Le 8 juin 2025
Voie "queyr'arnica", 11 longueurs, équipé, 5c+ max (et 1200 mètres d'approche aller-retour depuis le hameau des Escoyères)
Cotations topo 5a/4b/5b+/5b/4a+/5b/5c/5c/4a/4b/5c+
ressenties 6a (1 pas)/5a/5c/5c/4b/5c/6a (au départ) puis 5c soutenu/5c+ (1 pas)/5b/5a/6a (2 pas) et 5c soutenu
Première journée d’une virée en montagne, vers les grandes voies équipées de la crête queyrassine des Chalanches face au col de Furfande. Après un bivouac panoramique sur un promontoire herbeux face au massif d’Assan, malheureusement gâché par les aboiements d’un patou, on rejoint le bas de la face après 2 heures et demi d’une approche variée à travers forêt puis alpages, dans la lumière trouble apportée par les fumées des incendies du Canada depuis près de 10000 km à l’ouest. De plus en plus fréquent d’avoir l’atmosphère brouillée même en période anticyclonique, que ce soit par les fumées advectées d’outre-Atlantique à la fin du printemps ou l’été, ou par les poussières du Sahara d’outre-Méditerranée… en toute saison.
On a affaire à une voie typée montagne, longue (11 grandes longueurs souvent proches de 50 mètres, plus quelques liaisons parfois grimpantes) à l’équipement espacé (parfois jusqu’à 15 mètres entre les points du 4 aux allures de petit 5), au rocher de qualité variable (de croulant avec de nombreux blocs posés, à excellent, sous la forme d’un calcaire gris rarement compact et sculpté, par exemple de cannelures). Comme souvent dans le Queyras, les cotations s’avéreront très sévères, particulièrement dans les 4 ou petits 5 loin d’être faciles, ce qui joint aux spits distants impose un bon niveau 6a à vue si l’on ne veut pas se faire trop peur… De très belles longueurs, particulièrement dans la seconde moitié de l’itinéraire comme L6 à L9, côtoient d’autres plus anecdotiques voire déplaisantes comme L2 ou L10 en rocher fragile et à l’escalade peu élégante…
Une fois parvenus au sommet à 16h30 après environ 6 heures passées dans la voie, les crux de la journée restent à passer ! D’abord la descente, délicate dans un premier couloir de pierrailles raide et exposé versant ouest, dont on s’échappe à droite par un court rappel pour prendre pied dans un second couloir toujours aussi délité moins exposé, puis dans le grand couloir est sous la brèche du Jacques et le grand éboulis qui lui fait suite. La suite du retour pédestre se fera plus plaisante dans la longue traversée des alpages de Furfande, agrémentée de parterres fleuris et de la rencontre d’un gros renard au milieu des marmottes.
Le dernier crux de cette longue journée (13 heures voiture à voiture sans longue pause !), mais pas le moindre, sera constitué par… la descente en voiture de la route des Escoyères, une trentaine de lacets rarement raides, serrés et au rayon si faible qu’il impose de prendre certains virages en plusieurs fois, pour au final l’une des routes de montagne les plus délicates que je connaisse.