayak côté sud, dans la région du Musandam, réputée pour sa côté échancrée et ses fonds coralliens.
On y trouve de véritables fjords comme celui de Shamm, des bras de mer d’une vingtaine de kilomètres de long qui s’insinuent entre isthmes étroits et falaises de calcaire, et donc une topographie parfaitement adaptée à la pratique du kayak de mer : des eaux abritées calmes et chaudes, des criques qui constituent autant de débarquements possibles, et surtout une riche vie marine dans les récifs coralliens et de magnifiques paysages terrestres pour ce mariage improbable de montagnes et de mer. Le but est de passer 4 jours en autonomie complète et en déplacements marins dans ce petit bout de Norvège transposé dans la péninsule arabique, et c’est donc lestés de plus de 40 kg d’eau en bouteilles, de vivres et de matériel de bivouac qu’on prendra la mer à Khasab. S’ensuivra un bref séjour hors du temps et hors du monde, le plus souvent dans un silence absolu, vu la pauvreté de la vie terrestre sur ces terres désertiques, le clapot plus que discret d’une mer d’huile et l’éloignement des villages de pêcheurs seulement entrevus de loin. Durant ces 4 jours, on ne croisera en mer, hormis quelques boutres de touristes aux heures les plus chaudes, que dauphins et poissons volants, et à terre, que chèvres, souris et fennecs, autant de mammifères que seules les tentes pourront mettre nos provisions à l’abri de leur voracité !
On en profitera pour relier en kayak, moyen de transport bien adapté à ces sommets calcaires toujours proches de la mer, les récifs coralliens et les départs de randonnées. On alternera donc virées en baskets à la recherche des plus beaux points de vue, la palme en la matière revenant à la crête sommitale de l’isthme de Maqlab et surtout à l’antécime ouest du Djabal Dabshun,un fabuleux belvédère perché 500 mètres au-dessus de la péninsule de pics du Djabal Eleben, un air de Lofoten désertiques (après apocalypse !) avec ce panorama de péninsules, pics et crêtes noyés dans la brume au-dessus des bras de mer, et virées en masque et tuba en chasse (photographique) des raies, poissons-clowns et autres balistes. Une randonnée commencée sous des auspices peu encourageants depuis la plage du Ghubbat Dabshun, l’une des rares plages salie de déchets du fjord, un parcours semblant improbable vu du kayak dans un relief raide et complexe, des serpents aussi apeurés que nous surpris plusieurs fois, mais au final une intuition qui s’est avérée bonne, avec des systèmes de vires commodes pour atteindre une antécime au panorama à 360° exceptionnel, dotée d’un petit bivouac aménagé qui réserve sûrement des crépuscules fabuleux. A noter d’ailleurs que de nombreuses sentes plus ou moins balisées de marques de peinture et de cairns ; les antiques chemins du passé berger ne sont pas encore complètement effacés à l’ère du tout-pétrole et des bateaux à moteur !
On s’avèrera sinon meilleurs photographes sous-marins que pêcheurs… nos velléités d’agrémenter nos sardines et thons en boîte du dîner… tombant à l’eau (salée) avec nos leurres… qui ne leurrent personne ! On se consolera de nos maigres talents de pêcheurs en… se gavant d’huîtres sauvages sur l’île de Shamm, près du plus beau récif qu’on ait eu le plaisir de découvrir, avec son corail foisonnant, riche et en pleine santé, parcouru de balistes, poissons-empereurs et de raies énormes.
Au final une magnifique expérience de kayakiste, randonneur et plongeur apnée épris de wilderness, si bien qu'un retour prochain sur les fjords côté Océan Indien n’est pas à exclure !