Le 10 mai 2025
Itinéraire : Pré de Madame Carle - Glacier Blanc - Col des Ecrins - Dôme de Neige des Ecrins en aller-retour
Sommet : 4000 m au Dôme de Neige des Ecrins
Dénivelée : 2200 m sur 25 km AR (1850-3350-3300-4000-1850), portage de 1850 m à 2250 m
Difficulté : 3.3, mais pente nord du Dôme très crevassée, grande vigilance de rigueur
Retour sur le Dôme de Neige des Ecrins, après une première virée en alpinisme… en 1995 (le Glacier Blanc arrivait alors encore sur le grand replat situé sous le refuge éponyme !), à skis en 2009, en alpinisme par la traversée de la Barre en 2010, puis à nouveau en skis en 2013 avec la trilogie des pentes raides et couloirs sur le Coolidge, Barre Noire et la Grande Sagne, magnifique journée ternie par différents incidents qui auront finalement tourné l’accident.
Cette fois on vise l’aller-retour au Dôme à la journée à skis, vu les bonnes prévisions pour la matinée du samedi. Finalement, après une nuit dans la voiture au Pré de Madame Carle ponctuée par de nombreuses averses, le temps s’avèrera beaucoup moins beau que prévu par notamment Meteo France la veille : en lieu et place du beau temps matinal, ciel bouché, averses en pluie sous 2200 m et visibilité très faible notamment sur le Glacier Blanc, plafond nuageux à 3500 m le matin, remontant à partir de 10h. Un problème de fiabilité des prévisions à court terme récurrent au printemps, surtout dans les Alpes du Sud et surtout sur leur partie orientale (la météo paraissait bien meilleure côté Vénéon que côté Vallouise), sans doute lié à l'imprédictibilité des conditions convectives. Après un départ à 2h30 et une montée dans la nuit, le brouillard et sous les averses de neige (le monde se résumant donc à la boule de lumière dispensée par la frontale), on pensera même faire demi-tour au Col des Ecrins. Après une pause d’une heure, la lumière de simili-éclaircies au-dessus et l’arrivée de groupes depuis le refuge des Ecrins qui poursuivent dans la face nous incitent à remettre les peaux déjà enlevées, et bien nous en aura pris puisqu’on retrouvera le soleil juste au-dessus de la mer de nuages au plafond situé vers 3500m. On profitera alors de la superbe ambiance du haut de la face nord au-dessus de la mer de nuages (marée montante à partir de 10h) dont n'émergent que les plus hauts sommets des Ecrins, tous plâtrés de fraîche comme rarement à cette époque de l’année, l’impression de voler en avion au-dessus du massif ! Le sommet du Dôme sera atteint vers 10h, au bout d’environ 6 heures de montée et 2 longues pauses à 2700 m puis au Col des Ecrins, sans fatigue excessive mais avec beaucoup d’essoufflement au-dessus de 3700m, trahissant le manque d’acclimatation…
Le début de la descente se fera également dans d’excellentes voire exceptionnelles conditions, avec 40 à 60 cm de poudreuse légère, non ventée, jusqu’à ce qu’on retrouve le jour blanc à mi-face. On skiera alors très précautionneusement le long de traces existantes, avec de nombreuses crevasses parfois difficilement visibles ; l'un des skieurs du jour aura d'ailleurs traversé un pont de neige en haut de la face nord dans le passage raide vers 3800m, retenu par ses coudes... Il semblerait qu'avec sa déglaciation la face devient de plus en plus chaotique et crevassée.
Plus bas on évoluera sur une bonne neige de printemps sur la partie plate du Glacier Blanc, une neige pourrie en profondeur mais restant skiable grâce au damage des passages sous 2700 m, et enfin une neige plus portante et typée névé, mais collante à cause de la petite couche de fraîche de la nuit sur la fin avant le déchaussage à 2250 m.
On retiendra au final ces quelques heures exceptionnelles passées à survoler la mer de nuages rarement haute dans une poudreuse… de mai, plus que les autres plus nombreuses passées dans le jour blanc… ou noir avant l’aurore !
vues sommitales, dans l'orre Grande Ruine et Meije, Brèche des Ecrins, Pic sans Nom et du Coup de Sabre, Ailefroides derrière le Pic Coolidge, Barre des Ecrins et couloir Coolidge à gauche skié en 2013 (pas praticable cette année)