AGORAMANIA : des grands espaces de Provence à la wilderness d'ailleurs
Des +6400 m de Bolivie aux -400 m de Jordanie, des monastères perchés des Météores aux églises troglodytes d'Abyssinie, des mosquées d'Ispahan aux dômes nervurés de Samarcande, du sable blanc du Nouveau-Mexique aux pitons gréseux du Hoggar...
Itinéraire : parking du vallon de la Barasse - col Galvaudan - source des eaux vives - Baralui - col Sabatier - mont Carpiagne - col Sabatier - mont Saint-Cyr - crête nord du mont Saint-Cyr - col Galvaudan - piste du vallon de la vigie - GR 2013 - parking du vallon de la Barasse
Découverte du secteur septentrional des calanques, entre le col de la Gineste et la vallée de l’Huveaune, un coing relativement peu connu où je n'avais encore jamais posé les chaussons, baskets ou roues. C’est dommage puisque c'est un secteur atypique des calanques, des pieds de versants inhabituellement peu rocheux surmontés d’affleurements de calcaire sculpté en taffonis. On passe donc d’une ambiance collines irlandaises sur le bas, ambiance sublimée par la floraison actuelle des bruyères violettes et des ajoncs jaunes, à des chaos dolomitiques sur le haut.
On y trouve de beaux sentiers à pédaler, spécialement roulants à l’échelle de l’habituel tas de caillloux des calanques, notamment sur la crête nord du Mont Saint-Cyr, pour sûr dans les best of de la région ! Ce dernier single s’avère une petite pépite avec son tracé sur une croupe panoramique au-dessus de la rade de Marseille et de la vallée de l’Huveaune, offrant du début à la fin de très belles vues sur la métropole blottie entre les calanques et les massifs de l’Etoile, du Garlaban et de la Sainte-Baume, avec ce jour le Ventoux brillant de neige au nord au-dessus des lumières tamisées de la brume tapissant les fonds de thalweg, une très belle ambiance sous les nuages et dans le froid.
Et puis si la pinède a disparu durant l’incendie de Carpiagne de juillet 2009 qui a ravagé les lieux, la garrigue qui l’a remplacée se fait belle à la fin de l’automne avec ses impressionnants tapis de bruyères en fleurs, novembre ou début décembre sont sans doute les meilleures périodes pour en profiter ! Il faut juste penser à s’armer de pantalons longs dans la jungle de chênes kermès et d’ajoncs qui empiète sur le sentier, au risque sinon de rayer la carrosserie…
champs de bruyères et d'ajoncs en fleurs entre la source des eaux vives et le Baralui
vues du sommet du mont Carpiagne vers le cap Sicié et Marseille dans la brume
dans le chaos dolomitique vers le col Sabatier, calcaire sculpté façon taffonis
en haut de la crête ouest du mont Saint-Cyr, le Ventoux brille au dernier plan
sur le très beau single de la crête nord du mont Saint-Cyr
Voie "walking on the moune", sortie par la voie de l'écaille, 5 longueurs, équipé, 6b max
A mon sens 6a+ (1 pas)/6a (très soutenu)/6b/6a+(soutenu)/5c
Retour sur la face sud-est de la Tête de la Mounine, avec un accès cette fois depuis le boulevard de Marseilleveyre, le col des Chèvres puis 3 rappels au sud de la face – les 2 derniers étant assez malcommodes à travers garrigue et pins. C’est une face d’environ 130 mètres de hauteur, raide et compacte malgré une grande vire médiane, et qu’une grande écaille décollée d’une dizaine de mètres de haut caractérise. Comme dans « le fadal » parcourue en 2017, la grimpe est souvent dalleuse et obligatoire voire engagée, particulièrement lorsqu’on bascule dans la sixième longueur de « la voie de l’écaille », une longue traversée en 6a/6a+ continue et gazeuse à l’équipement assez aéré !
Quoi qu’il en soit, « walking on the moune » offre de la belle escalade en dalle, traversée soutenue et homogène dans le 6a du début à la fin de L2, fissure à Dülfer, dalle et… écaille au menu plus varié de L3, avec au final 4 grandes longueurs soutenues dans le 6a ou un peu plus. Une voie à recommander donc pour les fans de dalle et fadas qui accepteront contre toute logique de tirer et pousser sur l’écaille décollée de L3 !
Balades dans le Latium, région d‘Italie centrale aux restrictions actuellement les plus légères, et plus particulièrement dans son extrémité orientale, aux confins des régions voisines l’Ombrie, des Marches et des Abruzzes.
On y trouve par exemple le lac (artificiel) de Turano entouré de beaux villages perchés et de montagnes douces ou le massif plus alpins des monts de la Laga, au-dessus du village d’Amatrice encore en grande partie en ruines après le séisme qui l’a ravagé en août 2016. Une tentative sur le mont Gorzano, le point culminant du massif à près de 2500 mètres, par son arête ouest au-dessus du village de Capricchia, sera vite avortée sur un sentier peu marqué recouvert de 10 à 20 cm de neige, puis des rochers glacés, des conditions bien trop hivernales en baskets d’été, l’erreur ayant été de transposer les conditions des sèches Alpes aux Apennins bien plus enneigés quelques centaines de kilomètres au sud-est !
le lac de Turano dominé par ses villages perchés
Castel di Tora au-dessus du lac de Turano
Rocca Sinibalda
Rieti au crépuscule devant la montagne de Terminillo
sur le versant ouest du Gorzano à 1850 m, au demi-tour en baskets sur les rochers glacés
Sur le vol de Nice à Rome - le seul qui dessert encore l’Italie depuis le sud de la France - belles vues dominantes (!) sur les littoraux et montagnes maralpin.e.s puis corses, les secondes étant beaucoup plus enneigées que les premières !
Nice, cap Ferrat et le Mercantour (on distingue l'Argentera et le Gelas)
la Corse : Calvi, Scandola et Piana puis le versant nord du Cintu
Bientôt dans SkiRando magazine (numéro 44 à paraître mi-mars 2021) un article sur les raids à skis de la haute vallée du Valgaudemar, "la plus himalayenne" des vallées alpines où l'on peut skier de refuge en refuge sur des itinéraires magnifiques mais souvent alpins et engagés. Seront introduit, décrits, illustrés et traçés sur carte numérique les tours des Rouies, du Says, du Jocelme, du Sirac et de l'Aiguille de Morges.
Petit retour en images sur ce second confinement automnat et les sorties d'écrou dans la nature proche en guise de cour de promenade : après les asperges et les risottos du premier confinement, place aux arbouses et aux confitures, et pour justifier ces excès caloriques, du trail, du VTT, de la baignade, plongée apnée, de l'escalade...
histoire sans mots
les bandes colorées de marnes à Méjean
le Portallet : l'Aiguille d'Ensuès et le système de grottes du site de couennes éponyme
barbecue, baignade et plongée en jour férié d'été indien...
balade en VTT puis à pieds vers le Moulon via le fort de Niolon Haut et le sentier des douaniers
dans la voie "les toits" partiellement équipée au vallon des aiguilles, fin de L1 spéléo et la très belle et atypique L2 en fissure large
dans la voie "les toits 1970" au vallon des aiguilles, fin de L1 en dalle et la jolie L2 en traversée au-dessus du toit caractéristique
approche de Rumpe Cuou par les crêtes de Sormiou parmi les tapis de bruyères en fleurs, plus esthétique et peut-être plus court que par le fond de la calanque éponyme
dans la voie du "paradigme perdu" (à mon sens 5c+/5b+/5c) et son magnifique dièdre suspendu de L2
approche de "Fahrenheit 373" devant les plissements du secteur tout juste parcouru
L1 de "Fahrenheit 373" : la belle dalle lisse caractéristique du secteur, lumières vers le Riou
L2 de "Fahrenheit 373" : une superbe longueur rarement variée en dièdre, dalle, traversée, dévers à bacs (cachés), sur un rocher non-moins superbe
éclairage vespéral sur les bruyères des crêtes de Sormiou
couennes au site des grottes du Portallet : "t'as pété un goujon", "la vie est belle" et "affreusement vôtre"
Bientôt dans SkiRando magazine (numéro de février-mars 2021) une sélection toute personnelle de couloirs méconnus voire inconnus des Alpes du Sud, choisis pour leur beauté mais aussi accessibilité :
Sur la route retour du Haut-Verdon escale vers le col de Corobin au-dessus du domaine de la Clappe, avec une randonnée dans le ravin des Vas. C’est une courte mais très jolie balade à travers la géologie toujours insolite de la réserve de Haute-Provence : robines noires ponctuées des taches vertes des pins alpinistes, mille-feuilles de calcaire et d’argile, glissements de terrains, puzzles naturels des marnes, de quoi marquer en beauté la fin de cet intermède trop court de liberté et de nature…
sur les robines des Reichasses, lignes de crêtes et puzzles de marnes
Itinéraire :
J1 : la Coueste – pré de Thorame – plan du Rieu – ravin du Serre – Baisse du Détroit – lacs de Lignin – le Grand Coyer par l’arête sud-est – lacs de Lignin
Dénivelée : 1500 m (1500-2100-2000-2450-2250-2700-2300)
J2 : lacs de Lignin – Puy du Pas Roubinous – arêtes sud de la Cougnasse - Baisse du Détroit - ravin du Serre – Plan du Rieu – Courradour – les Fontenelles – Peyresq - la Coueste
Dénivelée : 700 m (2300-2250-2400-2500-2250-2450-2000-2100-2050-2150-1500-1550-1500)
Excursion de 2 jours sur la montagne du Grand Coyer, massif du Grand Coyer devrais-je dire vu l’étendue de cette zone sauvage s’il en est. Avec ce reconfinement, cette mise sous cloche de la nature où les sorties de prison se limitent à une heure journalière dans une cour de promenade d’un kilomètre-carré, on avait besoin de prendre un gros bol de globules rouges et de liberté, et donc plus envie de randonner en moyenne montagne en pleine explosion de couleurs automnale que de suivre des spits sur du rocher monochrome.
On bivouaquera donc au bord des lacs de Lignin devant la cabane éponyme, avec eau courante à disposition, refuge d’hiver ouvert, bref l’hôtel aux 1000 étoiles préféré des randonneurs amateurs de wilderness. L’immense haut-plateau du Lignin prend des allures de steppe mongole, nos tentes remplaçant les yourtes des nomades et les chamois les chameaux de Bactriane. N’en déplaise à nos matons, on savoure ici le retour au monde des amish, sans 5G ou même réseau téléphonique, sans gendarmes si ce n’est ceux de calcaire, sans laissez-passer si ce n’est la carte IGN ! On ira divaguer sur les crêtes de la Cougnasse et ses empilements d’assiettes de calcaire déliquescent, avant de basculer vers l’ouest pour profiter du crépuscule sur le Courradour puis de revenir au non moins ravissant hameau de Peyresq.
Il faudra revenir dans ce massif emblématique de la moyenne montagne sauvage, et de préférence en VTT puisque l’immense majorité des sentiers sont juste de parfaits monotraces sur tapis d’alpages ou d’aiguilles de mélèzes !
J1 : dans le mélézin du Courradour, monochromie forestière
J1 : au Plan du Rieu
J1 : ambiance steppe mongole sur le haut-plateau des lacs de Lignin et leur calcaire qui s'effrite
J1 : polychromie crépusculaire au sommet du Grand Coyer, du lever de lune sur le Mercantour aux sommets du Dévoluy
J2 : les lacs de Lignin, nature narcissique et géomètre
J2 : du Puy du Pas Roubinous aux arêtes de la Cougnasse
J2 : vue vers les aiguilles de Pélens
J2 : dernière floraison
J2 : sous la Baisse du Détroit, vues vers les lignes de crêtes à l'ouest
Combinaison de voies : « la dérobée » (L1 et L2), « le rasoir » (L3 et L4) puis sortie par la dernière longueur de « pour une poignée de gros lards »
5 longueurs, équipé, 6a+ max
A mon sens 5a/6a+ (soutenu)/5b+/5c+/marche/6a+ (1 pas exposé au-dessus de la vire par la sortie de gauche)
Sur la route du Grand Coyer, au départ du couloir Samson, escalade d’une voie classique du Verdon, ou plutôt d’une combinaison de voies au-dessus des premiers tunnels du sentier Martel. La dérobée, le rasoir puis « pour une poignée de gros lards » donnent au final une voie homogène dans le 6a/6a+ avec des parties plus faciles dans L1 et L3. On retient surtout le long dièdre-fissure de L2, soutenu dans le 6a et où la patine contribue à la difficulté, la magnifique L4 en mur découpé en lames de calcaire gris et L5. Cette dernière longueur de « et pour une poignée de gros lard » (à droite de la baume puis à gauche sur la vire) part d’une baume sur une dalle crépie de calcaire en chou-fleur puis plus lisse après un pas en écart, et rejoint une vire, avant un dernier ressaut d’abord déversant sur bacs (exposé sous le premier point) puis en cannelures, bref une très belle longueur variée typée Verdon en équipement espacé, sous les nuées de vautours et au-dessus du lit de la rivière décoré des feuillus en incendie automnale.
C’est au final une jolie voie dans l’un des plus beaux cadres du Verdon - le défilé du couloir Samson - magnifié par les couleurs d’automne, et, chose inhabituelle dans le Verdon, une approche et un retour qui peuvent se faire à pieds sans rappels. Une fois sortis de la voie, on rentrera en effet par les crêtes du point coté 871 puis des sentes peu ou pas marquées en terrain raide dans la jungle de buis jusqu’au Saut du Bau, au crépuscule puis de nuit, de quoi jouer aux sangliers après en avoir terminé des « gros lards » !
rencontre sur le sentier Martel
couleurs de caillou et de feuillus vers le couloir Samson
L1
à la fin du dièdre/fissure soutenu de L2
L3
au départ de la très belle L4
couleurs automnales du Verdon
la belle L5, départ en dalle à calcaire concrétionné, sortie en cannelures