AGORAMANIA : des grands espaces de Provence à la wilderness d'ailleurs
Des +6400 m de Bolivie aux -400 m de Jordanie, des monastères perchés des Météores aux églises troglodytes d'Abyssinie, des mosquées d'Ispahan aux dômes nervurés de Samarcande, du sable blanc du Nouveau-Mexique aux pitons gréseux du Hoggar...
Itinéraire : Majastres – col 1233 – Saint-Sauveur – point coté 1516 – col 1629 – Chiran – cabane de Peire Naisse – l’Hauteur – les Lauses – col 1233 - Majastres
Sommet : 1900 m
Dénivelée : 1000 m (1150-1750-1700-1900-1550-1750-1150)
Difficulté : 2.1
Une belle sortie à la journée de la capitale de la Provence vers la Haute-Provence, sur ce Chiran rarement skiable et encore plus rarement en poudreuse vu l'exposition de ces montagnes toutes en croupes à tous les vents. La journée chômée sera bien utilisée à traverser non pas la rue pour trouver un boulot mais à traverser la Provence pour trouver la poudreuse !
La montée au petit village de Majastres, perché sur son plateau suspendu au-dessus des gorges de Trévans, par une petite route de montagne vertigineuse, met directement dans l'ambiance sauvage de cette Provence montagnarde en désertification rurale ; on croisera d'ailleurs plus de quadrupèdes (2 chamois, 2 chevreuils) que de bipèdes (2 en raquettes) une fois les skis chaussés.
Un peu inquiets à la montée sur les conditions de descente vu les faibles épaisseurs de neige, on se rassurera une première fois dans la descente du versant nord du Chiran (juste une petite touchette au-dessus de la cabane de Peire Naisse) pour se féliciter a posteriori du choix de la course dans la descente de l'Hauteur, là encore en excellente poudreuse bien évidemment vierge !
Un beau secteur, certes peu alpin, mais offrant de belles ambiances rocheuses sur la grande vire ouest entre Saint-Sauveur et l'Hauteur, et de belles et ce jour bonnes descentes panoramiques. Une journée volée au gel hydro/boulot/dodo passée dans la sauvagitude qui caractérise souvent les Alpes provençales !
à la montée sur les pentes suspendues versant sud-ouest de l'Hauteur, au-dessus des tours du point coté 1516 et des strates de l'Eirouelle en face et les strates
sous le col du point coté 1629
montée finale au Chiran, panorama allant des Préalpes dignoises, Ecrins et Dévoluy aux montagnes de Provence : Saintes Baume et Victoire, chaîne de l'Etoile et Pilon du Roi derrière le lac de Sainte-Croix
poudreuse sous le sommet du Chiran et son observatoire astronomique
remontée à l'Hauteur versant sud
encore et toujours poudreuse versant nord de l'Hauteur
sur la piste et ses pins enfouis sous la fraîche, devant les gorges du Clovion et le hameau abandonné du Poil, puis arrivée à Majastres et son église
Après un demi-tour sur l’autoroute dans les bourrasques de neige et des prévisions météo pas si bonnes sur le Dévoluy, retour… sur la côte bleue pour y profiter à proximité des bonnes chutes de neige du jour. 5 à 10 cm collants qui adhèrent bien sur la végétation permettront d’admirer la pinède et la garrigue dans une version givrée inhabituelle, et de s’adonner au ski nordique sur la route Pompidou du Rove, dont le bitume s’accommode d’une faible épaisseur de neige… 3 ans après l’épisode de décembre 2017, on reste encore loin des 30 à 40 cm de neige tombés en janvier 2009 !
La Cuquère par la Rivière, aller-retour à la Tête de la Guizière
Sommet : 1900 m
Dénivelée : 900 m (1200-1800-1600-1900-1200)
Difficulté : 2.1
Après Charance la veille, retour dans ces contreforts est du Dévoluy vers la Cuquère au départ du hameau de la Rivière, avec encore en ligne de mire ces douces prairies sommitales bien indiquées par risque d’avalanches marqué, au-dessus des forêts de feuillus plus (et trop) denses que les mélézins. Malgré le ciel nuageux du jour, ce sera encore un menu de ski exclusivement à base de poudreuse légère et profonde, presque sans fond au-dessus de 1600 mètres, alors que plus bas le manque de sous-couche se fait parfois sentir, particulièrement pour les semelles. Mention spéciale pour la sapinière au sommet de la tête de la Guizière qui croule sous la neige fraîche et offre une ambiance japonaise quelques hectomètres au-dessus de Gap !
au-dessus de la Sagne
brève éclaircie sous les belles pentes sommitales déjà bien tracées
dans la sapinière de la Tête de Guizière
descente en poudreuse légère et épaisse, leitmotiv du moment !
Le Cuchon au départ de La Chau par la brèche et le pic de Charance, descente par la pente nord directe
Sommet : 1900 m
Dénivelée : 750 m
Difficulté : 3.1
3 jours après le retour des tropiques par températures largement négatives toute la journée, première journée de ski de randonnée de la saison, à basse altitude près de Gap vu le temps froid et les grosses chutes de neige récentes. Après une arrivée tardive sur une route complètement enneigée, on s’oriente vers le sommet du Cuchon au-dessus de Rabou. C’est la montagne qui domine Gap côté ouest, et dont le versant nord offre une longue pente régulière d’alpages puis de forêt. La forêt est coupée de clairières et de pistes, dont l’assemblage permet d’éviter le bartassage.
Les températures à -10°C seront finalement aussi plaisantes à skis en petites courbes que les +30°C en masque et tuba en plongées quelques jours plus tôt ! On profitera d’une belle descente en poudreuse légère et sans fond du sommet à la maison, poudreuse vierge pour la première moitié, une session en neige d’hiver parfaite pour commencer la saison, après avoir terminé la précédente - en mars malheureusement - en neige de printemps parfaite, après et avant les confinements ! Merci à nos gouvernants de nous attribuer nos permissions de sortie uniquement pour les bons créneaux à skis...
dans la forêt au-dessus de La Chau
sur la longue arête entre la brèche de Charance et le Cuchon
le village perché de Rabou devant le pic de Bure
descente dans une poudre sans fond dans la pente nord directe
Bientôt dans SkiRando magazine (numéro 44 à paraître mi-mars 2021) un article sur les raids à skis de la haute vallée du Valgaudemar, "la plus himalayenne" des vallées alpines où l'on peut skier de refuge en refuge sur des itinéraires magnifiques mais souvent alpins et engagés. Seront introduit, décrits, illustrés et traçés sur carte numérique les tours des Rouies, du Says, du Jocelme, du Sirac et de l'Aiguille de Morges.
Bientôt dans SkiRando magazine (numéro de février-mars 2021) une sélection toute personnelle de couloirs méconnus voire inconnus des Alpes du Sud, choisis pour leur beauté mais aussi accessibilité :
Itinéraire : Serre Michèle – Pra Gasta – le Piolit – Pra Gasta – Clot Rond – col de Chorges – Pra Gasta – Serre Michèle
Sommet : 2450 m
Dénivelée : 1250 m (1600-2450-1900-2300-1600)
Difficulté : 3.3
Journée de ski de randonnée versant sud du Champsaur, sur les flancs du Piolit au-dessus du lac de Serre-Ponçon, pour une classique bien visible en voiture de la N94 à chaque virée alpine mais encore jamais skiée. Durant la montée en voiture on peine à s’imaginer skis aux pieds dans cet adret qui semble déjà bien déneigé, mais une fois parvenus au bout de la piste à 1600 mètres un portage de seulement 20 minutes sous les mélèzes et entre les crocus permet d’accéder à la neige continue, encore abondante au-dessus de 2000 mètres. Comme souvent cette saison, ce sera du grand ski sur neige de printemps, parfaitement à point au cours des 2 descentes du jour, la première s’étant avérée tellement bonne que les peaux ont été remises. Des grandes courbes… ou de la petite godille sur de la moquette en face du fjord de Serre-Ponçon et sous les plissements calcaires des falaises des Parias, de quoi bien profiter du ski de printemps avant… quelques semaines de balades dans la garrigue de la côte bleue !
dans le mélézin
entre neige (ravinée par les pluies), torrents et crocus
dans la montée, sous les plissements de calcaire au-dessus de Serre-Ponçon
sous le sommet du Piolit
première descente, moquette au-dessus du fjord de Serre-Ponçon
Itinéraire : Bagni de Vinadio - refuge Migliorero - pas d'Ischiator - refuge de Rabuons - couloirs sud-est de la Tête de Lusernier - mont Ténibre - lac Chaffour - refuge de Rabuons - pas de Corborant -San Bernalfo - Bagni de Vinadio
Sommet : 3050 m sur le mont Ténibre
Dénivelée :
J1 : 1400 m (1450-2850-2500)
J2 : 850 m (2500-2850-2750-2950-2750-3050-2500)
J3 : 450 m (2500-2950-1300)
Difficulté : 4.1 pour le premier couloir sud-est de la Tête de Lusernier, 4.2 ou 4.3 pour le second avec environ 200 mètres à 40° avec de courts passages à 45° et une largeur variant de 2 à maximum 10 mètres, ambiance bobsleigh par endroits !
Voilà quelques années que je voulais découvrir ces lacs et refuges perchés de la haute Tinée, haute de par sa position septentrionale mais aussi son altitude, des cirques glaciaires constellés de lacs à plus de 2000 mètres. Un coing de Mercantour loin des métropoles maralpines, des stations de ski, et dont l’ingratitude de l’accès pour les skieurs, sur des adrets raides et avec des accès routiers bas, garantit la tranquillité.
Après une première incursion au refuge de Vens en avril 2017, la découverte de ces lieux se poursuivra dans le magnifique cirque de Rabuons en février 2020, avec des conditions nivo-météorologiques rappelant plus une fin de printemps qu’un cœur d’hiver. On skiera en effet sur de la moquette à poils plus ou moins longs, parfois en tee-shirt, au-dessus de lacs en début de débâcle, et le refuge d'hiver s'avèrera bien confortable dans une ambiance sauvage (seulement 2 autres randonneurs le premier soir) mais douce (merci le poêle) voire douillette. C’est un refuge qui date de plus d’un siècle, bien confortable pour autant avec ses panneaux solaires (pas d’origine !), idéalement positionné sur un promontoire rocheux entre le lac de Rabuons et la vallée de la Tinée 1500 mètres plus bas.
Quelques jours hors de la civilisation, passées à se nourrir de soupes en poudre et de pâtes à cuisson rapide, mais surtout d'aubes et de crépuscules, de lacs aux rivages de neige fracturés de crevasses, de couloirs qui fendent les falaises de gneiss dorées de lichens, de bouquetins et chamois qui nous regardent de haut, de sommets qui flamboient au crépuscule pour laisser la scène à la voie lactée. Loin des désirs factices, du temps dicté par la vie moderne, on revient à l’essentiel, et au temps du skieur seulement rythmé par le soleil, la lumière et les températures.
Dommage qu’un enneigement pauvre et vieux (datant pour la presque totalité de novembre...) caractérise ici comme ailleurs les conditions, avec un fort gradient de qualité et de quantité : le cirque de Rabuons côté France est particulièrement sec (évoquant une fin mai, le lac de Rabuons commençant d'ailleurs à dégeler par endroits) alors que l'enneigement reste encore relativement abondant dans les versants italiens (sauf en adrets). Avec des versants nord où le vent a remplacé la neige par de la pierraille, le meilleur ski se trouve au soleil, loin des crêtes déneigées, entre 10h et 14h d'est en ouest. On trouvera même par endroits de la neige aux allures de névé, jaunie par les poussières sahariennes et au ramollissement limité même aux heures chaudes. On pourra tout de même skier de très belles lignes, deux couloirs presque parallèles situés en face sud-est de la Tête de Lusernier, repérés depuis le pas d’Ischiator et qui tiendront toutes leurs promesses : des traits de neige dans les parois de gneiss compact hérissées de gendarmes qui offrent une magnifique ambiance entre rocher coloré d’or, lacs gelés sous les crampons et mer de nuages au-dessus de la Méditerranée.
J1 : cascade printanière sous le refuge Migliorero
J1 : vers le refuge Migliorero puis le lac Ischiator di Mezzo
J1 : descente ouest sous le pas d'Ischiator
J1 : au-dessus du lac de Rabuons et de ses crevasses, avant l'arrivée au refuge de Rabuons
J1 : crépuscule sur le cirque de Rabuons et la Montagne de l'Alpe
J2 : montée dans le premier couloir sud-est de la Tête de Lusernier, demi-tour à 50 mètres de la sortie
J2 : descente dans le premier couloir sud-est de la Tête de Lusernier, sous le gneiss doré (de lichens)
J2 : montée dans le second couloir sud-est de la Tête de Lusernier, jusqu'à son débouché sur la crête faîtière
J2 : descente dans le second couloir sud-est de la Tête de Lusernier
J2 : dans le couloir sud-est du Mont Ténibre
J2 : du sommet du Ténibre au lac Chaffour
J2 : au bord du lac de Rabuons
J2 : crépuscule avant voie lactée
J3 : descente du pas de Corborant versant sud-est, vers le laghi Lansfero
J3 : sur la longue et jolie piste finale au fond du vallon de San Bernolfo
Itinéraire : le Pontet – vallon de l’Orrenaye – col de Feuillas – valle Enchiausa – Auto Vallonasso – Valle Enchiausa – Colle d’Enchiausa – lac d’Apsoi – col du Bœuf – le Pontet
Sommet : 2850 m
Dénivelée : 1950 m (1950-2800-2300-2750-2400-2750-2350-2650-1950)
Difficulté : 4.1 pour la descente du versant nord du col de Feuillas, à 40° sur 100 mètres et un peu exposée au tout début
Après une tentative avortée au col de Feuillas 3 ans plus tôt sur doutes nivologiques, retour autour de la Tête de Moïse par les 3 cols – Feuillas, Enchiausa et du Bœuf. Après des semaines de temps sec et chaud, les risques d’avalanches ne sont cette fois pas de nature à nous contraindre au demi-tour, et on pourra donc boucler ce tour - non sans fourvoiements après une montée superflue vers le sommet d’Auto Vallonasso et son cul-de-sac ! La descente versant nord du col de Feuillas n’en reste pas moins impressionnante sous la corniche sommitale et sur des pentes convexes un peu exposées au départ, et la totalité du tour bien long, avec près de 2000 mètres de dénivelée - y compris les 350 mètres superflus causés par l’erreur d’itinéraire.
Mais la beauté du cadre, dolomitique du col de Feuillas au col du Bœuf sous les tours rocheuses de l’Orrenaye, ainsi que les descentes du col de Feuillas en poudreuse alourdie sur le bas et du col du Bœuf en neige de printemps encore bonne malgré l’heure tardive valent amplement ces efforts… et la descente pénible du versant ouest du col d’Enchiausa en neige glacée et caillouteuse !
sous le col de Feuilas et la face sud de la Tête de Moïse
à la descente du versant nord du col de Feuillas, encore (un peu) de (vieille) poudre !
remontée (injustifiée) vers le sommet de Auto Vallonasso
(bon,ne) remontée vers le Colle d’Enchiausa
traversée sous la face nord de la Tête de Moïse, un ski rendu difficile par la neige glacée couverte de cailloux
sous le col du Boeuf, encore de le moquette à 15h30 !
Itinéraire : Larche - vallon de Bouchouse - couloir sud-est des arêtes de la Portiolette - Pré Lafont - ravin du Combal
Sommet : 2900 m
Dénivelée : 1300 m (1700-2900-2150-2250-1700)
Difficulté : 4.1 pour la partie skiée (partie finale du couloir mal enneigée et en neige dure)
Première journée d’une virée ski de randonnée de 5 jours à la frontière italienne, entre Val Maira et Stura. On vise l’un des couloirs sud de l’arête de la Portiolette, repéré 3 ans plus tôt pour sa géologie singulière lors justement du tour de la Portiolette. Après une approche, d’abord à pieds sur des pentes sud déneigées jusqu’à plus de 2000 mètres, puis à skis dans le long vallon sous le col de la Portiolette, on pourra admirer de près ces aiguilles de calcaire caractéristiques de l’Ubaye, qui trouvent ici leur plus belle expression avec notamment un bitard aux allures de demoiselle coiffée ! Les conditions sèches et chaudes de cet hiver ne permettront malheureusement pas de sortir le couloir à skis, dont les 50 mètres terminaux se feront donc en crampons entre les rochers et sur neige dure.
Après un départ le matin même de Marseille, le ciel voilé ralentira le dégel de la neige, au point que le couloir sera descendu en neige dure. Plus bas les descentes se feront en neige bien décaillée, notamment dans les belles pentes rive gauche du ravin de Combal, chose appréciable à 17h, avant un superbe crépuscule coloré à Jausiers !
lichens sur calcaire
devant la Tête de Viraysse
à la montée dans le couloir, fin pas en conditions faite en crampons en aller-retour
à la descente au milieu des tours rocheuses
pas de cadeau sous le sapin décoré de nos baskets de portage !
vers l'Isalette, puis dans le ravin du Combal encore enneigé et en bonnes conditions