Du 23 au 25 février 2020
Itinéraire : Bagni de Vinadio - refuge Migliorero - pas d'Ischiator - refuge de Rabuons - couloirs sud-est de la Tête de Lusernier - mont Ténibre - lac Chaffour - refuge de Rabuons - pas de Corborant -San Bernalfo - Bagni de Vinadio
Sommet : 3050 m sur le mont Ténibre
Dénivelée :
J1 : 1400 m (1450-2850-2500)
J2 : 850 m (2500-2850-2750-2950-2750-3050-2500)
J3 : 450 m (2500-2950-1300)
Difficulté : 4.1 pour le premier couloir sud-est de la Tête de Lusernier, 4.2 ou 4.3 pour le second avec environ 200 mètres à 40° avec de courts passages à 45° et une largeur variant de 2 à maximum 10 mètres, ambiance bobsleigh par endroits !
Voilà quelques années que je voulais découvrir ces lacs et refuges perchés de la haute Tinée, haute de par sa position septentrionale mais aussi son altitude, des cirques glaciaires constellés de lacs à plus de 2000 mètres. Un coing de Mercantour loin des métropoles maralpines, des stations de ski, et dont l’ingratitude de l’accès pour les skieurs, sur des adrets raides et avec des accès routiers bas, garantit la tranquillité.
Après une première incursion au refuge de Vens en avril 2017, la découverte de ces lieux se poursuivra dans le magnifique cirque de Rabuons en février 2020, avec des conditions nivo-météorologiques rappelant plus une fin de printemps qu’un cœur d’hiver. On skiera en effet sur de la moquette à poils plus ou moins longs, parfois en tee-shirt, au-dessus de lacs en début de débâcle, et le refuge d'hiver s'avèrera bien confortable dans une ambiance sauvage (seulement 2 autres randonneurs le premier soir) mais douce (merci le poêle) voire douillette. C’est un refuge qui date de plus d’un siècle, bien confortable pour autant avec ses panneaux solaires (pas d’origine !), idéalement positionné sur un promontoire rocheux entre le lac de Rabuons et la vallée de la Tinée 1500 mètres plus bas.
Quelques jours hors de la civilisation, passées à se nourrir de soupes en poudre et de pâtes à cuisson rapide, mais surtout d'aubes et de crépuscules, de lacs aux rivages de neige fracturés de crevasses, de couloirs qui fendent les falaises de gneiss dorées de lichens, de bouquetins et chamois qui nous regardent de haut, de sommets qui flamboient au crépuscule pour laisser la scène à la voie lactée. Loin des désirs factices, du temps dicté par la vie moderne, on revient à l’essentiel, et au temps du skieur seulement rythmé par le soleil, la lumière et les températures.
Dommage qu’un enneigement pauvre et vieux (datant pour la presque totalité de novembre...) caractérise ici comme ailleurs les conditions, avec un fort gradient de qualité et de quantité : le cirque de Rabuons côté France est particulièrement sec (évoquant une fin mai, le lac de Rabuons commençant d'ailleurs à dégeler par endroits) alors que l'enneigement reste encore relativement abondant dans les versants italiens (sauf en adrets). Avec des versants nord où le vent a remplacé la neige par de la pierraille, le meilleur ski se trouve au soleil, loin des crêtes déneigées, entre 10h et 14h d'est en ouest. On trouvera même par endroits de la neige aux allures de névé, jaunie par les poussières sahariennes et au ramollissement limité même aux heures chaudes. On pourra tout de même skier de très belles lignes, deux couloirs presque parallèles situés en face sud-est de la Tête de Lusernier, repérés depuis le pas d’Ischiator et qui tiendront toutes leurs promesses : des traits de neige dans les parois de gneiss compact hérissées de gendarmes qui offrent une magnifique ambiance entre rocher coloré d’or, lacs gelés sous les crampons et mer de nuages au-dessus de la Méditerranée.
J2 : montée dans le premier couloir sud-est de la Tête de Lusernier, demi-tour à 50 mètres de la sortie
J2 : descente dans le premier couloir sud-est de la Tête de Lusernier, sous le gneiss doré (de lichens)
J2 : montée dans le second couloir sud-est de la Tête de Lusernier, jusqu'à son débouché sur la crête faîtière