10 août 2024 6 10 /08 /août /2024 06:29

Les balades sur les glaciers Bogdanovich et Manshuk Mametova des 8 et 9 août m’auront permis de découvrir l’état des glaciers du massif Trans-Ili Alatau, située juste au sud d’Almaty aux confins occidentaux du massif Tian Shan :

http://deprovenceetdailleurs.net/2024/08/glacier-bogdanovich-1.html

http://deprovenceetdailleurs.net/2024/08/manshuk-mametova-9.html
Des glaciers à vif parfois jusqu’à leurs rimayes sommitales, des lacs proglaciaires récemment formés et déjà en vidange forcée pour éviter un accident du type Glacier de Tête Rousse, des glaciers indiqués sur les cartes déjà fondus ou réduits à l’état de glaciers noirs, font penser à une fonte rapide et importante, comparable voire pire à ce que l’on connaît dans les Alpes. Les premiers névés ne sont généralement visibles qu’à plus de 4000/4200 mètres versant nord en ce début août, et font penser à une ligne d’équilibre largement située au-dessus de 4200 mètres, laissant croire à une disparition rapide de tous les glaciers (et ils sont nombreux…) aux bassins d’accumulation situés sous cette altitude.
Une catastrophe à venir pour l’alimentation estivale en eau de cette région semi-aride, pour ce piémont vert et cultivé, pour cette agglomération d’Almaty de près de 2 millions d’habitants encore en croissance rapide, et pour ces lacs endoréiques propres à l’Asie centrale. Et ici, inutile d’espérer dessaler de l’eau de mer !

26 avril 2023 3 26 /04 /avril /2023 09:22

Notre tentative sur la petite face nord de la Grande Casse début avril 2023 a mis en évidence une partie haute exposée entre des barres rocheuses, ce qui n'apparaissait pas dans les topos de cette course pourtant classique de la pente raide en Vanoise.
C'est que le recul glaciaire a fait récemment apparaître des bandes de rochers en haut de la partie occidentale de la face nord de la Grande Casse – celle dite de la « petite face nord », une évolution récente sans doute amplifiée par l’été 2022 et son bilan de masse glaciaire négatif record à l’échelle de toutes les Alpes. Le glacier a tout simplement intégralement fondu en haut de la petite face nord, laissant la place aux rochers… Une évolution encore plus inquiétante sachant que ce recul n’est pas celui de la zone d’ablation à cause d’une accumulation moindre dans la zone d'accumulation, mais le recul de la partie la plus haute de la zone d’accumulation par elle-même, en versant froid et raide à plus de 3500 mètres, là où la fonte estivale excède donc de facto l’accumulation du reste de l’année depuis de longues années (alors que cette zone devrait servir de « réservoir » de neige pour la partie basse du glacier…)
Les photos de la face nord prises depuis une cinquantaine d'années (merci encore à ceux qui me les ont envoyées), avec des angles proches et des recadrages visant à faciliter leur comparaison, montre le changement complet de physionomie de la face nord dans cet intervalle, le glacier s’étant aminci considérablement là où il n' a pas fondu, et ayant perdu tous ses séracs à l’exception du sommital (de gauche à droite et de haut en bas 1976 1990 2006 2010 2017 2022 - pour mémoire la face est haute de 700 à 800 m de dénivelée)

Après les photos de face, les photos à la verticale disponibles sur le site geoportail, en haut 1960 environ, en bas 2022, qui confirment la fonte du glacier côté ouest (petite face nord) et la disparition du sérac du bas.

Reste à espérer que Ie gros sérac restant ne s'effondre pas tout d'un bloc comme le parc national commence à le craindre https://www.vanoise-parcnational.fr/fr/actualites/le-glacier-suspendu-de-la-face-nord-de-la-grande-casse-sous-haute-surveillance

http://paysages.vanoise-parcnational.fr/comparator/195
à l'instar de celui de la Marmolada dans les Dolomites italiennes durant l'été 2022 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effondrement_du_s%C3%A9rac_de_la_Marmolada

Si par endroits le recul glaciaire rend possibles des descentes à skis qui ne l’étaient pas avant (glacier des Bœufs Rouges, glacier du Casset), il peut ailleurs les rendre plus difficiles voire impossibles… Dans le cas de la petite face nord de la Grande Casse, la barre exposée de début avril 2023 semble être presque recouverte fin avril, une descente à prévoir donc uniquement par ces conditions de fort enneigement en fin de saison...

23 avril 2023 7 23 /04 /avril /2023 15:01

La descente à skis du glacier ouest de Péclet à 7 ans d'intervalle (avril 2016 et avril 2023, avec des enneigements comparables corrects à assez bons à haute altitude en Vanoise) a permis de constater à quel point sa fonte avait été rapide, amplifiée par la saison 2022 catastrophique entre toutes pour les bilans glaciaires avec sa conjonction d'un hiver marqué par une sécheresse record et d'un été marqué par une canicule proche des records. Un glacier sans doute condamné à court terme (2030 ?) vu son exposition ouest et son altitude modérée (bassin d'accumulation à moins de 3500 m).
Les comparaisons de photos prises à (seulement) 7 ans d'intervalle semblent en effet mettre en évidence des pertes d’épaisseur de l’ordre de 20 à 30 mètres (par exemple au niveau des rochers mis à nu par le recul glaciaire), soit des pertes annuelles d’en moyenne 3 à 4 mètres, compatibles avec les bilans de masse établis sur le glacier de Gébroulaz voisin (mais mieux exposé au nord et plus protégé des vents en termes d’accumulations…) : https://www.vanoise-parcnational.fr/fr/actualites/evolution-du-glacier-de-gebroulaz-2022-annee-de-tous-les-records#:~:text=De%201995%20%C3%A0%202022%2C%20la,le%20graphe%20ci%2Dapr%C3%A8s).

vue d'ensemble : en haut le glacier en avril 2016, en bas en avril 2023
vue d'ensemble : en haut le glacier en avril 2016, en bas en avril 2023

vue d'ensemble : en haut le glacier en avril 2016, en bas en avril 2023

vue depuis le bas du glacier avec des perspectives très proches plus facilement comparables : en haut 2016, en bas 2023. On note l'amincissement du glacier, à la fois sur les séracs de gauche et au milieu/droite avec les rochers qui ont émergé en bas de la pente de neige et pointent de plus en plus en haut de celle-ci
vue depuis le bas du glacier avec des perspectives très proches plus facilement comparables : en haut 2016, en bas 2023. On note l'amincissement du glacier, à la fois sur les séracs de gauche et au milieu/droite avec les rochers qui ont émergé en bas de la pente de neige et pointent de plus en plus en haut de celle-ci

vue depuis le bas du glacier avec des perspectives très proches plus facilement comparables : en haut 2016, en bas 2023. On note l'amincissement du glacier, à la fois sur les séracs de gauche et au milieu/droite avec les rochers qui ont émergé en bas de la pente de neige et pointent de plus en plus en haut de celle-ci

de façon plus précise grâce aux photographies aériennes consultables sur geoportail, en haut 1960 environ, en bas sans doute 2022...
de façon plus précise grâce aux photographies aériennes consultables sur geoportail, en haut 1960 environ, en bas sans doute 2022...

de façon plus précise grâce aux photographies aériennes consultables sur geoportail, en haut 1960 environ, en bas sans doute 2022...

c'est pas mieux pour le glacier de Gébroulaz vu depuis le sommet de l'aiguille de Péclet, à gauche 2016 à droite 2023, avec ici encore une fonte marquée bien visible au niveau de l'éperon rocheux en haut
c'est pas mieux pour le glacier de Gébroulaz vu depuis le sommet de l'aiguille de Péclet, à gauche 2016 à droite 2023, avec ici encore une fonte marquée bien visible au niveau de l'éperon rocheux en haut

c'est pas mieux pour le glacier de Gébroulaz vu depuis le sommet de l'aiguille de Péclet, à gauche 2016 à droite 2023, avec ici encore une fonte marquée bien visible au niveau de l'éperon rocheux en haut

9 avril 2023 7 09 /04 /avril /2023 15:46

Le 9 avril 2023

Itinéraire : sommet du télésiège du Génépi - chalets de la Glière - lac des Vaches - col de la Grande Casse - petite face nord jusqu'à la cote 3600 m (le haut de la face étant exposé suite au recul glaciaire) en aller-retour

Sommet : 3600 m

Difficulté : 4.3/5.1 pour les 500 m de face parcourue, départ à 45° sur 200 mètres puis 40° pour le bas

Dénivelée : 1600 m à la montée (2000-3600-1400)

Pour finir cette semaine de ski de randonnée on s’oriente vers l’une des courses-phares de la Vanoise, la Grande Casse – sommet du massif – par sa face nord, connue pour son pan glaciaire de 800 mètres de haut avec ses séracs suspendus. L’approche par le col de la Grande casse et son très beau vallon occidental encaissé entre la face nord-ouest de la Grande Casse et les aiguilles et pointes de la Glière et de l’Epena y donne accès en 2 heures de montée depuis le haut des remontées mécaniques de Pralognan-la-Vanoise. 
L’ambiance change alors radicalement dans cette face haute de 800 mètres et large de plusieurs centaines de mètres, encore décorée de gros séracs. La partie dite de la « petite » face nord se situe à droite en montant et sort sur l’arête ouest de la Grande Casse, avec une ampleur et une raideur moindres que la partie orientale de la face. 

La minute glaciologique

Le recul glaciaire a fait apparaître des rochers dans la partie haute de la face, rendant le début de la descente exposée au-dessus de barres rocheuses, une évolution récente sans doute amplifiée par l’été 2022 et son bilan de masse négatif record à l’échelle de tous les glaciers des Alpes. Il suffit par exemple de comparer des photos de l’été 2020 (avec donc un glacier en bien meilleur état que 3 ans plus tard) : https://www.vanoise-parcnational.fr/fr/actualites/le-glacier-suspendu-de-la-face-nord-de-la-grande-casse-sous-haute-surveillance (troisième photo)
avec de plus anciennes (sans doute vers 2005) :
https://skitour.fr/topos/667 (première photo)
pour constater que le glacier a intégralement fondu en haut de la petite face nord, laissant la place aux rochers… Une évolution encore plus inquiétante sachant que ce recul n’est pas celui d’une zone d’ablation à cause d’une accumulation moindre dans la zone éponyme, mais le recul de la partie la plus haute de la zone d’accumulation, en versant froid et raide à plus de 3500 mètres, en théorie loin au-dessus de la ligne d'équilibre du glacier, là où pourtant la fonte estivale excède maintenant l’accumulation du reste de l’année depuis de longues années…
Une photo d’il y a presque 40 ans montre d’ailleurs le changement complet de physionomie de la face nord dans cet intervalle, le glacier s’étant aminci considérablement et ayant perdu tous ses séracs à l’exception du sommital :
https://renardf.piwigo.com/picture?/4595/category/765-chasseforet_1984
Si par endroits le recul glaciaire rend possibles des descentes à skis qui ne l’étaient pas avant (glacier des Bœufs Rouges, glacier du Casset), il peut ailleurs les rendre plus difficiles voire impossibles…

Fin de l'aparté

On renoncera donc au début de descente à plus de 45° à louvoyer entre les barres rocheuses, pour chausser les skis à 3600 m, 100 mètres sous la crête sommitale. Comme souvent durant les jours précédents, la descente se fera en poudreuse, mais moins profonde que la veille et parfois légèrement croûtée par le vent, clôturant en tout cas cette belle semaine de grand ski, des conditions tardives d’hiver rarement rencontrées plus tôt dans cette même saison !

arrivée au col de la Grande Casse
arrivée au col de la Grande Casse
arrivée au col de la Grande Casse

arrivée au col de la Grande Casse

en crampons sur l'escalier de 1500 marches
en crampons sur l'escalier de 1500 marches
en crampons sur l'escalier de 1500 marches
en crampons sur l'escalier de 1500 marches
en crampons sur l'escalier de 1500 marches

en crampons sur l'escalier de 1500 marches

en skis dans la poudreuse près du glacier suspendu avec ses séracs
en skis dans la poudreuse près du glacier suspendu avec ses séracs
en skis dans la poudreuse près du glacier suspendu avec ses séracs
en skis dans la poudreuse près du glacier suspendu avec ses séracs
en skis dans la poudreuse près du glacier suspendu avec ses séracs
en skis dans la poudreuse près du glacier suspendu avec ses séracs
en skis dans la poudreuse près du glacier suspendu avec ses séracs
en skis dans la poudreuse près du glacier suspendu avec ses séracs

en skis dans la poudreuse près du glacier suspendu avec ses séracs

sous le col de la Grande Casse

sous le col de la Grande Casse

sur la moraine latérale du Glacier de la Grande Casse, face à l'aiguille de la Vanoise

sur la moraine latérale du Glacier de la Grande Casse, face à l'aiguille de la Vanoise

13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 16:25

L'expédition n'a pas eu seulement un intérêt alpinistique et "ethnologique",  à la découverte des parois calcaires et bergers Kurdes, mais aussi botanique, avec de splendides prairies fleuries vers 2800-3000 m (un vrai calvaire pour un allergique comme moi !), et glaciologique, avec encore des glaciers importants quoique en retrait accéléré.

 

Ces montagnes calcaires culminant à seulement 4150 m comportent en effet de beaux glaciers malgré les températures estivales caniculaires et la sécheresse absolue que nous avons constatées en juillet/août 2011.

 

Qu'on en juge : près de 38°C l'après-midi dans la ville de Hakkari pourtant perchée à 1800 m d'altitude dans les contreforts du massif, un isotherme 0°C à plus de 5000 m durant plusieurs mois et aucun regel nocturne même à 3500 m l'été (même si la neige reste dure en permanence, étant recouverte de poussière, sans doute en provenance du désert irakien à seulement quelques centaines de kilomètres au sud). Pourtant le massif est encore doté de beaux appareils glaciaires blottis sur ses versants nord, avec une ligne d'équilibre actuellement localisée sans doute aux environs de 3600 m, restant malgré tout très basse pour la région (pour des expositions également nord elle se situerait sans doute d'après les cartes/photos que j'ai pu voir au-delà des 4000 m sur l'Ararat voisin et des 4200 m dans l'Elbourz iranien que j'avais parcouru en 2005). Les hivers doivent être très enneigés dans le Kurdistan !

Le glacier le plus important reste celui du Suppa Durek, dont le front s'arrête actuellement aux alentours de 3000 m alors que des photos plus anciennes (1900) tendraient à prouver une altitude minimale de 2500 m il y a quelques décennies. Les rochers polis et lacs de moraine troubles témoignent d'un recul rapide et important. Début août 2011 les deux tiers de la surface du glacier étaient déjà complètement à vif, parcourus de dizaines de bédières à gros débit mettant en évidence un bilan de masse déjà très négatif plusieurs semaines avant la fin de la saison d'ablation. De quoi être pessimiste sur l'avenir à court terme de ces glaciers qui constituent actuellement via leurs torrents de fonte l’une des seules sources d’eau de la région l’été  !

 

Ci-dessous quelques photos qui témoignent du recul du glacier nord du Suppa Durek, avec des cadrages relativement proches (on voit l’amincissement du glacier et son recul en aval) ; il est également intéressant de suivre la diminution puis la quasi-disparition du névé suspendu situé sous la face nord de l'Elsan à gauche des photos :

en 1900 :

photo 1900

 

 

en 1969 durant l’expédition de Bernard Amy (photo de couverture de son bel ouvrage la relatant « la montagne des autres ») :

photo couv Suppa Durek-copie-1

 

en 2011 durant notre expédition :

2011 07 08 Turquie 185 bis

 

vue en 2011 de la partie aval du glacier, à vif, et du lac morainique de fonte, depuis le pilier est de Mirhamza :

2011 07 08 Turquie 410 (Large)

 

 Une photo montrant la survie malgré tout de beaux glaciers dans le massif (le glacier nord-ouest du Resko situé dans un cirque nord, au pied de parois de près de 1000 mètres de hauteur, et dont le front se situe à une altitude d’environ 2700 m) :

2011 07 08 Turquie 092 bis (Large)

 

même si là encore le recul est flagrant entre 1969 et 2011 : 

comparaison glacier Resko

 

Remarquez la disparation de la zone enneigée/englacée en bas du couloir partant de la selle entre les 2 sommets au centre-gauche des photos, la neige et la glace étant en 1969 presque continues entre la rimaye en bas du couloir et le névé suspendu situé sous le sommet de droite. 

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