Les 8 et 9 avril 2017
Sommet : 2900 m à la brèche Borgonio et au pas de la Lauze
Dénivelée :
J1 : 1600 (1550-2650-2350-2800-2300-2350)
J2 : 1700 (2350-2900-2600-2900-2650-2800-1900-2550-1550)
Difficulté : 4.2 pour la descente du couloir nord de la cîme de Fourchas
Itinéraire : rio de Ferrière - col du Fer - aiguilles de Tortisse - refuge de Vens - cîme de Fourchas - refuge de Vens - pas de Vens - brèche Borgonio - lac de Ténibre - pas de la Lauze - couloir du rocher de Vallonda - vallon supérieur de Ponte Bernardo - col de Stau - rio de Ferrière
Voilà de nombreuses années que je voulais découvrir cette portion nord du Mercantour, là où les cartes donnent à rêver vallons suspendus, refuges blottis au bord de lacs d’altitude et sommets de près de 3000 mètres sur la crête frontière, en été ou en saison froide, même si l’approche à skis versant français s’avère particulièrement ingrate avec un départ bas sur l’adret et donc souvent un long portage. La solution a été trouvée en partant versant nord côté italien, un peu en aval du village d’Argentera, ce qui permet de chausser les skis presqu’à la voiture, à guère plus de 1500 m. A noter d’ailleurs un enneigement bien meilleur côté italien que côté français à exposition et altitude égales, à seulement quelques kilomètres d’intervalle, on peut sans doute y voir l’effet des retours d’est de cet hiver...
La remontée du long vallon de Forneris donne accès au col du Fer puis aux aiguilles de Tortisse, une curiosité géologique à base de monolithes de cargneule, des pitons de roche délitée jaune et grise qui parsèment les moutonnements du relief au nord des lacs de Vens. On longe d’ailleurs une belle arche de cargneule dans la descente du col de Tortisse au refuge de Vens, qu’on atteint vide en début d’après-midi une belle ambiance montagne au bord du lac oriental gelé et face au cirque du Trou de l’Ane à l’ouest . On décide alors de compléter cette approche par l’un des couloirs de la cîme de Fourchas repérés à midi depuis les aiguilles de Tortisse ; après une petite heure de montée on se retrouve en haut d’une pente raide de 400 mètres de haut, dont la partie médiane encaissée entre des monolithes de gneiss couvert de lichens aux couleurs vives offre une très belle ambiance. On retournera donc au refuge la tête pleine de belles images… mais avec la mauvaise surprise d’y trouver un groupe de … 25 ([sic]) skieurs du club alpin italien !
Le lendemain on quittera rapidement la foule du refuge vers la brèche Borgonio avant de basculer sur une neige encore dure vers les lacs de Ténibre puis de remonter au Pas de la Lauze. La descente de la pente nord du pas en neige froide nous motivera pour une remontée expresse dans un couloir nord situé sous le rocher de Vallonda, bonne pioche avec là encore de la poudreuse d’hiver presqu’incongrue par ces températures pré-estivales. On poursuivra la boucle par la descente principalement en bonne neige de printemps du beau et long vallon supérieur de Ponte Bernardo, là où nous rencontrerons nos premiers skieurs de la journée, une magnifique combe encaissée entre des parois de gneiss serties de nombreux couloirs, un petit paradis du ski de pente raide !
La dernière remontée au col de Stau et ses 600 m de dénivelée dans une neige parfois pourrie jusqu’au sol par la chaleur de ce versant sud-est s’avérera bien physique, et la descente versant nord dans la combe du Pilone achèvera de nous fatiguer dans une soupe à peine meilleure, ou plutôt moins pire !
Au final et malgré cette dernière descente trop tardive, un beau week-end de sauvagitude entre lacs d’altitude et aiguilles de gneiss dorées de lichens, couloirs rocheux et larges cirques ensoleillés, un coin encore (relativement) confidentiel où la trace reste à faire après une semaine de beau temps, et où l’on croise plus de quadrupèdes à cornes que de bipèdes à skis ! Il faudra revenir pour rallonger le périple jusqu’au Corborant et au refuge de Rabuons, un autre bout du monde en terra incognita des skieurs de rando !